Une conversation avec David Wilkerson
Auteur: David Porter
David Wilkerson a trouvé la mort dans un accident de voiture au Texas en 2011. Lors d’une conférence pour leaders qui avait lieu à Sarcelles en France quelques années avant cela, nous avons eu l’occasion de lui poser quelques questions. Ses réponses sont toujours pertinentes aujourd’hui.
Pour ceux qui ont grandi après le livre de David Wilkerson, La Croix et le poignard, il sera toujours le jeune évangéliste plein de feu, défiant Nicky Cruz avec l’amour de Dieu, dans les rues de New York.
Plus de 50 millions exemplaires de ce livre en 40 langues différentes, racontent le début de son travail parmi les gangs de New York. Global Teen Challenge compte plus de 1 400 centres affiliés dans plus de 125 pays du monde.
D’autres imaginent Wilkerson comme le prophète puissant, appelant le monde à la repentance dans son livre, La Vision, et d’autres œuvres qui parlaient aussi des événements à venir.
C’est pourquoi vous êtes surpris de trouver que le jeune évangéliste et le prophète courageux sont devenus un père dans l’Eglise. Les traits angulaires demeurent mais les cheveux sont grisonnants.
Sa confiance dans le message de Christ n’a pas vacillé. « C’est la même réponse : Jésus, pour l’homosexualité, la drogue, ou les gangs … (Teen Challenge) a 50 ans maintenant. C’est toujours le même. Jésus a la puissance de briser chaque dépendance…Les problèmes sont nouveaux mais rien ne change. Le message est le même depuis 2000 ans. L’important est plus que jamais la proclamation simple de l’évangile ».
Ministère prophétique
Malgré son identification avec Teen Challenge, Wilkerson est mieux connu parmi beaucoup d’évangéliques pour ses prophéties. Mais il insiste : « Je ne suis pas prophète. Je ne revendique pas d’être prophète. Je suis une sentinelle parmi d’autres. »
Il ne réclame pas l’infaillibilité de ses prophéties non plus. « Si tout ce que j’avais prophétisé s’était accompli, je serais Dieu. J’ai tendance à entendre la voix du Seigneur, et je date chaque pensée. L’erreur c’est parfois la date ! »
Mais il reste toujours vrai que beaucoup de ses prophéties se sont accomplies.
« Tout ce que je prophétise est basé sur l’écriture … Voilà ce que Dieu a fait dans l’Ancien Testament, il ne change pas. La leçon de Sodome et Gomorrhe reste un avertissement de ce que Dieu fera aux générations qui pèchent ainsi. »
Sa vision du futur est à la fois pessimiste et optimiste. « L’évangile Américain dont on fait la promotion autour du monde est la prospérité. Dieu nous avait avertis de l’attaque de nos tours jumelles et du Pentagone— deux symboles, celui de notre puissance et de notre orgueil… Il a frappé ces deux tours pour nous avertir. Et nous n’avons pas entendu le message.
« Je préviens depuis deux ans qu’il y aura une dépression dans le domaine du logement. (nda—cette interview a été fait juste avant la récession de 2007) La parole prophétique maintenant … les gens n’écoutent pas jusqu’à ce que leur porte-monnaie soit touché ; cela va toucher toute l’Europe et fortement la France, cette crise économique entraînera beaucoup de douleurs. … »
Mais malgré ce message un peu effrayant, il y a de l’espoir pour le réveil. « Nous vivons le moment qui va créer un terrain favorable … Le grand réveil qui a visité l’Amérique (en Automne de 1857) est venu le jour où la Bourse s’est effondrée—le réveil de prière. Du chaos sortira un chant mondial, un chant de rédemption, a dit le prophète Esaie.
« Alors, en quelque sorte, c’est ainsi que viendra le réveil. Chaos. Tous les évangiles de la prospérité vont faire faillite. Leurs membres demanderont des réponses quand ils commenceront à perdre leurs maisons. »
Mais il affirme : « Ce n’est pas le moment d’avoir peur. »
Comment réussir votre vie chrétienne
Bien qu’il soit puissamment utilisé par Dieu, Wilkerson n’est pas épargné par la douleur. Des temps difficiles ont permis de façonner son ministère et de le rendre même encore plus efficace.
« Plus vous êtes dans le feu, plus le fer est trempé. Le Seigneur « trempe » ses serviteurs » dit-il. « Je crois que vous allez dans un des deux sens–soit vous vous endurcissez, soit vous adoucissez. Plus j’avançais dans la vie, plus je suis devenu conscient de la grâce dont j’avais besoin et de la patience de Dieu envers moi.
« Mon épouse a eu 26 opérations—cinq pour le cancer—et je commençais à voir la grâce dont nous avions besoin et comment Dieu est miséricordieux. Mes deux filles ont un cancer et ma fille de 11 ans est morte d’une tumeur au cerveau. »
Dans sa vie ce processus d’être trempé est venu en partie : « Au travers de la souffrance et par la révélation du cœur de Dieu … » la vie victorieuse
En parlant de sa prédication de la soirée précédente il dit : « Il faut beaucoup d’entraînement pour mettre en pratique ce que je prêche parce qu’à certains moments je dis que ‘je crois que Dieu m’aime et qu’il fait de moi ses délices’ et dès que je trébuche je dis ‘comment cela se fait-il ? Comment allons-nous rattraper celui-ci ?’ Ou bien, ‘Seigneur, ai-je traversé la ligne cette fois-ci ? M’enlèveras-tu le Saint Esprit ?’ Nous passons tous par ces moments.
« Aussi longtemps que vous vivrez, la lutte avec la chair sera présente. La chair est chair … Cela ne change pas. Pour cela il faut faire confiance à Dieu en tout et dire : ‘Seigneur … tout ce que je peux Te donner c’est ma foi.’ C’est alors que Dieu répond : ‘C’est cela que je désire. Arrête toutes tes luttes et marche par la foi jusqu’à ce que la victoire vienne.’ »
Une des marques du ministère de David Wilkerson est son honnêteté. Il n’a pas toujours eu une telle vision de la grâce. « J’ai écrit entre 35 et 40 livres et il y en a probablement deux d’entre eux que j’aimerais retirer et détruire. Il y en a quelques-uns que je ne peux pas vivre, moi, puisque le Seigneur m’a enseigné des choses depuis. Il y a des vieux sermons que je déchire afin qu’ils ne soient jamais publiés après ma mort. »
Alors, à quoi ressemble cette personne qui marche véritablement avec Dieu ?
« Tout cela se résume dans un seul mot—la charité »
Wilkerson répond. « Cela commence dans notre foyer. Il a dit que si je vendais tous mes biens pour donner aux pauvres et si j’offrais mon corps comme martyr … et si on peut facilement me provoquer, et si j’avais de la jalousie et de l’amertume, mais si je n’ai pas l’amour tout cela est chose vaine.
« Quand bien même je vendrais tous mes biens et me rendrais dans des taudis au Kenya pour y vivre dans une hutte si je n’ai pas les caractéristiques de charité de Gal 5 :22 alors je n’ai rien. Le talent, l’éducation ne remplacent pas un cœur charitable. »
Il croit que c’est surtout dans le mariage que l’on voit le résultat de cette sorte de vie. « C’est ma femme qui pourra vous dire si je grandis en Christ. Si après 56 ans de mariage elle ne peut pas vous dire que nous nous aimons plus maintenant que quand nous avons commencé, alors mon ministère a été vain. »
Mais comment continuer la croissance spirituelle ?
« En abandonnant vos droits. Je n’ai pas le besoin d’avoir raison. Nous avons cédé nos droits en ce qui concerne notre relation l’un à l’autre. Ce besoin d’avoir raison, nous l’avons abandonné et cela a résolu nos différents. » affirme-t-il avec un sourire.
« Puis nous sommes devenus serviteurs l’un de l’autre, ainsi que de nos enfants. J’ai cinq enfants et dix petits-enfants. Mes enfants, tous les quatre, sont dans le ministère. »
Wilkerson raconte l’histoire d’un prédicateur bien connu qui avait un ministère de guérison. La femme d’un pasteur était assise près de la femme de celui-ci. L’évangéliste était un héros et considéré comme un grand homme.
La femme lui demanda : « Comment vit-on avec un si grand homme ? » La réponse fut : « Je ne sais pas, ce n’est pas cet homme-là qui rentre à la maison et avec qui je vis. »
« Je crois que le jugement commence à la maison » Wilkerson conclut. « Si je ne suis pas charitable, cela se verra. » une parole pour la France
Espoir pour la France
Le pasteur vétéran a des raisons d’espérer pour la France. « La France est devenue très séculière, probablement autant que n’importe quel pays Européen. Mais je suis encouragé. C’est mon quatrième voyage en France et je suis encouragé de voir de nombreux jeunes pasteurs remplis d’espoir, de confiance, de foi et de zèle pour Dieu. Je suis plus encouragé qu’il y a 30 ans. »
Il se montre enthousiaste en parlant de la jeune génération dans le pays de Molière. « …il y a beaucoup de jeunes ouvriers et ils sont motivés. Ils sont plus en relation les uns aux autres par le biais d’Internet. Il y a beaucoup plus d’œuvres d’évangélisation et je ne ressens pas la compétition que j’ai pu connaître à mon époque. Ils n’ont pas peur. Je crois qu’il y a plus de foi qu’auparavant. Alors, je suis encouragé. Je crois qu’il y a un bon futur pour l’Eglise en France. »
Finalement, que pourriez-vous dire aux chrétiens Français ?
Il a fermé les yeux et a réfléchi avant de déclarer : « …garder la foi que l’Eglise de Jésus Christ va gagner. Aucune fausse religion ne dominera et ne ravira les promesses de Dieu. L’Eglise de Jésus Christ prévaudra dans les derniers jours.
« Aucune autre religion … l’Islam ne s’emparera pas du monde. Gardez la foi, Dieu nous protégera. Dieu aime l’Eglise. Dieu aime son peuple. Il savait que tout cela allait arriver. Plus les temps seront difficiles, plus le corps de Christ se rapprochera, les chrétiens seront noués les uns aux autres. Je crois qu’il y aura un temps merveilleux quand nous serons liés, les barrières entre les dénominations disparaîtront, et tous ceux qui connaissent Christ seront attirés ensemble.
« Je ne vois que de l’espoir absolu—pas de désespoir. »