Nos ennemis
Nous choisissons nos amis, mais nos ennemis nous choisissent. On a tous des ennemis. Personne n’y échappe. Un journaliste interviewait un vieil homme le jour de son 100e anniversaire. “De quoi êtes-vous le plus fier?” lui a-t-il demandé. “Eh bien, a répondu le vieil homme, je n’ai aucun ennemi au monde.” “Quelle belle pensée! Quelle source d’inspiration!” s’est exclamé le journaliste. “Oui, a ajouté le centenaire, j’ai survécu à tous.” C’est quoi un ennemi? C’est quelqu’un qui veut nous faire du mal ou qui dira des choses sur nous pour ruiner notre crédibilité ou remettre en question notre intégrité. Il se réjouit de nos erreurs, de nos échecs et de notre manque de succès. Il ne prie pas pour que Dieu nous bénisse ou nous prospère, mais pour que Dieu nous abaisse. Un ennemi, c’est quelqu’un qui nous déteste, même s’il ne l’admettra jamais. Un ennemi, c’est aussi quelqu’un qui essaie de profiter injustement de nous; il “nous traite avec mépris,” comme Jésus l’a enseigné dans Matthieu 5:44. S’il sait que nous remettons la vengeance entre les mains de Dieu plutôt que dans les nôtres, au lieu de respecter ça, il en profitera d’autant plus, sachant que nous ne riposterons pas. En plus, s’ils sont chrétiens, ils peuvent se tromper en pensant qu’ils le font pour Dieu et pour sa gloire! Jean 16:2: “Ils vous excluront des synagogues; et même l’heure vient où quiconque vous tuera croira rendre un culte à Dieu.” Nos ennemis n’utilisent pas d’épée ou d’arme pour nous tuer, ils utilisent leur langue ou leur plume. Parfois, quelqu’un est notre ennemi simplement parce qu’il ne nous aime pas. Un conflit célèbre dans l’histoire est celui qui a opposé Winston Churchill et Lady Astor en Angleterre. Tout le monde sait qu’ils se détestaient. En fait, ils se haïssaient. Un jour, Lady Astor a dit à Churchill: “Si j’étais votre femme, je mettrais du poison dans votre café.” Churchill a répondu: “Lady Astor, si vous étiez ma femme, je le boirais.” Que fais-tu quand tes ennemis te font du mal? Il ne faut pas le prendre personnellement. Les gens qui font du mal aux autres souffrent eux-mêmes. Réalise qu’au fond, ce n’est pas toi qu’ils blessent, mais leur propre vie. Il ne faut pas combattre un dragon en devenant un dragon. On nous demande de nous élever au-dessus des tourments émotionnels que les autres créent. On nous exhorte à être gentils et doux dans nos réponses. On ne doit pas laisser les chaînes des autres devenir les nôtres en choisissant à qui et quand on donne accès à nos pensées et à nos émotions. Henri Nouwen écrit: « Le pont-levis est le seul accès à l’intérieur du château. Le seigneur du château doit avoir le pouvoir de décider quand lever le pont et quand le baisser. Sans ce pouvoir, il peut devenir la victime d’ennemis, d’étrangers et de vagabonds. Il ne se sentira jamais en paix dans son propre château. Il est important que tu contrôles ton propre pont-levis. Il doit y avoir des moments où tu gardes ton pont levé et où tu as la possibilité d’être seul ou seulement avec ceux dont tu te sens proche. Ne te laisse jamais devenir un bien public, où n’importe qui peut entrer à sa guise. Tu penses peut-être que tu fais preuve de générosité en laissant entrer ou sortir qui veut, mais tu te rendras vite compte que tu perds ton âme. Lorsque tu revendiqueras le pouvoir sur ton pont-levis, tu découvriras une nouvelle joie et une nouvelle paix dans ton cœur et tu seras capable de partager cette joie et cette paix avec les autres.” On doit aimer nos ennemis, en paroles et en actes, comme Jésus l’a enseigné dans Luc 6:27. A-t-on déjà pensé au fait que Dieu ne considère personne comme son ennemi? Dieu nous aime tous de la même manière. Son amour ne dépend pas de ce qu’on fait ou ne fait pas. Il ne nous aimera jamais plus ou moins qu’il ne nous aime en ce moment. Dieu est amour. Quand on aime les gens avec l’amour de Dieu, on ne fait plus de grande distinction entre ceux qu’on va aimer et ceux qu’on n’aime pas. Quelqu’un a écrit un jour: “On sait qu’on a créé Dieu à notre image quand on croit que Dieu déteste les mêmes personnes qu’on déteste.” Dieu aime chaque être humain de la même manière et avec la même intensité. On doit pardonner. Il est écrit: « Pardonne toujours à tes ennemis, rien ne les agace autant.” Quand on pardonne totalement à notre ennemi, on passe dans le domaine du surnaturel. Le pardon est un acte unique, mais c’est aussi un processus. Chaque fois que ces sentiments de colère et de rancune remontent, on doit pardonner encore et encore. Pardonner, ce n’est pas dire que ça ne nous a pas blessés. Pardonner, c’est donner notre blessure à Dieu et le laisser régler les comptes. On laisse notre blessure nous rapprocher de Dieu. Francis Frangipane a écrit: “Même si je détestais que les gens me calomnient, c’est précisément ce que Dieu a utilisé pour me rapprocher de son cœur.” Accorder notre grâce à nos ennemis ne les rend pas justes, cela nous libère.