Chants de la caverne
Ce serait chouette d’être un homme des cavernes, ne crois-tu pas ?
(Peut-être que les dames ne seraient pas trop d’accord).
Mais réfléchis un moment. Tu aurais un nom vraiment masculin et viril – quelque chose comme » Ugh ! » ou » Arrr ! » Tu n’aurais pas à te casser la tête en allant toujours chez le coiffeur. Tu vivrais au naturel. Tu te baignerais quand il pleut pour noyer les puces.
Et les vêtements ! Tu ferais tourner les têtes dans ton costume de peau de machairodus. Ouaoh ! À moins que tu ne sois pas trop bon chasseur. Dans ce cas, tu aurais servi de casse-croûte à ce grand tigre. C’est la loi de la jungle, tu sais.
Et j’imagine que toutes les femmes des caverne seraient assez dociles, toujours d’accord avec leur mari. (Souviens-toi, c’est imaginaire, cette histoire). Elle rôtiraient ses côtelettes d’éléphant préhistorique sur un feu ouvert, et balaieraient un peu la caverne avec un bambin sur le dos, un autre sur un bras, et deux autres dans les jambes.
Dans la pièce, cinq ou six autres enfants d’âges variés crieraient comme les sauvages qu’ils seraient, mais cela ne l’embêterait pas. C’est normal dans les cavernes, je suppose.
Mais je dois avouer qu’une chose me poserait des problèmes. C’est cette histoire de caverne. Demeurer dans un trou n’est pas mon truc. Qui sait ce qui vit déjà dedans ? Là, habitent des choses qui rampent, qui piquent ou des grandes bêtes qui n’aiment pas trop des invités qui ne sont pas invités.
Et si tu tues et chasses tous les occupants, ça reste quand même une caverne–pas de chauffage central, les toilettes sont on ne sait où. Tu dors par terre et chaque fois que tu te retournes, tu roules sur un caillou. Et si les anciens occupants décident de reprendre les lieux durant la nuit, tu risques un peu d’animation à 3 heures du matin !
J’ai lu cette semaine un psaume (le 142), concernant un homme qui habitait une caverne. Son nom n’était pas Ugh, mais David. Il était poursuivi. Ses ennemis ne voulaient pas seulement le piquer ou le griffer. Ils voulaient le tuer. Ils désiraient faire de lui un chiche-kebab avec leurs épées.
J’aime l’honnêteté dans ce psaume. Nous croyons souvent que la foi est manifestée par une sorte de » John Wayne chrétien « , un vrai dur à cuire, qui ne semble pas avoir de sentiments ; qui fait face à la mort avec un courage intérieur vainqueur de tous ses ennemis.
Il n’y a peut-être personne qui ait jamais accusé le roi David de manquer de courage – sauf David lui-même. Lui, par le Saint Esprit, nous fait part de ce qu’il ressentait dans ces moments horribles dans la caverne. Moi, j’en suis tellement content parce qu’il me fait penser au David qui écrit cette meditation.
Nous voyons un homme de courage – assailli par la crainte (142 : 4) ; délaissé (v. 5), chassé et découragé (v. 7). Il n’était pas une machine, alors les émotions, positives et négatives faisaient partie de sa vie. Cet homme fort peut même admettre » ils sont trop forts pour moi » (v. 7).
Malgré ses émotions, il a surmonté les épreuves et il est resté courageux, même quand il était en proie à la peur. Comment ?
Il a crié vers le Seigneur (142 : 1). « ..… j’implore à grands cris le Seigneur » (tous les versets cités viennent de la version français courant). Peut-être le premier pas de victoire serait de nous mettre à part, d’ouvrir la bouche et de crier « Au secours, Seigneur ! »
Normalement nous sommes trop cools pour ça, mais David l’a fait. Et ça a marché ! Quelque part, je crois que le son de notre voix a une place dans la prière. Nous pouvons prier silencieusement ou tout bas. Mais il arrive des situations qui demandent un appel au secours retentissant. Notre bouche est le porte-parole de notre coeur. Puis David a décrit le problème au Seigneur. La description de la situation déborde de son coeur après ses appels au secours. (v. 2, 3, 7, 8).
Mais ce n’est pas seulement sa plainte qu’il exprime. Il y ajoute sa foi. « ..… tu sais où je vais « (v. 4). « C’est toi qui es mon abri, mon bien le plus personnel sur cette terre où nous vivons » (v. 6).
Il exprime son assurance que Dieu agira pour lui (v. 8). Il voit déjà dans son esprit comment sera la délivrance : « ..… pour que je puisse te louer au milieu du cercle des fidèles, quand tu m’auras fait du bien. »
Nous imaginons vingt fois dans une journée la catastrophe qui pourrait nous arriver suite à notre problème. Ce serait bien si nous avions un peu de cette imagination de l’Esprit de foi pour voir comment ça sera, quand le Seigneur exaucera notre prière.
Non, les cavernes ne sont pas pour moi. Mais quand je m’y retrouve malgré moi, je sais ce qu’il faut faire. Je crie ; je Lui fais part de mes problèmes ; j’exprime ma foi en Lui.
Puis Il passe à l’acte. Les » tigres » qui attaquent cet » homme des cavernes » n’ont pas la moindre chance devant le Seigneur.