La petite soeur qui ne se démontait pas

Mathieu Thomann

Tourner la page, repartir à zéro, sur de nouvelles bases plus solides et plus saines, c’est ce que j’ai pu expérimenté en 2003, étant alors en pleine rupture avec ma famille, le monde scolaire et les institutions de mon pays.

A cette époque, une de mes sœurs, Rachel, m’encourageait à m’en sortir, à quitter le milieu de la délinquance et de la toxicomanie, mon quotidien depuis plusieurs années. Sa solution ? Faire appel à Jésus. Ce nom, je n’en voulais clairement pas. Je me définissais fièrement comme sans Dieu ni foi ni loi. Je n’en voyais ni l’utilité, ni le besoin.

Tout en respectant les personnes qui « ont la foi »–culture et éducation réunionnaise obligent–pour moi les chrétiens et les croyants en général étaient des gens qui ont besoin d’une béquille pour s’en sortir dans la vie, des « faibles ».

L’inscription surprise

Courant Octobre 2003, Rachel m’annonce avec un grand sourire qu’elle et ma mère m’ont inscrit à un rassemblement de jeunes chrétiens, le temps d’un week-end appelé « Espérance & Vie » à Saint-Pierre (Île de la Réunion).

J’étais tellement énervé… Mais j’ai dû accepter parce que ma mère, divorcée et à la charge de 6 enfants, cumulait deux boulots pour nous faire vivre et cet effort financier de sa part, je me devais de le respecter. J’ai tout de même mis un point d’honneur à leur faire comprendre que je n’étais vraiment pas motivé à participer à cet événement.

Loin de se démonter, ma petite sœur a même réussi à me convaincre de participer à une réunion publique qui se déroulait en plein air la veille du rassemblement jeunesse. Ce soir-là, sous l’effet de la drogue, je n’ai pas tout saisi de ce qui avait été dit mais j’ai été irrésistiblement attiré par cet appel lancé à la foule : « à tous ceux qui désirent repartir à zéro, être libre de la drogue, l’alcool, Jésus peut faire quelque chose pour vous, approchez-vous afin que nous prions pour vous et avec vous. »

C’est ce que j’ai fait après beaucoup d’hésitation, ne voulant pas être reconnu par mes compagnons de la rue. Quelqu’un a prié pour moi. Un miracle a eu lieu ! Pour la première fois depuis des années, je suis rentré à la maison sans passer par la case boîte de nuit, drogue et alcool.

Le miracle continue

Le lendemain, le miracle a continué : j’étais à jeun ! Ce matin-là, avec de plus de 300 jeunes, Greg Beggs, un missionnaire américain invité pour l’occasion, nous parlait de ce qui a motivé l’apôtre Paul à suivre Jésus. Suite à son intervention, un temps de prière nous était proposé.

Interpelé, je réalisais que Jésus était présent, je réalisais qu’il existait vraiment. Là, à ma place, je réalisais qu’il y avait un fossé entre la vie et l’éternité que me propose Dieu et ma vie actuelle. Pour la première fois depuis des années, j’ai parlé à Jésus. Je lui ai demandé de me pardonner mon indifférence à son égard, ma vie de drogué, mon égoïsme… Je lui ai demandé de venir briser mon cœur endurci, de sauver, de changer le cours de mon existence.

Il l’a fait.

J’ai été comme soulagé, libéré d’un fardeau intérieur. Plusieurs semaines après cette rencontre spirituelle avec Jésus-Christ, ma mère me faisait remarquer que je n’étais plus sous l’effet de drogue depuis un bon moment. Dans la même période, étant alors en pleine redécouverte de la Bible, j’ai lu un passage qui dit que celui qui est en Christ est une nouvelle création, les choses anciennes sont passées, tout est nouveau. C’est exactement ce qui était en train de se passer dans mon quotidien.

Une nouvelle vie

Être libéré instantanément de la drogue, de l’alcool et de la délinquance, cela peut sembler incroyable, miraculeux, puissant même. J’ai été comme « immergé » par la présence de Dieu jusqu’à parler une langue que je ne connaissais pas seulement 5 minutes après ma conversion.

On peut se dire : « waouh, puissant ! » Mais en réalité, mon témoignage, ma délivrance, « être rempli de l’Esprit » ne sont que la partie visible de l’iceberg. Ma conversion est en réalité le résultat de la consécration et l’obéissance de plusieurs disciples qui ont été les maillons d’une chaine pour me conduire à devenir moi aussi un disciple de Jésus.

Ma conversion est le fruit du courage d’une fille de 17 ans qui n’a pas eu peur de me parler de Jésus alors que je me moquais d’elle. Mon retour à Jésus est aussi dû à la consécration de disciples qui chaque mercredi prenait le temps de me parler de Jésus quand je n’étais encore qu’un enfant. Leur amour, ces moments passés avec eux, le Saint-Esprit, le jour de ma conversion me les a rappelés.

Ma conversion est aussi le fruit d’années de prière de ma grand-mère, ma mère et bien d’autres disciples qui se rassemblaient fidèlement chaque samedi matin de 6h00 à 7h00 pour prier pour des jeunes perdus, drogués.

Cette rencontre avec le Christ a aussi été rendue possible grâce à un chrétien qui avec d’autres ont témoigné à un homme, Henri Picavet, en lui offrant une Bible. Ce dernier est devenu pasteur et a fait partie de ceux qui encouragèrent un certain Aimé Cizeron à aller annoncer le plein Évangile sur l’Île de la Réunion.

Une Église est née, elle s’est développée et 40 plus tard, j’ai moi-même pu participer à une des rencontres qu’elle proposait. Cette rencontre m’a offerte l’opportunité d’un rendez-vous divin durant lequel Jésus m’a sauvé et libéré.

Après 3 ans de formation au Continental Theological Seminary de Bruxelles et 6 années passées à Strasbourg, je sers aujourd’hui Dieu en famille au sein de l’église CEP Auxerre. C’est dans cette église locale que j’ai rencontré Eli Martichon, un des disciples qui témoigna à Mr Picavet. Finalement, je suis aussi au bénéfice de sa foi et de son courage à parler de Jésus !

Voilà pourquoi j’aime l’Église que Jésus bâtit. Bien qu’encore imparfaite, c’est au travers des disciples qui la composent que Dieu m’a offert un nouveau départ en Jésus-Christ.

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