Le pardon unilatéral

Il y a une histoire vraie d’une mère dont le fils ado a été tué par un conducteur bourré. On lui a demandé si elle avait pardonné à ce type. Elle a répondu: « Oui. » Quand on lui a demandé pourquoi, vu que le gars ne s’était jamais excusé, elle a répondu: “Je lui ai pardonné parce que mon fils méritait une mère qui ne soit pas prisonnière de la haine.” Il a été écrit: “Si on passe notre temps à espérer que quelqu’un subisse les conséquences de ce qu’il a fait à notre cœur, alors on lui permet de nous blesser une deuxième fois dans notre esprit.” La meilleure revanche qu’on puisse prendre sur quelqu’un qui nous a fait du mal, c’est de lui pardonner. Souvent, on pense, voire on dit, qu’on pardonnera à quelqu’un s’il vient nous voir à genoux, en pleurant pour se repentir de la douleur qu’il a causée et en suppliant qu’on lui pardonne. Si on pense ça, on va attendre longtemps! Neuf fois sur dix, la personne qui nous a fait du mal ne pense pas avoir fait quoi que ce soit de mal. Elle continue à vivre sa vie, sans se soucier de la blessure que nous ressentons au plus profond de notre cœur. Pierre a coupé l’oreille d’un des hommes qui tentaient d’arrêter Jésus dans le jardin. Jésus a réprimandé Pierre, a touché l’oreille de l’homme et l’a guéri. Si l’homme avait attendu les excuses de Pierre, il serait mort d’hémorragie. On ne peut pas s’attendre à ce que la personne qui nous a blessés nous guérisse. Attendre des excuses, c’est laisser l’autre contrôler notre paix. Dieu nous appelle à prendre l’initiative de pardonner sans attendre que l’autre vienne demander pardon. C’est ce qu’on appelle le « pardon unilatéral », un pardon qui vient de celui qui pardonne. C’est un pardon qui n’attend pas la confession et les excuses de celui qui a fait du mal. C’est un pardon à sens unique, dans la mesure où l’autre personne ne le demande pas et ne se rend même pas compte qu’elle en a besoin. Le pardon unilatéral, ça veut pas dire faire comme si rien s’était passé, ou qu’on doit tout de suite lui faire à nouveau confiance, ou qu’on excuse son offense, ou qu’on se réconcilie automatiquement avec lui. Ça veut dire qu’on se rend compte du poids de l’amertume, qu’on confie l’offense à Dieu, qu’on arrête de laisser l’offenseur contrôler nos émotions et qu’on choisit la liberté même s’il choisit de rester dans son péché. L’exemple le plus fort de pardon unilatéral, c’est quand Jésus était sur la croix et qu’il a dit dans Luc 23:34: “Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font.” Jésus a pardonné de manière unilatérale malgré le fait qu’il n’y ait eu aucune excuse, aucun repentir, aucun signe qu’ils se souciaient ou savaient même qu’ils vivaient dans le péché contre Dieu. Ou prenons l’exemple d’Étienne, qui a été lapidé par ceux qui l’entouraient à cause de sa foi en Jésus. Alors que les membres du Sanhédrin lui jetaient littéralement des pierres, il a supplié Dieu dans Actes 7:60: « Seigneur, ne leur impute pas ce péché.” La dernière chose qu’Étienne a faite avant de mourir a été d’offrir un pardon unilatéral. Hébreux 1:3 nous dit que Jésus est assis à la droite de Dieu. Pourtant, Actes 7:55-56 nous dit: “Mais Étienne, rempli du Saint-Esprit, leva les yeux vers le ciel et vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu. “Regardez, dit-il, je vois le ciel ouvert et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu.” Quand Étienne voit Jésus dans Actes 7, Jésus est debout. Debout en l’honneur d’Étienne lui-même David du Plessis a écrit un jour: « Jésus s’est levé pour honorer Étienne et sa parole de pardon unilatéral.” On peut imaginer, avec notre imagination sanctifiée, Jésus debout, regardant le monde entier et disant: “Qui est celui que mon serviteur pardonne? Je dois aller vers cet homme.” Qui était cet homme? Actes 8:1 nous dit que c’était Saul, qui approuvait la mort de Stephen. Saul a ensuite rencontré Jésus sur le chemin de Damas. Saul a rencontré Jésus parce que Stephen lui avait pardonné de manière unilatérale, ce qui a ouvert la porte à une rencontre avec Jésus. On a du mal à accepter ça parce qu’on pense que si on pardonne quelqu’un de manière unilatérale, ça enlève la responsabilité à la personne qui nous a offensés. Non, ça ouvre la porte à Dieu pour qu’il entre dans leur vie, qu’il agisse dans leur vie et qu’il les convainque du mal qu’ils nous ont fait. D’une manière presque ironique, tant qu’on ne pardonne pas, cette personne restera prisonnière de son péché envers nous. Qu’elle reçoive ou non le pardon, qu’elle l’accepte ou non et qu’elle vive ou non dans le pardon, on ne le saura peut-être jamais. Notre rôle est de pardonner librement et sans attendre qu’on nous le demande. Le pardon ne rend pas l’autre personne juste, le pardon nous libère et nous permet d’avancer dans notre vie.
