PORTER LA VIE ET NON PLUS LA MALADIE

Hélène REYNAUD

On a l’habitude de lire le livre de Ruth en regardant essentiellement la vie et les réactions de Ruth. Pourtant Naomi sa belle-mère, est une femme qui a eu un parcours rempli d’embûches au point qu’elle dira à un moment donné : « Ne m’appelez pas Naomi; appelez moi Mara, car le Tout-Puissant m’a remplie d’amertume. » (« Ruth 1:20)

Comment Naomi est-elle arrivée à cet état, et comment s’en est-elle sortie ?

ELLE AVAIT TOUT POUR ÊTRE HEUREUSE

Ses parents l’avaient appelée Naomi, « Ma gracieuse ». Elle avait donc une belle image d’elle-même. Depuis toute petite elle avait été mise en avant peut-être par ses parents qui devaient être fiers d’elle.

Pour son mariage elle avait choisi un homme qui était sûrement attaché à Dieu puisque son nom, Elimélec, lui rappelait constamment que « l’Eternel est son roi ». Dans sa vie maritale, elle pouvait avoir une relation telle que l’apôtre Paul le recommande : « Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur. » Cela devait lui être facile puisque lorsqu’elle parlait à son mari elle l’appelait « L’Eternel est mon roi ».

Mais les circonstances de sa vie allaient tout faire basculer. Une famine survint dans le pays. C’est un événement indépendant de sa volonté, quelque chose qu’elle ne pouvait maîtriser.

La naissance de ses enfants n’est pas non plus un sujet de réjouissance pour elle puisqu’elle appelle le premier Machlon, ce qui veut dire « Maladif » et le second Kiljon, qui veut dire « Qui languit » ou en langage actuel « Dépressif ».

Etait-elle malade et dépressive lorsqu’elle a eu ses fils, on ne sait pas. Mais les fils ont dû vivre avec ces noms difficiles à porter.

La mort de son mari survient. « L’Eternel mon roi » n’existe plus. En plus elle n’est plus en Israël. La communauté de son peuple n’est plus là pour l’entourer. Elle se retrouve seule avec « Maladif » et « Dépressif ».

Enfin ses fils prennent pour femmes des Moabites. Bien qu’extérieures au peuple élu, ces femmes vont faire preuve de fidélité et de constance Orpa (opiniâtre) et Ruth (une amie) vont vivre 10 ans, l’une avec un mari dépressif, et l’autre avec un mari malade. Elles n’auront même pas la joie d’avoir des enfants avec eux.

Quant à leur belle-mère, l’amertume a commencé à la ronger. Puis c’est le décès des fils de Naomi. Il est dit : « Naomi resta privée de ses deux fils et de son mari. » (Ruth 1/ 5).

Dans cette expression « resta privée » il y a une notion de « survivre ». C’est comme s’il ne lui restait plus qu’à survivre suite à toutes ces épreuves. La vie vaut-elle la peine d’être vécue dans ces conditions ?

Et c’est pour cela que Naomi en arrive à dire lorsqu’elle retourne au pays : « Ne m’appelez pas Naomi ; appelez moi Mara, car le Tout-Puissant m’a remplie d’amertume. »

Elle en arrive à accuser Dieu de l’avoir remplie d’amertume !

COMMENT VA-T-ELLE ÊTRE RESTAURÉE DANS SON ÂME ET DANS SA VIE DE FEMME ?

Avant toute chose, elle a d’abord repris en main sa vie. « Puis elle se leva, elle et ses belles-filles, afin de quitter le pays de Moab, car elle apprit au pays de Moab que l’Eternel avait visité son peuple et lui avait donné du pain. »

Même si l’amertume est là, même si elle a un sentiment d’injustice par rapport à Dieu, ses oreilles ont entendu une bonne nouvelle : Il y a du pain à Bethléhem (la maison du pain). Il y a toujours de quoi se rassasier dans la maison du Père.

Elle ne rejette pas cette bonne nouvelle mais elle la saisit et se lève.

Si Elimélec (« L’Eternel est mon Roi ») n’est plus là auprès d’elle, alors elle ira là où l’Eternel se trouve (l’Eternel avait visité son peuple). Elle n’a pas attendu que le pain vienne jusqu’à elle. Elle est sortie de Moab. Elle s’est mise en route.

« Naomi dit alors à ses deux belles-filles: Allez, retournez chacune à la maison de sa mère ! »

Elle comprend que sa liberté passe par la liberté de celles qu’elle pourrait garder sous sa domination. L’opiniâtreté de Orpa tombera devant la proposition de sa belle-mère de retourner chez ses parents. Seule va rester Ruth avec son amitié.

« Naomi dit à Ruth: Voici, ta belle-soeur est retournée vers son peuple et vers ses dieux; retourne, comme ta belle-soeur. Ruth répondit: Ne me presse pas de te laisser, de retourner loin de toi ! »

Dieu a permis à Naomi d’avoir une amie, Ruth, pour l’accompagner dans ce chemin de retour au pays de la promesse. Une fois arrivée, Naomi a vraiment une amie au travers de Ruth qui prend soin d’elle, la nourrit et qui prend l’initiative d’aller glaner. C’est là que Ruth va entrer en relation avec Boaz.

Et c’est seulement à partir de cette rencontre que Naomi va enfin sortir de son amertume. Elle va se prendre vraiment en main. Elle va retrouver cet esprit d’initiative en donnant les conseils nécessaires à Ruth.

« L’homme chez qui j’ai travaillé aujourd’hui, dit-elle, s’appelle Boaz. Et Naomi dit à Ruth, sa belle-fille: Il est bon, ma fille, que tu sortes avec ses servantes, et qu’on ne te rencontre pas dans un autre champ. »

Conseils sages

Et puis la belle-mère donne des conseils sages en ce qui concerne le mariage à Boaz.

« Et Naomi dit: Sois tranquille, ma fille, jusqu’à ce que tu saches comment finira la chose, car cet homme ne se donnera point de repos qu’il n’ait terminé cette affaire aujourd’hui. »

Naomi va enfin pouvoir entendre ce que les autres femmes vont lui dire. Elle ne rejettera pas l’enfant de Ruth, symbole de vie, mais elle l’accueille et accepte cette bénédiction comme venant de l’Eternel. Elle va enfin pouvoir de nouveau servir Dieu puisque l’enfant né du mariage entre Boaz et Ruth, « Obed » est là ( Obed veut dire « servant Dieu »)

« Naomi prit l’enfant et le mit sur son sein, et elle fut sa garde ».Il y a eu toute une progression dans la restauration de Naomi pour arriver enfin à ce qu’elle ait un fils nommé Obed.

Naomi ne pouvait pas servir Dieu tant qu’elle n’avait pas trouver son plein épanouissement dans la famille de son mari Elimélec (L’Eternel est mon Roi). Avec le rachat de Ruth par Boaz a lieu aussi la réintégration de Naomi elle même dans la communauté d’Israël.

Avec Boaz (« en lui est la force »), Naomi retrouve des forces. Elle va pouvoir enfanter, c’est-à-dire porter la vie autour d’elle et non plus la maladie et la dépression. Un héritage et une postérité lui sont donnés. Sa postérité, au travers de Ruth, aboutira au Messie, celui qui donne la vraie vie.

Du magazine Victoire

La suite

Nous serions ravis de répondre à vos questions ou de vous aider dans les prochaines étapes de votre voyage.