Voulons-nous un réveil ? Vraiment ?

Patrick Salafranque

(le conseil que Patrick offre marche aussi bien pour l’Afrique que pour l’Europe)

Allons-nous vivre un réveil dans notre bon vieux pays de France comme nous l’entendons dire depuis tant d’années ?

Sans être nostalgique du passé, je me souviens avec émerveillement de mes premières visites dans cette salle de réunions située dans un des quartiers les plus mal famés de Bordeaux, « la rue où se trouvait l’église était occupait par les prostituées qui y racolaient jour et nuit ».

Je n’étais qu’un enfant, mais je me rappelle avec netteté mes impressions au cours des réunions. L’ambiance y était « électrique », une atmosphère de joie et de paix planait sur l’auditoire, l’attitude des gens était totalement différente de celle rencontrée dans les églises traditionnelles, il y avait une attente, une faim, à tout moment le sentiment était que quelque chose allait se produire.

Et en effet des choses se produisaient, des gens fondaient en larme, certains témoignaient qu’ils avaient été guéris, d’autres qu’ils avaient rencontrés le Seigneur et voulaient le suivre sans détour. Le phénomène du parler en langue se manifestait spontanément et je pense à cet homme qui fut baptisé du Saint Esprit pendant que le pasteur prêchait, le pasteur lui-même semblait auréolé d’une lumière diffuse et indescriptible, et sa parole pénétrait dans les cœurs comme une épée.

On sortait de ces réunions tout bouleversées et avec l’envie d’y retourner le plus vite possible.

Nous soupirons après le réveil

Je crois que la plupart des chrétiens de ce pays quelle que soit leur dénomination, ainsi que la grande majorité des chrétiens de notre vielle Europe soupirent après « le réveil ».

Le réveil, mot magique qui fait rêver plus d’un chrétien et plus d’un pasteur. Ces dernières années, une quantité d’ouvrages ont attiré notre attention sur des phénomènes de réveil dans divers pays du monde et sur les moyens supposés qui ont permis de tel mouvement. Il faut reconnaître qu’au de-là de l’émerveillement et de l’étonnement que cela peut susciter, et aussi pour certains de l’agacement, la grande question demeure, « cela peut-il se produire en France ? » Dans notre bon vieux pays républicain laïque rationaliste et cartésien, « tout pour plaire » nos églises dites évangéliques peuvent-elles espérer de tels phénomènes ?

D’abord voyons la réalité en face, d’après des statistiques récentes, moins de 10% des français sont des pratiquants réguliers, 1,8% disent appartenir à la « grande » famille du protestantisme, dont 0,65% pour les évangéliques, c’est maigre, par contre 25% de nos concitoyens disent croire à la voyance et à l’astrologie. Devant cet état des lieux, après plus de 100 ans d’efforts pour les évangéliques toutes tendances confondues, est-il encore raisonnable de croire qu’un réveil de grande ampleur soit possible ?

Je suis pour ma part la quatrième génération d’une famille de pentecôtistes, j’ai donc une longueur d’avance sur le Timothée de la bible, mon arrière-grand-mère et mon arrière-grand-père se sont convertis les premiers dans les années soixante dans la ville de Bordeaux, ensuite ma grand-mère, et puis mes oncles, ma mère, enfin moi-même une douzaine d’années plus tard.

Ma jeunesse a donc été bercée par les témoignages de gens qui vivaient un réveil, c’est à dire une action évidente du Saint-Esprit qui les avait conduits à une foi vivante, et à un engagement profond à l’égard du Seigneur Jésus-Christ et de son église.

En repensant à ces lointains souvenirs « 40 ans ont passés » j’ai le vague sentiment d’avoir approché un tout petit peu de ce que nous pourrions appeler un réveil.

Maintenant, force est de constater que l’ampleur de ce réveil dans notre pays a été limitée, et que malgré qu’un certain nombre d’églises soient issues de ce mouvement, les statistiques citées plus haut montrent que l’onde de choc a été de faible amplitude.

Nous pouvons dire avec le prophète « le pays n’est pas sauvé » Esaïe 26:18.

Le terme réveil n’apparaît que peu de fois dans la Bible dans le sens spirituel que nous lui donnons, mais l’idée que le mot véhicule est très présente, autant dans l’ancien que dans le nouveau testament.

Par exemple chaque fois qu’après des périodes de déclins spirituels et de recul au profit de l’idolâtrie païenne le peuple d’Israël revient à Dieu dans la repentance et le désir de se soumettre à nouveau à la loi, on parle de réveil, et les exemples sont nombreux.

Certains rois et prophètes ont étés les catalyseurs de ses réveils et parfois l’initiative est attribuée à Dieu lui-même comme dans Aggée 1:14 L’Eternel réveilla l’esprit de Zorobabel, fils de Schealthiel, gouverneur de Juda, et l’esprit de Josué, fils de Jotsadak, le souverain sacrificateur, et l’esprit de tout le reste du peuple. Ils vinrent, et ils se mirent à l’œuvre dans la maison de l’Eternel des armées, leur Dieu.

Le réveil est dans l’histoire du peuple d’Israël, un retour à Dieu accompagné d’un renouveau de zèle pour mettre la loi en pratique.

Deux sortes de réveil

Dans le Nouveau Testament je vois deux sortes de réveils, d’abord ce que j’appellerais un réveil d’évangélisation, il se produit en milieu « non chrétien ». l’évangile est annoncé, Dieu confirme sa parole par des miracles et des prodiges et les conversions à Jésus-Christ sont nombreuses, c’est ce qui se produit à Jérusalem, Actes ch. 2-5, à Samarie, ch. 8, à Lydde et à Joppé, ch. 9, à Antioche, à Ephèse, etc.. Il y a une action puissante du Saint Esprit.

Ensuite un réveil d’église, c’est le besoin qui apparaît dans les lettres qui sont adressées aux églises d’Asie citées dans Apocalypse 2 et 3. Certaines avaient abandonnées leur premier amour, d’autres avaient laissées l’immoralité s’infiltrer, d’autres n’avaient plus qu’une apparence de vie, d’autres encore étaient devenus tièdes.

L’appel du Seigneur se fait pressant, repends-toi, et il appartient à chacun d’y répondre et de « ré-enflammer la flamme du don » comme Paul le dit à Timothée.

De quelle sorte de réveil avons-nous besoin dans notre pays de France ? Selon la célèbre réponse d’un journaliste, « les deux mon général ».

D’autre part je vois dans l’écriture deux niveaux de réveil, le réveil personnel. Ephésiens 5:14 « C’est pour cela qu’il est dit: Réveille-toi, toi qui dors, Relève-toi d’entre les morts, Et Christ t’éclairera. »

Le réveil collectif : Romains 13:11 « Cela importe d’autant plus que vous savez en quel temps nous sommes: c’est l’heure de vous réveiller enfin du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru. »

Parfois il faut se réveiller à titre personnel, parfois au niveau collectif, car il ne s’agit pas de faire des amalgames, on peut être endormi dans une église réveillée et réveillé dans une église endormie.

Que faut-il pour vivre un réveil ?

Que faudrait-il pour que nous puissions vivre un grand réveil, à titre personnel et collectif, un réveil dans nos églises qui provoquerait un grand réveil d’évangélisation dans notre pays.

La réponse est certainement plus complexe qu’il n’y paraît et je n’ai pas de recettes magiques à proposer ou des méthodes qui auraient fait leurs preuves ici ou là.

Mais, je pense au chat de ma voisine « Gribouille » il m’arrive parfois de l’observer à travers la fenêtre de mon bureau, comme tout chat qui se respecte, et malgré qu’il soit un chat d’appartement Gribouille est un chasseur. C’est son instinct profond, hors une chose m’a étonné dernièrement, Gribouille n’attrape jamais rien.

Je le vois souvent en embuscade les yeux rivés sur une souris ou un oiseau dans une branche, il bondit, cour, saute, mais trop tard, l’animal lui a échappé, Gribouille est toujours bredouille, la chose m’a intriguée, et je me suis posé la question, pourquoi ?

Après réflexion je crois avoir compris le problème de Gribouille, quand il rentre à la maison il trouve sa gamelle pleine d’un de ces délicieux pâtés pour chat, qu’il attrape quelque chose ou qu’il n’attrape rien quand il revient à la maison il a de quoi se remplir le ventre. Le problème de Gribouille c’est que c’est un chasseur au ventre plein, sa survie ne dépend pas du produit de sa chasse. Je pense que si ma voisine le faisait jeûner quelques jours, Gribouille deviendrait le meilleur chasseur du monde.

Peut-être que notre problème à nous chrétiens occidentaux se situe au même niveau, nous cherchons le réveil le ventre plein, le cœur plein de tellement d’autres choses que de la faim de Dieu, que nous trouvions Dieu ou que nous ne le trouvions pas quand nous rentrons dans nos maisons, « notre gamelle est pleine ».

Le réveil ne nous apparaît pas comme quelque chose de vital, d’essentiel, s’il arrive ou s’il n’arrive pas, il nous reste toujours assez de confort, de loisirs, de soins médicaux de plus en plus performants, de l’assistance dans tous les domaines, pour faire face à nos problèmes. L’état providence est omniprésent et les médias nous inondent de distractions fascinantes.

Alors un réveil est-il vraiment nécessaire ? Ces millions de perdus dehors n’ont pas l’air si malheureux que ça, et même parfois ils semblent plus épanouis que les gens qui fréquentent les églises ?

Face à ce constat « non amer » mais réaliste, est-il raisonnable de penser qu’un réveil de grande ampleur soit possible dans ce pays ?

Et bien je pense que oui et cela pour plusieurs raisons.

Des raisons pour le réveil

La première est que le contexte social et religieux n’a jamais été aussi favorable dans ce pays qu’aujourd’hui, d’un côté les déceptions engendrées par le matérialisme à outrance d’un autre le recul de la religion, du sacré, ont laissé un grand vide dans le cœur de nos concitoyens qui ont de plus en plus soif de spirituel, seule l’église par sa proclamation du message de l’évangile peut répondre à cette aspiration.

La deuxième est la frustration de plus en plus grandes des chrétiens « attiédis » qui, partagés entre le monde et l’église, ne se sentent plus bien ni dans l’un ni dans l’autre, pas assez bouillant pour se sentir bien dans l’église, pas assez froid pour se sentir à l’aise dans le monde,

Et qui sentent bien au fond d’eux même que seule une vie chrétienne vécue passionnément et intensément peut les satisfaire.

La troisième est que le Dieu de la Bible n’a pas baissé les bras, il est un Dieu réveillé et Dieu de réveil qui ne peut se résoudre de laisser périr toute une génération sans que celle-ci ait eu l’occasion de connaître « ce si grand salut ». Plusieurs hommes de la Bible se sont écriés « réveille-toi Seigneur » à quoi Dieu répond « il ne sommeille ni ne dort… »

Jésus pouvait dire « mon Père agit jusqu’à présent, moi aussi j’agis », soyons prêts à nous laisser entraîner dans le mouvement de Dieu, dans l’action de Dieu, et nous vivrons le réveil.

Que faire ? Je pense à un simple verset : il s’agit de Pierre au chevet de Tabitha, Actes 9:40 Pierre fit sortir tout le monde, se mit à genoux, et pria; puis, se tournant vers le corps, il dit: Tabitha, lève-toi! Elle ouvrit les yeux, et ayant vu Pierre, elle s’assit.

41 Il lui donna la main, et la fit lever. Il appela ensuite les saints et les veuves, et la leur présenta vivante.

Puissions-nous suivre l’exemple de Pierre au sens propre et au sens figuré, faisons sortir le monde de nos pensées et de nos cœurs, mettons-nous à genoux et prions, chassons le sommeil de la mort et proclamons la vie avec assurance, le reste appartient à Dieu.

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