la vieillesse et le ressentiment

C’est une réalité de la vie que nous vieillissons tous un peu plus chaque jour. Si vieillir signifie pour certains un sentiment de solitude, un déclin physique ou un repli sur soi, cela ne veut pas dire que nous devons perdre notre enthousiasme pour la vie et tomber dans l’apitoiement. Certaines personnes ne vieillissent pas bien. En vieillissant, elles deviennent amères, en colère et pleines de ressentiment parce que la vie ne s’est pas déroulée comme elles le pensaient. Cette attitude est néfaste car le ressentiment détruit nos relations. Il peut nous éloigner de nos amis proches. Il nous éloigne des gens parce qu’il détruit l’essentiel de ce que nous sommes. Nous sommes alors considérés comme une personne amère. Nous pensons peut-être que nous faisons du mal à l’autre en gardant notre ressentiment, mais c’est nous qui sommes blessés. Les personnes à qui nous en voulons sont inconscientes de notre colère. Elles ne pensent pas du tout à nous et poursuivent leur vie. 9 fois sur 10, elles ne pensent pas du tout avoir fait quelque chose de mal. On a dit que « s’accrocher à la colère, c’est comme saisir un charbon ardent dans nos mains avec l’intention de le jeter sur quelqu’un d’autre. » C’est nous qui nous brûlons. Le ressentiment est un suicide émotionnel. Nous pouvons nous renfermer dans une coquille et devenir protecteurs, en prévoyant de ne plus jamais nous permettre d’approcher quelqu’un. Nous devenons vengeurs, sans joie, négatifs et amers. Dans son livre à succès, « The Telling Room », Michael Paterniti raconte une histoire vraie qu’il a entendue en visitant le village ancestral de son père en Sicile. Chaque jour, alors qu’il se trouvait dans le village, il a vu une très vieille femme marchant avec sa canne, montant péniblement une route escarpée pour se rendre au cimetière local. On disait qu’à son rythme de tortue, le trajet aller-retour entre sa maison et le cimetière prenait environ six heures de sa journée. Quel chagrin a inspiré sa difficile marche quotidienne?  Était-elle poussée par le chagrin d’un enfant disparu ou d’un mari décédé, l’amour de sa vie? Non, les habitants ont dit à Paterniti qu’elle était poussée par l’Astio, ou la haine amère. Son ennemi juré était enterré dans ce cimetière. Alors, qu’il pleuve ou qu’il vente, la vieille femme montait la colline tous les jours jusqu’à la tombe de son ennemi, juste pour cracher dessus une fois de plus. Paul écrit dans Éphésiens 4:31,32: “Que toute amertume, toute animosité, toute colère, toute clameur, toute calomnie, et toute espèce de méchanceté, disparaissent du milieu de vous. Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant réciproquement, comme Dieu vous a pardonné en Christ.” En d’autres termes, nous devons pardonner comme nous avons été pardonnés. La guérison peut avoir lieu lorsque nous pardonnons. Mais cela demande du courage. Le courage de savoir que Dieu dit « la vengeance est à moi », que Dieu s’occupera de cette personne et de cette situation. En vieillissant, nous pouvons nous concentrer sur l’avenir. Il est utile d’analyser et de revoir notre passé, tout comme il est utile de jeter de temps en temps un coup d’œil dans le rétroviseur de notre voiture. Mais il y a un moment où il faut quitter le rétroviseur des yeux pour se concentrer sur la route à suivre. C’est pourquoi la Bible dit dans Hébreux 12:15:  “Veillez à ce que nul ne se prive de la grâce de Dieu; à ce qu’aucune racine d’amertume, poussant des rejetons, ne produise du trouble, et que plusieurs n’en soient infectés.” La vie est trop courte pour rester amer. En vieillissant, nous pouvons ressasser les échecs et les difficultés de notre passé, ou nous pouvons nous souvenir de la fidélité de Dieu, accepter sa discipline et continuer à regarder l’avenir avec foi. Nous pouvons répéter la blessure encore et encore dans notre esprit ou nous pouvons la libérer. Les répétitions ne font que perpétuer la douleur. La libérer est le chemin de la paix intérieure. C’est la seule façon d’éviter une attitude amère. Peut-être pouvons-nous simplement « laisser tomber » et faire le choix de libérer notre ressentiment et notre colère avec l’aide du Saint-Esprit. Le pardon ne donne pas raison à l’autre personne, le pardon nous libère.