Les femmes supportent–elles plus difficilement la médiocrité du couple ?

Auteur: Nathalie Biava

Le droit d’être aimé(e)

Une simple conversation échangée il y a quelques années avec une femme d’expérience me revient souvent à l’esprit. Alors que je lui faisais part de mon désir, encore récent, d’être vraiment chrétien, de suivre Jésus-Christ, de vivre comme son disciple. Elle me rappela que tout l’Evangile se résume dans l’amour.

Or, disait-elle, « aimer ça s’apprend !

« Il y a en nous une forme d’instinct qui nous pousse quelque fois à aimer, mais l’amour dont le Christ nous parle implique plus que cette simple impulsion. Vouloir aimer ne suffit pas, il faut apprendre à aimer en marchant chaque jour avec Jésus ».

La femme demande le divorce

Par ailleurs en observant la société d’aujourd’hui, il semble qu’un nouveau droit opposable s’impose : le droit d’être aimé(e) ! Or, cette revendication toute légitime est aussi à l’origine d’un certain nombre de frustrations. En effet, la défense d’un droit bafoué peut exacerber les tensions conjugales.

Une étude fait apparaître que 75% des divorces sont demandés par la femme, laquelle obtient la garde des enfants 9 fois sur 10. On est loin des clichés de la femme abandonnée, même si cette réalité existe.

L’auteur de cette étude remarque que les femmes supportent plus difficilement la médiocrité de la vie de couple. Elles en attendent davantage que les hommes et y mettent fin plus souvent dans le but d’être plus heureuse. Avant 50 ans notamment elles espèrent se remarier et vivre enfin le grand amour !

Il fût un temps où le bonheur des enfants et la précarité socio-économique des femmes seules retenaient les épouses d’une telle séparation, mais aujourd’hui le bonheur de la mère prime dans ses choix.

Les hommes attendent moins

Les hommes de leur côté, attendraient moins du mariage mais supporteraient plus mal la séparation. L’orgueil touché, ils se remettent néanmoins plus rapidement en ménage que les femmes qui ont, semble t-il, besoin aussi d’un temps plus long pour y croire à nouveau.

Les attentes féminines, qui constituent par ailleurs leurs frustrations lorsque ça ne marche pas, semblent porter sur :

le besoin d’une implication masculine dans le foyer–l’homme est ainsi appelé à être présent au domicile, à participer aux tâches ménagères, à l’éducation des enfants, à bannir l’égoïsme pour se tourner vers les besoins de sa petite famille…

le besoin d’un dialogue intime –l’homme est ainsi considéré souvent comme insensible, incapable d’écouter, de comprendre vraiment, de se livrer, de parler de ce qui se passe au fond de son cœur…

Le bonheur des uns et des autres dépend de la capacité de chacun à mobiliser son énergie pour répondre aux attentes légitimes de l’autre.

Les attentes masculines, qui forment aussi de profondes frustrations lorsque ça ne marche pas, semblent porter sur :

un besoin de reconnaissance : la femme est ainsi appelée à reconnaître la valeur du mari, de ses engagements et activités sociales, sans confrontation, affrontement et négation de son autorité naturelle…

un besoin de soutien et de sérénité : la femme devrait ainsi apporter une atmosphère de joie et de paix au foyer sans être une source de soucis et de pressions supplémentaires…

Le désir d’aimer, présent en chacun, devrait partir à la recherche du besoin précis d’amour du conjoint.

Répondre aux attentes de son conjoint : l’effort de bien aimer

Considérer l’attente, l’intérêt et le bonheur de l’autre comme plus importants que soi-même reste la valeur la plus sûre de l’amour (1 Co.10.24 et 13.5 ; Phil.2.3,4).

Rien ne s’oppose à ce que le mari s’implique davantage dans la vie du foyer dans la limite du temps dont il dispose et dans le respect de ses engagements professionnels et spirituels.

La foi implique même une attitude de serviteur aux antipodes de l’image machiste traditionnelle.

Si l’implication féminine dans la vie du foyer paraît naturelle, l’investissement des hommes devrait découler de leur souci de rendre heureuse leur épouse, le « premier prochain » que Dieu ait placé à leur côté.

En effet, à quoi servirait-il d’aimer le monde entier si l‘on ne parvient pas à aimer et rendre heureuse la personne la plus proche de nous ?

Ainsi, la foi du mari l’engage encore davantage : actif au foyer il doit aussi contribuer à un bon dialogue intime. Aimer comme le Christ c’est se livrer soi-même (Ephésiens 5.25) et se livrer c’est déjà partager le fond de son cœur.

Ecouter son épouse, la comprendre et entretenir un dialogue constant avec elle implique toute la vie et tout l’être du mari ; pourtant ce n’est qu’à ce prix que leur relation, affective et sexuelle, prend toute sa mesure.

Bien sûr, l’épouse doit respecter la liberté de son mari et accepter que son potentiel de communication soit limité, mais le mari doit aussi se souvenir de progresser constamment : aimer librement et se livrer pour le bonheur de l’autre est la démarche la plus chrétienne qui soit.

La femme, pour sa part, ne devrait pas craindre de reconnaître l’autorité de son mari, sa valeur et ses qualités. La vie, et Dieu lui-même, se chargent de le rendre humble. L’épouse, elle, doit savoir apprécier son rôle et ses besoins.

La foi implique même une attitude de servante aux antipodes du standard contemporain de la femme libérée…et rebelle.

Les préoccupations de l’époux et son investissement pour son métier ou toute autre cause externe à la vie du foyer, ne viennent pas concurrencer sa vie familiale mais contribuent à la construction de son bien-être, même conjugal.

La femme aussi, devrait apprendre à communiquer et progresser toujours en évitant exigences et reproches qui déstructurent toute relation. Exprimer notre besoin d’être aimé oui, exiger d’être aimé non !! Heureux l’époux dont la femme a appris à exprimer son désir d’être mieux aimée sans le culpabiliser.

La foi de l’épouse lui inspire un respect pour les choix et les soucis qui assaillent aussi son conjoint (Ephésiens 522 et 33 : la soumission et le respect sont requis des épouses à l’image de l’Eglise pour le Christ).

L’épouse chrétienne s’efforcera de répondre au projet divin d’apporter une « aide semblable » à l’homme (Genèse 2.18). Elle le fera en étant toujours un soutien, jamais un « fardeau ».

Au final, pour la femme comme pour l’homme, si chacun mobilisait plus d’effort à aimer qu’à revendiquer le droit d’être heureux en amour, l’amour triompherait sûrement. Puissions-nous donner et recevoir de notre conjoint en sachant trouver notre pleine satisfaction à la source de l’amour de Dieu.

Nathalie Biava

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