Leçon 2: Savoir apprécier les autres

Monsieur Lieu était de nouveau en retard pour dîner. Fatigué, il fronce les sourcils alors que son plus jeune fils l’aide à retirer sa veste.

« Je suppose que tu as passé l’après-midi à l’église », lui dit sa femme sur un ton de reproche.

« Evidemment », répondit-il, courroucé. « Tu devrais te réjouir de voir l’assemblée croître comme elle le fait en ce moment. Nous venons d’introduire six nouvelles classes d’école du dimanche. Depuis que l’on m’a confié la responsabilité de toute l’instruction religieuse, nous sommes passés de quatre à dix classes. Je devais m’assurer que le matériel était prêt pour les classes. Deux des moniteurs avaient besoin d’aide dans la préparation de leur leçon. Il fallait également régler un conflit, personne ne voulait faire sa classe dans la pièce arrière. J’ai dû aussi passer chez le menuisier auquel nous avons commandé des chaises neuves, et… »

« Pourquoi ne demandes-tu pas à quelqu’un de t’aider ? »

« Les gens ne s’intéressent pas suffisamment à l’oeuvre du Seigneur. Ils viennent en retard et bousculent l’horaire. Il n’en est pas un qui veuille se charger de la moindre responsabilité », répond le mari, « ou alors on discute pour savoir qui commande. Ils restent là sans rien faire, à perdre leur temps. Ils font tellement d’erreurs que je suis obligé de refaire leur travail. Il faut que je surveille tout avec la plus grande attention ».

Monsieur Lieu occupe une place importante dans son église. Il pense être un bon dirigeant et, dans un sens, il l’est. Il se consacre vraiment à sa tâche, ainsi que nous le révèle sa conversation. Mais qu’apprenons-nous aussi ? Savons-nous y discerner quels sont les sentiments de cet homme à l’égard des autres ? Comme cela affectera-t-il son travail ?

Dans cette leçon, nous étudierons plusieurs principes concernant les relations humaines et découvrirons l’importance de nos sentiments par rapport aux autres dans le cadre d’un leadership. Nous nous baserons sur l’exemple biblique de Moïse à qui Dieu a confié l’une des responsabilités les plus grandes que l’on puisse concevoir.

MOISE – UN DIRIGEANT ET SON PEUPLE

L’histoire de Moïse est celle d’un dirigeant. On ne peut trouver nulle part un récit aussi complet et dont l’application soit aussi claire pour qui veut étudier la relation entre Dieu et les dirigeants et la façon dont ces derniers se rattachent aux autres.

Moïse, comme beaucoup de grands serviteurs de Dieu, s’est mis très tôt à éprouver des sentiments d’empathie. Il s’intéressait aux gens. Soucieux de leur condition, il désirait leur venir en aide. Ses premiers efforts ont d’abord été impulsifs, et il est certain que Moïse avait oublié de chercher la direction du Seigneur. Il a essayé de lutter à sa manière contre l’injustice ce qui, nous le savons, l’a poussé au meurtre (Exode 2.11-15). Il a dû s’enfuir pour sauver sa vie, mais il emportait avec lui ce sens de justice, ce même désir d’aider les autres que l’on retrouve lorsqu’il chasse des bergers venus harceler un groupe de femmes (Exode 2.16-19).

Cet acte de bonté conduit à son association avec Jéthro qui finit par devenir son beau-père. Un jour, alors que Moïse fait paître le troupeau de son beau-père, il aperçoit un buisson en feu et il s’en approche pour l’examiner. Son acte est celui d’un homme stable, à l’esprit curieux ; Moïse, en effet, n’a pas peur d’entrer dans une situation inconnue.

« Moïse ! Moïse ! », l’Eternel appelle de l’intérieur du buisson.

Confiant et disposé à l’écoute, Moïse répond : « Me voici ». Il se voile cependant la face par crainte respectueuse, alors que Dieu se révèle à lui.

L’Eternel ajoute : « J’ai vu la misère de mon peuple dont les souffrances me touchent. Je suis descendu afin de délivrer les miens et les faire sortir de ce pays. Va maintenant. Je t’envoie auprès de Pharaon ; tu conduiras mon peuple hors d’Egypte ».

Nous notons une fois de plus en quoi consiste la méthode divine. Dieu a formé un plan à l’égard de Son peuple et Il appelle un dirigeant auquel il confie une tâche. Moïse est devenu moins impulsif et moins sûr de sa propre force. Le dessein de l’Eternel était vaste et la tâche semblait presque impossible pour un berger solitaire.

« Qui suis-je pour accomplir une tache aussi grande ? », demande Moïse. « Et si le peuple refuse de m’écouter ? Comment faire comprendre à ces gens que Dieu m’a envoyé ? »

Moïse sait que tout dirigeant doit agir selon l’autorité qui lui a été donnée. Or, Dieu lui a donné une telle autorité au moyen de signes et de miracles qui peuvent être manifestés en Son nom. Il lui a promis d’être à ses côtés et de l’aider dans sa tâche. Il ne lui a offert ni honneur ni récompense, mais Il s’est engagé à l’aider dans la réalisation du plan le plus extraordinaire de tous les temps. Pourtant, Moïse hésite encore.

« Je ne m’exprime pas très bien », déclare-t-il. « Envoie quelqu’un d’autre à ma place ».

C’est alors que la colère de Dieu éclate. Il est bon de savoir se montrer humble, mais l’humilité doit trouver son équilibre dans la foi en Dieu et dans l’assurance que le Seigneur sera fidèle à Ses promesses. L’Eternel dit à Moïse qu’Aaron parlera à sa place. Ensemble, les deux hommes réuniront les anciens d’Israël et leur exposeront le dessein de Dieu. Ainsi, chacun de ceux qui occupent une position de dirigeant comprendra et acceptera sa propre responsabilité, selon les directions données à Moïse. A partir de ce moment-là, Moïse se montre pleinement disposé à entrer dans la volonté de Dieu, et la Bible nous dit plusieurs fois qu’il fait ensuite exactement ce que l’Eternel lui a ordonné.

« Que ferai-je de ce peuple ? »

En observant les commandements et les directions du Seigneur, Moïse est capable d’organiser les anciens et de préparer le peuple à l’exode, après avoir été libéré de son esclavage en Egypte. Dieu oeuvre dans le coeur de Pharaon et il envoie les plaies sur le pays. L’ordre retentit enfin : « Partez ! Emmenez votre petit et votre gros bétail… et allez » (Exode 12.32).

Vous est-il possible d’imaginer 600 000 hommes, accompagnés de leurs femmes, de leurs enfants, de leurs troupeaux, et abandonnant leurs foyers, dans la nuit, pour fuir en rase campagne (Exode 12.37) ? S’il vous est déjà arrivé d’organiser une retraite, une conférence ou même une soirée de visites à domicile, alors vous comprendrez quelle était la tâche de Moïse et de ses collaborateurs lorsqu’ils ont dû organiser cet exode.

En lisant le récit biblique, nous voyons que les Israélites, en proie à l’enthousiasme suscité par la fuite, s’efforcent tous d’agir en accord avec ce que l’Eternel a ordonné à Moïse. Il s’agit là d’un principe souvent observé dans la conduite des hommes. Lorsqu’une activité offre quelque chose de nouveau et d’intéressant, les gens suivent sans discuter celui qui est à leur tête. Leur enthousiasme ne tarde cependant pas à diminuer, et c’est alors que les problèmes surviennent. On se met à questionner, à maugréer et on va même parfois jusqu’à se retourner contre le dirigeant ; on l’accuse aussi. C’est exactement ce qui est arrivé à Moïse.

Finalement, lorsque les gens se plaignent de n’avoir pas d’eau, Moïse crie à l’Eternel et lui dit : « Que ferai-je pour ce peuple ? »

Une fois de plus, Dieu répond par un miracle, mais dans ce cas-là, le récit biblique nous donne une autre indication de la façon dont Dieu Ïuvre avec les hommes.

Moïse frappe le rocher « aux yeux des anciens d’Israël ». L’eau jaillit et chacun peut se désaltérer. Les anciens sont témoins de cette expérience et il leur est donné de partager de près le ministère de Moïse. Celui-ci a dû leur enseigner plus d’une leçon, leur communiquer une foi nouvelle et les inspirer dans leur service. Cette idée revient fréquemment dans les récits bibliques : les dirigeants spirituels partagent les expériences vécues au cours de leur ministère. Nous trouvons deux exemples dans le Nouveau Testament : celui du Seigneur Jésus-Christ et de l’apôtre Paul.

L’événement qui suit est une autre illustration de la relation entre un dirigeant et ceux qui le suivent. Moïse guide Josué, et Josué choisit des hommes capables de combattre les ennemis d’Israël. Tout au long de la bataille, Moïse garde les bras levés vers l’Eternel. Dès l’instant où il se sent faiblir et les laisse retomber, l’adversaire prend le dessus. Deux hommes s’approchent alors afin de le soutenir, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche, et Moïse s’assied sur un rocher. La victoire est remportée. L’Eternel dit à son serviteur : « Ecris ces choses comme souvenir dans le livre » (Exode 17.14). Il est bon que tout dirigeant sache ne pas oublier ces collaborateurs intermédiaires qui sont en première ligne dans la bataille, ou ceux qui, tranquilles, se tiennent à leurs côtés pour soutenir leurs bras.

Semblable à tout dirigeant de valeur, Moïse s’intéresse vivement à ce que nous avons appelé la capacité d’atteindre ses objectifs. Il est dévoué à sa tâche, mais comme son succès dépend de la coopération de son peuple, il est cruellement déçu lorsque ce dernier ne se montre pas aussi consacré que lui. Il aime ces gens au point de vouloir donner sa vie pour eux ; il doit cependant apprendre que le dirigeant doit avoir un autre genre d’amour. L’amour d’un dirigeant est de faire confiance aux autres, même s’ils sont faibles, de partager sa vision et de contribuer à la réalisation des objectifs. Moïse apprend une telle vérité de Jéthro, son beau-père.

Lorsque Jéthro vient rendre visite à Moïse, les deux hommes parlent des merveilles accomplies par Dieu et des expériences faites au long du voyage. Moïse exprime sans doute la peine causée par les nombreux murmures du peuple contre Dieu et lui. Peut-être répète-t-il ce qu’il a déjà dit à l’Eternel : « Que ferai-je de ce peuple ? »

Jéthro observe son beau-fils dans ses occupations quotidiennes et dans ses relations avec le peuple. Il est témoin de son dévouement, de sa sollicitude et des heures sans fin consacrées au service de Dieu. Les gens viennent à lui du matin au soir. Moïse joue alors le rôle de juge, de conseiller, de pasteur et d’aide.

« La tâche est trop lourde pour toi », déclare Jéthro. « Tu ne peux la remplir seul. Ecoute-moi maintenant et je te donnerai quelques conseils ».

Relisez ce que nous dit la Bible dans Exode l8.13 à 26. Les conseils de Jéthro vous permettront de découvrir plusieurs façons de travailler avec les autres.

1. Enseignez-leur les règles auxquelles ils devront se soumettre.
2. Montrez-leur comment remplir des tâches particulières.
3. Confiez-leur des tâches précises.
4. Désignez des responsables intermédiaires et organisez le travail avec eux.

C’est ainsi que Jéthro répond à la question de Moïse. Si ce dernier respecte ces conseils, il en résultera deux choses. Premièrement, Moïse pourra soutenir l’effort exigé par un tel travail. Deuxièmement, les gens repartiront chez eux satisfaits. N’oubliez jamais ces deux points. Nous verrons
plus tard qu’ils représentent le résultat idéal de tout travail de dirigeant : le but est atteint et en même temps, les besoins des ouvriers sont satisfaits.

Peut-être aurez-vous envie de placer plus d’un chiffre en face de ces différentes phrases. Il est avant tout essentiel de reconnaître que Monsieur Lieu pourrait être un meilleur dirigeant, sentir son fardeau s’alléger et davantage satisfaire les besoins de ses collaborateurs s’il suivait le conseil de Jéthro.

Le peuple de Dieu et le peuple de Moïse

Un des plus grands atouts de Moïse en tant que dirigeant est qu’il continuait à discerner les qualités potentielles du peuple de Dieu à faire le bien. Il savait que l’Eternel accomplirait Son Ïuvre par l’intermédiaire d’êtres humains afin de donner gloire à Son nom et d’accomplir Ses desseins. Moïse, par ses paroles et ses actes, montrait qu’il avait l’intention d’oeuvrer avec et au travers du peuple que Dieu lui avait demandé de diriger. Son amour pour le Seigneur et sa détermination à répondre à Ses desseins avaient pour résultat une attitude d’amour et de loyauté à l’égard du peuple.

Relisons Exode 18.15. Quelle est la réponse de Moïse lorsque Jéthro lui demande pourquoi il passe autant de temps avec le peuple ? « C’est que le peuple vient à moi pour consulter Dieu ». Nous voyons ici que si ces gens se montraient souvent rebelles, s’ils accusaient injustement Moïse et oubliaient de placer leur confiance en l’Eternel, ils possédaient néanmoins, au fond de leur cÏur, le désir de connaître Dieu et de Le servir. Ils voulaient apprendre. Lorsqu’ils se trouvaient en difficulté, ils venaient chercher aide et conseil. Ils acceptaient le jugement du Seigneur dans leurs querelles. Ils luttaient courageusement contre les ennemis d’Israël. Malgré leurs points faibles, Moïse reconnaissait ces points forts.

Un jour, alors que Moïse vivait l’un des instants les plus marquants de l’histoire—il recevait la Parole de Dieu sur le Mont Sinaï—le peuple a connu des moments de faiblesse et de crainte et est tombé dans le terrible péché de l’idolâtrie (Exode 32). Notre cÏur se fend à la pensée du retour de Moïse qui, en arrivant au camp, brise sur le sol les tables précieuses, en proie à une ardente colère.

Dans ce même chapitre (aux versets 7 à 11), nous lisons cependant le récit d’une conversation remarquable entre Dieu et Son serviteur.

« Ton peuple », dit l’Eternel, « que tu as fait monter du pays d’Egypte, s’est corrompu. Maintenant, laisse-moi ! Ma colère va s’enflammer contre eux, et je les exterminerai ; mais je ferai de toi une grande nation ».

Moïse se hâte de répondre : « Pourquoi, Eternel, ta colère s’enflammerait-elle contre ton peuple, que tu as fait sortir du pays d’Egypte par une grande puissance et par une main forte ? Reviens de l’ardeur de ta colère, aie du regret au sujet du malheur de ton peuple ».

« Et l’Eternel regretta le malheur dont il avait déclaré qu’il frapperait son peuple ».

Le peuple avait péché. Ces hommes étaient faibles. Ils avaient besoin de davantage d’enseignement et des directions plus précises. Ils étaient cependant le peuple de Dieu et de Moïse. Dieu lui en avait donné la responsabilité et il l’avait acceptée en s’appuyant sur Lui. Il s’était engagé devant Dieu et devant les Israélites à les préparer et à développer leurs aptitudes grâce à l’aide de l’Eternel. A la suite de la catastrophe du veau d’or, il avait réussi à les réorganiser en un corps productif. Il avait fait appel à leurs meilleurs talents, à leurs dons les plus généreux, ce que nous verrons en parlant de la construction du tabernacle. Il leur avait aussi enseigné la Parole de Dieu, leur avait assigné diverses tâches et, enfin, leur avait confié la perpétuation d’une Ïuvre qu’il devait lui-même abandonner sans l’avoir achevée.

QUE CROIRE AU SUJET DES GENS ?

Nous avons considéré l’excellent conseil de Jéthro à Moïse, ce qui nous a permis de reconnaître quatre manières différentes de travailler avec les gens. Nous pouvoir le résumer en disant simplement que Jéthro a conseillé à son beau-fils d’attendre davantage de ceux qui le suivaient.

Certains experts dans le domaine des études du leadership affirment que notre façon d’agir en tant que dirigeants est le résultat direct de notre opinion des gens. Ils parlent de présupposés. Ce que nous attendons des autres et la manière dont nous les traitons, c’est-à-dire nos actes de leadership, sont tous basés sur ces présupposés. Nous présumons, par exemple, que les jeunes ont plus de force physique que les personnes âgées.
Par conséquent, si nous organisons un déménagement, nous demanderons à nos jeunes collaborateurs de porter les boîtes les plus lourdes. Nous nous attendrons à les voir accepter de telles instructions sans objecter.

Pensez à la manière dont les paroles d’un prédicateur peuvent révéler l’idée qu’il se fait des gens. Supposez qu’il s’exprime ainsi : « Vous devriez vous montrer disposés à sacrifier une partie du temps consacré à vos plaisirs pour travailler au salut des âmes ».

Quelles sont les présupposés de cet homme ? Savez-vous les reconnaître ? Ce prédicateur présume que :

1. Les gens ne font que s’amuser.
2. Ils se montrent égoïstes dans leur emploi du temps.
3. Les membres de son auditoire n’aiment pas travailler au salut des âmes ; pour eux, c’est un sacrifice.
4. Ils pourraient amener des âmes au Seigneur s’ils en avaient le désir.

Un tel prédicateur attend peu de son auditoire, car il est persuadé que ces gens aiment les plaisirs et se soucient fort peu d’amener des âmes à Christ. D’un autre côté, il les croit capables d’entreprendre une telle tâche. S’ils étaient prêts à faire un sacrifice, ils sauraient comment conduire des âmes au Seigneur.

Supposons maintenant que le même prédicateur s’exprime ainsi : « Vous serez sans doute heureux d’apprendre que nous sommes sur le point d’offrir des cours sur Comment amener des âmes à Christ. Ils vous permettront d’apprendre à partager la bonne nouvelle avec ceux qui vous entourent ». Ses présupposés sont alors les suivants :

1. Les gens de son auditoire aimeraient être des gagneurs d’âmes, mais ils ne savent pas comment s’y prendre. Il est nécessaire de les instruire.

2. Ils sont prêts à consacrer du temps à leur formation et au travail lui-même.

3. Ils s’intéressent à ceux qui les entourent.

Dans ce cas particulier, le prédicateur montre quelles sont ses attentes de la part de ces gens ; il est cependant persuadé qu’ils ne peuvent rien faire sans son aide. Il désire par conséquent développer leurs possibilités.

COMMENT DEVELOPPER SON STYLE DE LEADERSIHP ?

Douglas McGreggor a fait une étude remarquable du lien entre les présupposés des dirigeants concernant les autres et le développement de leur style de leadership. Il affirme que le comportement de plusieurs dirigeants est basé sur ce qu’il appelle les Présupposés de la Théorie X. Ces présupposés sont les suivants : les gens n’aiment pas le travail et feront tout pour l’éviter. Ils cherchent aussi à fuir les responsabilités. Les objectifs à caractère général (comme ceux d’une organisation ou d’un ministère évangélique, que l’on nomme parfois objectifs institutionnels) ne les intéressent guère ; ils ne désirent nullement les atteindre.

Monsieur McGreggor rejette de tels présupposés et en offre d’autres qu’il appelle les Présupposés de la Théorie Y. Ceux-ci comprennent : le travail est une chose naturelle pour l’homme. Nul ne cherche à l’éviter. Les gens contribuent librement à l’accomplissement de leurs objectifs. Non seulement sont-ils prêts à accepter mais encore à rechercher les responsabilités. La plupart d’entre eux (et non pas uniquement ceux dont la position est élevée)
peuvent participer de manière favorable à ce qui permet d’atteindre les objectifs institutionnels. Beaucoup possèdent des capacités qui ne sont pas utilisées. Les gens accepteront de travailler vers des buts qui, pour eux, ont de la valeur.

Nous allons voir maintenant comment nos présupposés sur les gens peuvent conduire au développement d’un certain style de leadership. Le terme style peut être défini comme une combinaison de comportements, ou une tendance à agir d’une certaine manière. La plupart des livres sur le leadership mentionnent plusieurs styles qui ont pu être observés puis décrits par les chercheurs. Parmi ces styles différents, ceux qui reviennent le plus souvent sont le style autocratique et le style démocratique.

Le dirigeant au style autocratique domine presque totalement son groupe. Il prend toutes les décisions importantes, conçoit les règles et les fait exécuter. Il donne des instructions précises à ceux qui travaillent sous ses ordres et il supervise leur travail avec une précision méticuleuse.

Le dirigeant au style démocratique agit davantage de l’intérieur du groupe. Il incite le groupe à créer ses propres règles et, lorsqu’une prise de décisions s’impose, il leur permet d’y participer de manière active. Il demande des suggestions et la contribution de ses collaborateurs. Il confie enfin d’importantes responsabilités aux membres de son groupe.

Le dirigeant qui accepte les Présupposés de la Théorie X croit que la plupart des gens sont paresseux, passifs et rebelles au travail. Ils doivent être « motivés » et surveillés de près. Il faut les diriger, les presser, les persuader et parfois même les réprimander. Le dirigeant qui nourrit de telles idées estime peutêtre nécessaire de manipuler les autres, de faire des promesses ou de menacer d’une punition pour encourager chacun à travailler à l’accomplissement des objectifs institutionnels. Il développera un style autocratique dans sa manière de conduire son groupe.

Celui qui accepte les Présupposés de la Théorie Y croit que la plupart des gens sont déjà motivés en quelque sorte ; ils veulent atteindre le but et désirent aussi une part de responsabilité. Un tel dirigeant s’efforcera de susciter des conditions dans lesquelles les talents et les capacités de chacun seront mis à profit. Il donnera aux autres la possibilité de faire des choix et d’apporter leurs suggestions. Il les aidera à saisir pour eux-mêmes la valeur de l’objectif à atteindre et à y consacrer librement leur vie. S’il se montre compétent, il développera un style démocratique dans sa manière de conduire son groupe.

Nous savons, évidemment, que certains individus s’efforcent d’éviter le travail. Certains doivent être davantage dirigés ou surveillés que les autres. Il existe des situations où le dirigeant doit se montrer extrêmement ferme, donner des instructions détaillées et veiller à ce que les règles nécessaires à
l’accomplissement de divers objectifs soient respectées. Les bons dirigeants apprennent à se montrer souples et à se servir de méthodes appropriées selon les personnes et les circonstances. Nous étudierons cela plus en détail dans d’autres leçons.

La chose essentielle à ne pas oublier est que votre style de leadership et votre succès, en tant que dirigeant, dépendent en grande mesure de vos présupposés à l’égard des gens. En ce qui concerne le dirigeant chrétien, il est à la fois intéressant et important de remarquer que les Présupposés de la Théorie Y de Monsieur McGreggor permet de décrire le chrétien engagé dont la foi est mise en pratique. Un chrétien a déjà devant lui un but auquel il se consacre et attache une grande valeur. Semblables à ceux qui venaient à Moïse, la plupart des chrétiens recherchent la volonté de Dieu. Ils veulent participer à l’Ïuvre du corps de Christ et possèdent des dons, des talents et des possibilités que le Seigneur a placés en eux. Ils ont tendance à se sentir honorés et heureux lorsqu’ils peuvent contribuer, dans une certaine mesure, à l’Ïuvre de Dieu. Ils ont par conséquent besoin, dans de nombreux cas, d’un dirigeant qui sache discerner en eux diverses qualités et qui s’efforcera de créer les conditions favorables à leur développement. C’est exactement ce qu’a fait Moïse lorsqu’il a assemblé le peuple et lui a proposé de construire le tabernacle selon le plan de Dieu.

La plupart des érudits qui ont écrit sur la notion de leadership estiment que les gens se montrent prêts à travailler lorsqu’ils ont le sentiment que leurs capacités sont utilisées du mieux que possible. Ils donnent davantage d’eux-mêmes quand on leur demande de faire une chose dont ils reconnaissent la valeur. Et ils apprécient aussi un mot de reconnaissance pour la tâche accomplie.

L’expérience de Moïse, au moment de la construction du tabernacle, montre bien que de tels principes se vérifient dans l’oeuvre de Dieu. Vous remarquerez même que Moïse a reconnu tout spécialement certains hommes en attribuant leurs capacités à Dieu ; en même temps, nous le voyons citer en public le nom de ceux qui, crées à l’image de Dieu, ont reçu la connaissance et les talents qu’ils devront ensuite transmettre (Exode 35.30-35).

N’est-il pas possible de croire que le Dieu qui a créé l’univers avec tant de magnificence a pu envoyer à Aaron un vêtement sacerdotal glorieux venu directement du ciel ? Oui, mais les méthodes divines sont différentes. L’Eternel a dit à Moïse comment reconnaître ceux qui avaient les capacités nécessaires, le désir de travailler parce que leur coeur les poussait vers un but digne de ce nom et comment les guider dans leur tâche.

Lorsque nous supposons que la plupart des chrétiens souhaitent accomplir la volonté de Dieu et veulent bien se mettre au travail, nous voyons quelle est la tâche fondamentale du dirigeant. Cet homme est en effet appelé à diriger les autres afin que leur consécration à Christ se transforme en actes significatifs leur permettant d’accomplir les desseins de Dieu. Comme nous l’avons vu dans cette leçon, les principes de leadership qui nous aideront à agir de cette manière sont ceux qui soulignent la nécessité de faire confiance aux gens tout en éprouvant un désir sincère de les conduire au Seigneur.

Indiquez maintenant, sur une feuille de papier séparée, quelles sont les raisons de votre choix.

Lorsque nous sommes à la tête d’un groupe de chrétiens, nous avons la joie de découvrir les forces, les capacités et les possibilités spirituelles d’un ensemble d’individus collaborant à un même travail. Les dirigeants qui n’ont pas appris à tirer parti d’une situation aussi merveilleuse non seulement se créent des problèmes, mais encore se montrent incapables d’atteindre le but proposé.

Maintenant que nous avons étudié les expériences de Moïse, nous pouvons retourner à l’expérience de Monsieur Lieu et discerner, sous un jour différent, ce qui fait défaut chez ce dirigeant. Nous voyons d’abord qu’il attend très peu des autres et que, par conséquent, il est incapable de les conduire de manière productive. Il discerne leurs points faibles, sans tenir compte de leurs points forts. Il oublie de les considérer comme son peuple
ou, semblable à Moïse, comme le peuple de Dieu. Il ne peut donc pas favoriser le développement de leurs possibilités, que ce soit sur le plan individuel ou dans la vie du groupe. En ce qui concerne l’Ïuvre de Dieu, la différence entre ce qu’ils font et ce qu’ils pourraient faire est considérée comme une perte. Ceci nous invite certainement à porter toute notre attention sur l’importance du leadership chrétien.

Dans le domaine du leadership, il existe quatre principes concernant les relations humaines qui pourraient aider Monsieur Lieu à résoudre ses problèmes.

1. Montrez quels sont vos sentiments à l’égard d’une situation donnée. Parfois les dirigeants se plaignent à d’autres en dehors du groupe, mais ne font pas part des problèmes aux membres de leur groupe. Monsieur Lieu pourrait leur dire : « Nous sommes si reconnaissants à Dieu de nous permettre de croître aussi rapidement ! Cela signifie qu’il nous faut davantage travailler et mieux nous organiser. J’ai vraiment besoin de votre aide et de votre collaboration. Nous pourrons faire de grandes choses ensemble, sous la direction du Seigneur ».

2. Donnez aux gens l’occasion d’examiner les choses ensemble, d’en parler et de s’aider mutuellement. Monsieur Lieu pourrait, par exemple, demander aux moniteurs les plus expérimentés d’aider les nouveaux.

3. Donnez aux gens la possibilité de faire des suggestions et de faire preuve de créativité. Monsieur Lieu pourrait demander à ses collaborateurs comment rendre la pièce arrière plus attrayante. Il pourrait désigner quelques-uns d’entre eux et leur donner la responsabilité de cette tâche.

4. Reconnaissez les capacités des gens et leurs réussites, et ne craignez pas de leur montrer combien vous les appréciez. Monsieur Lieu pourrait par exemple montrer son appréciation envers ces moniteurs dont l’intérêt est évident et qui souhaitent s’instruire davantage, ou encore l’exprimer à ceux qui se soucient de l’aspect de la classe elle-même.

 

Prochaine leçon