Leçon 3: Grandir et favoriser la croissance des autres

Le pasteur Minusan fait une courte prière tout en allant ouvrir la porte. Ce matin-là, il attendait la visite du jeune Arthur qu’il avait l’intention d’engager en tant qu’assistant à mi-temps. Il priait à ce sujet, sachant que c’était là un pas décisif dans son ministère comme dans la vie du jeune homme. Il demandait au Seigneur de les aider tous deux à prendre la bonne décision.

L’église était en pleine croissance et le pasteur Minusan avait besoin d’aide. Un problème existait cependant : le jeune Arthur était un nouveau converti et ses parents n’étaient pas chrétiens. Il était jeune, parfois impulsif, capable même d’exprimer des idées totalement étrangères aux autres membres de la communauté. En outre, il ne comprenait pas pleinement le sens de toutes les coutumes et pratiques caractéristiques du corps de son église.

Le pasteur discernait cependant chez Arthur des possibilités exceptionnelles. Plus important encore, il était persuadé, comme le jeune homme d’ailleurs, que le Seigneur l’appelait et qu’Arthur pourrait se charger de quelques-unes des tâches qui s’imposaient dans l’église. Il était intelligent, fidèle dans son travail et il étudiait la Bible avec ardeur.

Malheureusement, plusieurs membres de l’église ne l’acceptaient pas encore pleinement. Peut-être était-il trop jeune. Ses antécédents étaient peut-être trop différents de ceux d’autres croyants plus âgés. « S’il te plaît, Seigneur », murmure la pasteur en ouvrant la porte, « aide-nous à prendre la bonne décision. Aide-moi à faire ce qui est juste pour le bien de ton peuple et l’accomplissement de ton plan ».

Le pasteur se trouve dans une situation complexe et, en même temps, très significative dans notre étude du leadership. Elle est liée au plan de Dieu pour le développement et la perpétuation de Son Eglise. Dans cette leçon, nous étudierons certains exemples bibliques et divers principes qui nous éclaireront à ce sujet. Nous en apprendrons aussi davantage sur notre propre croissance et notre développement en tant que dirigeants chrétiens.

PAUL : UN DIRIGEANT DANS LE PLAN DE DIEU

Identifier les principes de leadership

« Et Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul » (Actes 19.11). Paul était un serviteur de Dieu particulier, car il avait été spécialement choisi par le Saint-Esprit qui l’avait revêtu de puissance. Et, tout aussi merveilleux que les divers incidents de sa vie, que nous considérons comme des miracles, il y a la manière dont il a été mis à part afin d’occuper une place unique dans l’histoire et dans le plan de Dieu en vue de la perpétuation de l’Eglise. Nous trouvons en cet homme un exemple excellent de la façon dont Dieu oeuvre au travers des dirigeants.

Lorsque nous rencontrons Paul pour la première fois dans les Ecritures (à l’époque il s’appelait Saul), nous voyons immédiatement en lui un homme capable d’influencer les autres. Il a des idées et des objectifs. Il est prêt à oeuvrer avec ardeur afin d’accomplir ses desseins. Il agit avec audace et organise le soutien de sa cause. Nous reconnaissons en lui les qualités et les traits que la plupart des gens admirent chez les dirigeants. Malheureusement, il utilisait toutes ces ressources pour lutter contre l’Ïuvre de Jésus (Actes 7.57—8.3 et 9.2). Nous découvrons cependant que l’énergie mal orientée de Saul n’a aucun effet sur le plan de Dieu ; c’est comme si des brindilles étaient jetées à un cuirassé.

Revenons en arrière et revoyons brièvement quel était le plan immuable de Dieu quant à la perpétuation de l’Eglise. Jésus, durant Son séjour sur la terre, a accompli des merveilles incalculables. Son acte suprême a été, évidemment, Sa mort sur la croix afin de sauver l’humanité. Après cela, nous dirons que Sa mission la plus importante a été celle de choisir et de former des dirigeants capables de continuer Son oeuvre après Son retour au ciel. Il a appelé des disciples et les a enseignés. Ensuite, Il leur a donné Ses dernières instructions qui allaient devenir, à partir de ce moment-là, les instructions destinées aux chrétiens de toutes les générations à venir : « Allez, prêchez, enseignez ». Les disciples ont obéi à Jésus. Ces quelques dirigeants, remplis du Saint-Esprit, ont réussi dès le début à en influencer des centaines d’autres. L’Eglise prenait racine ; Sa marche devait se poursuivre dans les siècles à venir.

Au tout début de l’Eglise, les tâches étaient nombreuses et variées. Les Ecritures nous parlent non seulement d’activités spirituelles (comme la prédication et la guérison), mais aussi de problèmes d’organisation, de ligne de conduite à adopter, de recrutement constant et de la formation de nouveaux ouvriers. Un des dirigeants qui a aidé à réaliser plusieurs de ces activités de l’Eglise était un chrétien sage et fidèle du nom de Barnabas.
Lui et d’autres se sont unis pour déterminer les besoins précis auxquels il leur fallait porter leur attention. Parmi ces divers besoins, il y avait la nécessité d’enseigner la doctrine chrétienne aux nouveaux convertis, d’aider les pauvres et de participer à l’organisation de nouvelles communautés. Les anciens ont désigné alors, en vue de chacune des tâches, des ouvriers auxquels Dieu avait donné des aptitudes bien précises.

Parmi les nombreux besoins de l’Eglise primitive, il y en avait un qui était souvent négligé : le ministère au sein des Gentils. Nul ne semblait particulièrement équipé pour l’exercer, car les disciples comprenaient beaucoup mieux ce qui touchait à leur propre peuple, les Juifs, dont ils connaissaient les coutumes. Ces hommes n’arrivaient pas à comprendre que Dieu désirait les voir se rendre également auprès des Gentils.

Cependant, le dessein immuable de Dieu exigeait le salut de tous les hommes, quelle que soit leur race nationalité. Et que fait Dieu pour que Ses plans s’accomplissent ? Il appelle des hommes et des femmes pour leur confier des tâches précises en les guidant vers les objectifs qu’Il a lui-même fixés.

Paul était celui qui correspondait le mieux à cette position unique dans le plan de Dieu. L’intelligence, les capacités et les dons de tous genres viennent de Dieu ; avant la conversion et l’appel de Paul, le Seigneur savait déjà que cet homme avait la connaissance et les capacités requises. La conversion extraordinaire et miraculeuse de Paul était Sa manière de prouver avec une clarté absolue, à celui qui serait son serviteur comme aux dirigeants de l’Eglise, que « cet homme est pour moi un instrument de choix, afin de porter mon nom devant les nations et les rois, et devant les fils d’Israël » (Actes 9.15).

La première fois que Dieu s’adresse à Paul (à Saul), Il lui parle directement du ciel. (Arrêtez-vous ici et relisez Actes 9.1-6.) Ensuite, Il choisit de travailler principalement par l’intermédiaire d’autres personnes afin d’aider Paul à répondre à son nouvel appel. Dieu lui permet de s’humilier alors que les chrétiens avec lesquels il devra collaborer remettent son expérience en question et doutent de lui. En fait, sa réputation d’ennemi du Seigneur
Jésus-Christ est telle que les disciples de Jérusalem refusent de le recevoir.

Pensons maintenant à Barnabas. (Lisez Actes 9.26-28.) Dieu lui avait donné des dons de leadership et cet homme avait su gagner la confiance et le respect des croyants. Il n’hésitait pas à se servir de sa position pour venir en aide aux autres. Montrant qu’il était un dirigeant stable, un chrétien pourvu de ce que nous avons appelé « l’empathie », Barnabas est devenu l’ami et le soutien de Paul.

« N’est-ce pas là celui qui faisait jeter les chrétiens en prison ? » demandaient les chrétiens troublés. « Comment pouvons-nous lui faire confiance ? »

Mais Barnabas a présenté Paul et expliqué comment dont il avait été appelé. Il a soutenu Paul tout au long du chemin, en l’aidant à s’adapter à sa nouvelle position dans l’Eglise. L’amitié et l’aide de cet homme ont été très importantes au début du ministère de Paul.

Nous l’avons dit précédemment : Barnabas faisait preuve d’empathie. Cela veut dire qu’il se mettait à la place de Paul et agissait envers lui comme envers un ami. Il faisait preuve de stabilité en refusant de se laisser ébranler par les craintes des autres. Il était ferme dans sa compréhension de la volonté de Dieu. Le trait peut-être le plus important de ses qualités de dirigeant, à ce moment-là, était son empressement à partager sa position de leader. Il n’avait pas hésité à aider un autre dirigeant. Barnabas savait que Paul occupait une place particulière dans le plan de Dieu. Il avait la sienne aussi. Les besoins différents de l’Eglise exigent différents dirigeants. (Lisez Actes 11.22-30.)

Appliquer les principes de leadership

Barnabas et Paul formaient une équipe efficace. Leur ministère d’évangélisation et d’implantation d’églises nouvelles était glorieux. Barnabas continuait à s’intéresser à la formation d’autres ouvriers, et l’on voit bientôt se joindre à eux une autre personne appelée Jean ; ce garçon porte aussi le nom de Marc (Actes 12.25).

De toute évidence, Jean-Marc avait des possibilités, mais l’oeuvre du ministère était difficile. Peut-être le jeune homme s’ennuyait-il de sa vie à Jérusalem, de ce qui lui était familier et, à la longue, s’est-il lassé des privations du voyage. Il a alors abandonné l’équipe d’évangélisation au cours de sa première campagne pour retourner chez lui (Actes 13.13). Un peu plus tard, nous voyons Barnabas prêt à lui pardonner et à l’inviter une nouvelle fois à voyager avec lui et Paul, mais ce dernier s’y oppose (Actes 15.36-39).

A ce moment-là, Paul semble tellement désireux de continuer l’oeuvre du Seigneur qu’il n’a pas la patience de s’occuper d’un jeune homme peu consacré. Barnabas, lui, savait que, dans la plupart des cas, les desseins de Dieu s’accomplissent par l’intermédiaire des hommes. Il a tenu bon et a soutenu Jean- Marc en l’encourageant comme il l’avait fait pour Paul, à l’époque où cela était nécessaire.

Même au travers de l’incident qui a été la cause de désagrément entre Paul et Barnabas, nous voyons s’accomplir le plan de Dieu. Si Paul a rejeté Jean-Marc à ce moment-là, il a plus tard changé d’avis et l’a accepté comme collaborateur (Colossiens 4.10 ; 2 Timothée 4.11). Et, mieux encore, il s’est mis à suivre l’exemple de Barnabas en choisissant un jeune homme prometteur à enseigner et guider. Ce jeune homme s’appelait Timothée.

Depuis l’exemple de Jésus qui enseignait Ses disciples, Paul et Timothée nous offrent le meilleur exemple de la relation entre un maître et son élève. Au début, Timothée a dû être épaulé, justifié devant les Juifs, ce dont Paul avait eu besoin lui aussi (Actes 16.1- 3). Son père étant grec, il n’avait jamais vécu selon la tradition juive. Il n’était pas circoncis, par exemple. Or, à ce moment-là, il y avait dans l’Eglise des discussions interminables au sujet de la nécessité d’un tel rite. Le grand apôtre Pierre, qui avait plusieurs amis incirconcis, était vivement critiqué pour cela (Actes 11.1-3).

Face à cette situation, Paul aurait pu dire : « Je dois songer avant tout à mon ministère ». Il aurait pu s’éviter la peine de soutenir et conseiller un autre prédicateur. Mais il ne l’a pas fait. Paul savait que Dieu avait appelé Timothée ; il se trouvait cependant dans une situation où, à cause de sa jeunesse et du milieu dans lequel il avait grandi, il ne parviendrait peut-être pas à utiliser pleinement ses talents. L’apôtre s’est efforcé de lui donner des instructions que l’on pourrait formuler de la manière suivante :

Diriger est une noble tâche. Des prophéties ont été données à ton sujet, mais c’est à toi qu’il incombe de veiller à développer tes talents et à garder la foi (1 Timothée 1.18-19 ; 3.1).

Paul, tout en encourageant Timothée à respecter la Loi et les coutumes des anciens, est même allé jusqu’à le faire circoncire afin d’éviter toute controverse à son sujet. En même temps, il pouvait lui dire : « Que personne ne méprise ta jeunesse » (1 Timothée 4.12).

Riche d’un ministère dont les fruits étaient évidents, Paul n’oubliait pas qu’il était l’un des maillons d’une longue ligne d’hommes chargés de diriger et d’exécuter le plan universel de Dieu au travers de l’évangélisation. Il pouvait dire : « C’est lui qui … nous a adressé un saint appel, non à cause de nos Ïuvres mais à cause de son propre dessein et de la grâce qui nous a été donnée » (2 Timothée 1.9). Cette grâce, expliquait-il, a été accordée avant le commencement des temps ; elle a été manifestée par l’apparition de notre Seigneur Jésus-Christ. « Et », ajoutait-il enfin, « c’est pour cet Evangile que j’ai été établi prédicateur, apôtre et docteur » (2 Timothée 1.8-11).

Pouvez-vous imaginer comment un grand dirigeant comme Paul, si sûr de sa position, pouvait partager ses sentiments avec autant de liberté et d’honnêteté en s’adressant à un jeune débutant dans le ministère ? Toi aussi, tu es appelé à diriger, tu es entraîné dans le même courant du plan et de la grâce de Dieu. Voilà quel était le sens de ses paroles ! « Timothée », poursuivait-il, « garde le dépôt (Garde soigneusement ce qui t’a été confié (BNA)), ne néglige pas le don que tu as reçu. Ranime sa flamme ! Sois tout entier à cette tâche. Que tes progrès soient évidents pour tous » (Lisez 1 Timothée 4.14-15 ; 6.20 ; 2 Timothée 1.6).

Paul ne s’arrête pas là non plus. Il continue en recommandant au jeune dirigeant de se souvenir à son tour de l’objectif suprême qui consiste à former d’autres dirigeants capables de se charger de l’oeuvre de Dieu. « Et ce que tu as entendu de moi … confie-le à des hommes fidèles, qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres » (2 Timothée 2.2).

L’APPEL ET LE DEVELOPPEMENT DES DIRIGEANTS

Le dirigeant : expliquer son appel et son développement

Paul parlait souvent de son appel avec une grande assurance. Il savait avoir été choisi par Dieu en vue d’un ministère particulier. Peut-être avez-vous déjà eu l’occasion d’étudier les dons du ministère dans d’autres cours. Dieu a donné à l’Eglise plusieurs sortes de personnes responsables chargées d’exercer un ministère d’une façon ou d’une autre. Parmi ces gens, nous citerons les prophètes, les pasteurs et les enseignants. Barnabas, nous nous en souvenons, a accepté Paul sur la base de son appel.

C’est ce qu’il a expliqué aux frères devant lesquels il a soutenu son compagnon. En le faisant, il ne se contentait pas de présenter un nouveau dirigeant plein de talents ; il donnait l’assurance qu’il reconnaissait l’appel de Dieu dans sa vie. Ainsi, cet appel a été reconnu comme le signe que Dieu revendiquait la vie de Paul ; c’était le fondement du ministère de cet homme.

Nous voyons ensuite Paul reconnaître l’appel de Dieu dans la vie de Timothée. Ce dernier, jeune dirigeant récemment « découvert », ressemblait à une tendre pousse qui devait croître et se développer afin de parvenir à maturité. Il était nécessaire de voir se manifester en lui les capacités d’un dirigeant ; il devait acquérir une connaissance spirituelle, apprendre à connaître l’homme et aussi à mûrir dans son jugement. Paul s’est par conséquent chargé de l’instruire sur le plan pratique, et il l’a fait en pensant à ses capacités de dirigeant. Pour commencer, il a déclaré que Timothée avait reçu son don au travers d’un message de Dieu (1 Timothée 4.14). L’appel divin était donc ce sur quoi Paul s’appuyait pour reconnaître les qualités de leader de Timothée.

Paul et Timothée étaient tous deux des pasteurs et des prédicateurs. Nous leur accordons une place tout à fait particulière. Qu’en est-il maintenant de ces chrétiens chargés de diverses responsabilités et qui ne sont ni prédicateurs, ni serviteurs de Dieu à plein-temps dans l’Eglise ? Ont-ils été appelés, eux aussi ?

Dans le plan de Dieu, il existe certainement des appels uniques. Les ouvriers sont répertoriés de manières différentes. L’église locale a besoin de pasteurs ayant reçu l’appel de Dieu et officiellement reconnus en tant que dirigeants spirituels— ce sont les bergers du troupeau. Dans la plupart des cas, ces hommes ont reçu une instruction spécialisée ; ils doivent pouvoir se consacrer entièrement et même, pour autant que cela soit possible, exclusivement au ministère de l’Evangile. Tous les membres doit les respecter, et ils doivent être consultés dans tout ce qui touche aux activités de la communauté locale.

Le ministère à plein temps mis à part, chaque chrétien authentique peut être appelé à servir d’une manière ou d’une autre. Les paroles de Paul à Timothée nous rappellent que même un travailleur doué et appelé par Dieu a besoin d’être enseigné ; il doit se développer. Ceci nous conduit à la
conclusion que tous les dirigeants chrétiens ont été désignés par Dieu et qu’ils doivent croître dans l’exercice de leurs responsabilités. Si nous voulons utiliser toutes nos ressources dans l’Ïuvre du Seigneur, nous devons assumer les deux responsabilités suivantes :

1. Reconnaître l’importance de l’appel de Dieu dans notre vie et dans celle des autres.

2. Développer nos propres dons tout en aidant les autres à développer les leurs.

Etudier le développement d’un dirigeant

Pour bien comprendre l’importance d’un tel développement, il faut savoir ce que l’on entend par leadership et ce qui se cache derrière un tel concept. Nous savons que certains individus sont appelés par Dieu pour répondre à toutes sortes de besoins. Parmi ceux qui sont ainsi appelés et dont le Seigneur peut se servir, tous n’en sont pas pour autant des dirigeants. Ce sont néanmoins des gens remarquables, « à l’avant-scène », dirons-nous. Nous citerons parmi eux les prophètes, comme Esaïe et Jean-Baptiste. Ils influencent beaucoup de personnes et donnent gloire à Dieu. Leur ministère principal consiste à communiquer la Parole de Dieu plutôt qu’à travailler avec d’autres.

Certains de ces personnages à l’avant de la scène ressemblent davantage à des acteurs ou à des « étoiles ». Ils sont profondément admirés. Ils exercent souvent une grande influence et se montrent utiles dans l’oeuvre du Seigneur. Cependant, la plupart du temps, leur taux de popularité diminue et ils ne laissent derrière eux que peu de choses, ayant attiré trop d’attention sur eux-mêmes. Souvent, ces hommes oublient d’en former d’autres capables de continuer leur travail, ce qui fait qu’après avoir établi une oeuvre, ils n’en obtiennent rien, car une grande partie de cette dernière disparaît.

Parmi ceux qui sont ainsi en première ligne, nous citerons également les « patrons » ou les surveillants. Pour eux, ce qui compte c’est l’accomplissement de la tâche. Ils s’attendent à ce que les autres leur obéissent parce qu’ils sont à la tête de l’opération. Ils contribuent souvent à atteindre des objectifs précis et à faire en sorte que le travail soit effectué. Ceux qui sont sous leurs ordres sont cependant malheureux ; ils ne
s’intéressent guère à ce qu’ils font et ne développent aucun talent capable de les entraîner vers un but plus élevé.

Si vous désirez être un véritable dirigeant, votre don le meilleur consiste certainement à aimer et à respecter les autres ; vous devez être empreint du désir de travailler à leurs côtés au service du Seigneur. Vous remarquerez, en lisant les lettres de Paul, que ce dernier s’adresse à Timothée en se plaçant à deux niveaux différents. Dans la première phrase, il lui donne des instructions relatives à sa vie et à sa conduite. Dans la seconde, il lui indique ce qu’il doit enseigner à d’autres. Il prouve ainsi à ce jeune homme, comme à tous ceux d’entre nous qui lisons ces textes, qu’un dirigeant est sans cesse conscient de la tâche et des gens. Il apprend constamment et il croît en aidant les autres à en faire de même.

Ces quelques exemples démontrent la signification de la vérité selon laquelle un bon dirigeant n’est jamais trop loin de ceux qu’il dirige. La meilleure façon de développer nos propres facultés est de nous mettre sans tarder à en aider d’autres à développer les leurs. Il n’était pas demandé à Timothée de subir une formation complète qui lui permettrait, à un moment donné, de devenir un dirigeant capable de prendre les autres en charge. Le jeune homme a dû adopter cette idée merveilleuse : les bons dirigeants doivent constamment se laisser enseigner et ils continuent à se sentir concernés par la vie de leur prochain.

COMMENT CONTRIBUER AU DEVELOPPEMENT DES AUTRES

Revenez à la première page de votre leçon, et voyez une fois encore quelle est la situation entre le pasteur Minusan et le jeune Arthur. Cette illustration est donnée afin de nous rappeler que ce que nous pouvons tirer des exemples de Barnabas, de Paul et de Timothée est important pour les dirigeants aujourd’hui. Dieu est encore à l’Ïuvre au travers de ces hommes qui, après avoir reçu son appel, se développent en accord avec les Ecritures. Lorsque la tâche s’intensifie, les dirigeants comme le pasteur Minusan voient la nécessité de s’entourer de collaborateurs. Les chrétiens
consacrés comme Arthur sentent la main de Dieu sur leur vie et souhaitent accepter de nouvelles responsabilités.

Alors que l’Ïuvre du Seigneur progresse, des besoins se manifestent et de nouveaux dirigeants capables d’occuper des positions appropriées sont nécessaires. Les frères les plus mûrs et les plus expérimentés doivent savoir comment recruter et former des dirigeants plus jeunes. Les jeunes chrétiens et ceux qui commencent à se charger de rôles importants doivent accepter de se laisser guider et diriger. Quelle que soit votre position en ce
moment, il est nécessaire de comprendre le rôle joué par le pasteur Minusan et par Arthur.

En tant que dirigeant, votre but le plus important est probablement celui qui consiste à former des qualités de dirigeant chez les autres. Imaginez par exemple que vous êtes responsable de la jeunesse ; vous serez appelé à aider les membres de votre groupe en leur montrant comment assumer leurs responsabilités au sein de leur famille, à l’école et dans l’église. Si vous êtes à la tête du groupe d’hommes, vous devrez former des dirigeants de famille et des frères capables de diriger dans leur travail. Tout chrétien a besoin d’une formation quelconque au leadership.

Comment favoriser le développement des autres ?

Les premiers livres modernes sur le leadership ont été écrits par des gens dont l’intérêt reposait sur des objectifs commerciaux et une production industrielle. Ces livres donnent toutes sortes d’instructions sur la façon d’encourager les hommes à travailler selon la volonté d’un dirigeant ou d’un « patron ». Les dirigeants chrétiens ont lu certains de ces ouvrages et ont commencé à utiliser plusieurs des méthodes recommandées. Dans la plupart des premières études faites sur le leadership, l’accent était placé sur les méthodes de persuasion. Les dirigeants chrétiens, soucieux de prouver leur efficacité et leur utilité dans l’oeuvre du Seigneur, désiraient savoir comment établir le contrôle et l’autorité. Ils désiraient motiver les gensles encourager à travailler vers des objectifs qu’ils jugeaient importants.

Plus récemment, les dirigeants dans le secteur du commerce et de l’industrie, ainsi que ceux au sein du gouvernement et dans l’enseignement, ont dû reconnaître que leurs méthodes n’étaient pas toujours à la hauteur. Ils ont donc annoncé la découverte de nouvelles et meilleures techniques. Le chrétien ne devrait pas être surpris de s’apercevoir que ces « nouvelles » idées sont semblables à celles adoptées par les plus grands serviteurs de Dieu et décrites dans la Bible.

L’auteur de ce manuel, après avoir commencé à rédiger ce cours, a eu l’occasion d’assister à un colloque de deux heures durant lesquelles un expert célèbre a présenté la notion de leadership. Cet homme a pris soin d’utiliser tous les termes modernes pour parler de psychologie et de direction. Il a décrit des dizaines de situations et de problèmes différents. Nous attendions avec impatience qu’il nous apprenne quelque découverte nouvelle, mais soudain, la source de ses belles paroles s’est trouvée à sec.

« Et bien », nous dit-il, « à la suite de recherches approfondies, nous sommes parvenus à la conclusion qu’il existe un seul genre de méthode vraiment fondamental et dont l’efficacité soit constante. Cette méthode se base sur l’idée qu’il est nécessaire de s’intéresser aux autres ». Savoir s’intéresser
aux autres ! Nous n’avions pas besoin de payer un droit d’entrée et d’écouter le verbiage d’un professeur pour apprendre cela ! Nous l’avons découvert en étudiant la Bible. Pourquoi nous est-il parfois si difficile, à nous chrétiens, d’accepter que toute vérité est celle de Dieu ? En dehors du fondement établi par les Ecritures, nous ne pouvons trouver aucune sagesse, aucune méthode positive dont les résultats soient évidents, lorsque nous travaillons avec les autres.

Etudions à présent certains des principes énoncés dans les meilleurs écrits professionnels sur le leadership. Nous découvrirons que chacun d’entre eux est compatible avec l’enseignement et le comportement de Barnabas et de Paul.

Soyez conscients des talents et des aptitudes de ceux que vous cherchez à diriger. Dans le cas d’un dirigeant chrétien, cela comprend la reconnaissance de l’appel et des dons de Dieu dans la vie qu’une autre personne.

Acceptez les caractéristiques de chacun, aussi différentes soient-elles. Ne croyez pas que toute différence constitue un problème à éliminer. Souvenez-vous que les antécédents différents de Paul et Timothée ont été acceptés et sont devenus des atouts dans l’oeuvre du Seigneur.

Aidez les gens à adapter leurs différences de qualité à la situation. Offrez-leur votre soutien afin qu’ils se sentent acceptés parmi ceux avec lesquels ils travaillent. Permettez-leur de discerner les besoins auxquels ils peuvent répondre. Pensez à ce que disait Paul en affirmant qu’il était heureux d’occuper la place unique d’apôtre des Gentils.

Aidez les autres à comprendre exactement ce que l’on attend d’eux. Expliquez et interprétez les attitudes et les comportements appropriés à chaque situation, afin que chacun ait la chance de s’adapter. Faites connaître les raisons de vos actes et de vos exigences. Aidez les nouveaux à s’habituer au cadre, à l’histoire et aux habitudes particulières d’un certain groupe. Souvenezvous de la façon dont Paul le faisait lui-même dans ses lettres à Timothée, rappelant ainsi au jeune homme son passé et le préparant à l’avenir ; il lui donnait aussi des instructions et une
formation précises.

Permettez à vos collaborateurs de savoir que vous vous souciez d’eux, pas seulement en tant qu’ouvriers, mais aussi en tant qu’individus. Se soucier de quelqu’un n’est pas une chose superficielle ; c’est une attitude authentique, exprimée en actes et en paroles.

Exprimez votre appréciation face à un travail bien fait. Un avertissement s’impose. Votre mot d’appréciation ne doit pas être personnel. Ne dites jamais dans le cas particulier : « Je vous aime beaucoup. Vous m’êtes sympathique ». Pendant quelques instants, la personne éprouverait un sentiment agréable mais cela ne l’aiderait guère dans le développement de ses talents et de ses dons. Vous devez déterminer avec précision les capacités et la contribution d’une personne. Les gens ont besoin d’être appréciés et reconnus pour ce qu’ils font réellement. Les paroles les plus profitables ressembleront à celles-ci : « Le programme que vous avez préparé était excellent. Il répondait à un besoin réel ».

Reconnaissez que le développement des autres contribue à votre propre réussite. L’Ïuvre de Dieu n’offre aucune place à la concurrence. Lorsqu’un dirigeant a peur de favoriser la croissance d’un autre, sa position s’en trouve affaiblie. Ce n’est pas en faisant preuve d’une assurance autoritaire que les dirigeants développeront leur crédibilité avec les autres ni la confiance en eux ou en Dieu. Les sentiments que nous éprouvons à l’égard de nous-mêmes, l’idée de notre propre personne, tout cela est important aussi longtemps que nous reconnaissons être les serviteurs de notre Seigneur. Selon les experts, cette idée du moi résulte de la façon dont les autres se comportent à notre égard. Pour le chrétien, la meilleure manière d’avoir une idée de sa propre personne est d’aider quelqu’un d’autre à se former une opinion de lui-même et à réaliser qu’il est important dans l’oeuvre du Seigneur. Un dirigeant étend son influence et prouve son efficacité en aidant les autres et en s’entourant de collaborateurs compétents. S’il éprouve un sentiment d’insécurité dans sa position, s’il néglige de reconnaître la contribution des autres, il s’affaiblira.

Partagez autant que possible l’idée des objectifs à atteindre et des décisions à prendre. Au lieu de pousser les autres à oeuvrer en direction du but que vous avez vous-même fixé, dites-leur que ce même but est aussi le leur. Ne vous contentez pas de l’annoncer évidemment. Montrez avec clarté que vous ne tenez pas à être aidé dans votre ministère, mais que vous êtes en présence de frères et soeurs avec un ministère et des objectifs identiques aux vôtres. Vous n’arriverez au but que si vos collaborateurs arrivent au leur. Nous avons là le principe fondamental lorsque nous travaillons dans un
corps uni. Les dirigeants chrétiens qui s’attendent à prendre toutes les décisions et à se faire aider dans leur ministère connaissent inévitablement l’échec. Le succès est réservé à ceux dont les collaborateurs sont invités à partager les décisions. Ces hommes ne disent pas : « Travaillez pour moi », mais « Travaillons ensemble pour le Seigneur ».

Aidez les gens à développer en eux le goût de l’ordre et de la discipline. La plupart des individus travaillent beaucoup mieux s’ils reçoivent des directions précises et Ïuvrent selon des plans qu’ils comprennent. Des règles sévères ne favoriseront pas la réussite ; seule une structure appropriée y parviendra. Un bon dirigeant sait comment anticiper les choses ; il fixe des limites et des normes, organise ses collaborateurs, coordonne leur travail et leur matériel. Dans notre prochaine leçon, nous étudierons comment planifier, coordonner et organiser les choses.

Sujets de méditation et d’analyse personnelle. Quels sont les dons et les talents que vous pensez avoir reçus du Seigneur ? Considérez-vous ce cours comme un pas de plus dans le développement de ces talents ? Qu’avez-vous retiré des exemples bibliques cités dans ce chapitre et destinés à favoriser
votre croissance sur le plan personnel et dans votre rôle de dirigeant ? Savez-vous comment vous pourrez vous servir de telles connaissances pour aider quelqu’un d’autre ?

 

Prochaine leçon