Leçon 7: Accepter des responsabilités

« Nous sommes en face d’un défi de grande envergure ! Le monde entier présente des changements extraordinaires, dans le domaine social en particulier, et nous assistons à de vastes mouvements de la population. Les gens de la campagne s’en vont à la ville. Certains quittent leur pays pour aller chercher ailleurs de meilleures conditions de vie. Parmi ceux qui arrivent ici, beaucoup ne parlent pas notre langue et observent des coutumes qui nous sont étrangères. Dans divers groupes appartenant à des religions différentes, on voit les gens venir à Christ ; ils s’efforcent ensuite de s’intégrer à nous. Je pense à un quartier assez éloigné de notre ville où il existe un nombre important d’immigrants chez lesquels nul n’a jamais apporté l’Evangile. Il y en a cependant qui ont reçu Christ, qui se sont convertis, mais ils ne savent pas où se réunir car ils n’ont pas de lieu de culte. Ils ne peuvent venir chez nous car ils ne possèdent pas de moyens de locomotion. Je suis cependant convaincu que nous avons une responsabilité à leur égard. J’aimerais que nous leur consacrions une partie de nos revenus afin qu’ils puissent construire un sanctuaire. J’aimerais aussi que plusieurs d’entre vous s’engagent à les diriger et à les aider à se mettre au travail ».

C’est un pasteur qui s’exprima de cette manière. Il avait réuni les chrétiens de son église afin de leur présenter un projet que le Seigneur avait placé sur son cÏur. Certains ne tardèrent malheureusement pas à s’y opposer.

« Nous n’avons pas beaucoup d’argent et nous pouvons tout juste faire face à nos propres dépenses ! »

« Comment abandonner la bénédiction dont nous jouissons ici, cette chaude communion fraternelle, pour nous mêler à ces genslà ? Nous avons d’ailleurs très peu de frères responsables dans notre église. Et n’est-il pas dangereux d’aller dans ce quartier ? »

Un jeune homme se leva alors et prit la parole sans hésitation. « Mes frères et soeurs » dit-il, « je suggère que nous changions notre attitude concernant le but d’une communauté. Nous ne pouvons nous contenter d’être un groupe d’enfants de Dieu qui jouissent de leur bonheur et de leur vie confortable. Il existe des objectifs importants. Même si l’église pourvoit à nos besoins, nous devons travailler afin de gagner d’autres personnes et de partager notre amour avec elles. Je contribuerai à la réalisation de ce projet ».

Cette situation authentique illustre bien certains des problèmes de notre époque rencontrés par bon nombre de serviteurs de Dieu ; il y a d’abord la nécessité de faire comprendre l’importance et la nature des objectifs poursuivis, puis celle qui consiste à demander aux gens d’accepter des responsabilités qui permettraient de les atteindre. Le récit biblique où sont exposés de tels principes est celui d’Esther.

Dès le début de ce cours, nous avons mis l’accent sur trois idées principales en parlant du concept de la direction spirituelle. Nous avons vu la place des hommes, qu’ils soient parmi ceux qui dirigent ou ceux qui suivent, leurs différentes tâches et enfin leurs buts. Dans la première partie, nous nous sommes surtout intéressés aux gens eux-mêmes ; nous avons parlé des hommes. Nous avons porté toute notre attention sur ce qui fait la caractéristique des dirigeants spirituels et sur les relations qu’ils entretiennent avec les autres. Dans la seconde partie, nous avons examiné les tâches. En considérant les fonctions de ceux qui sont appelés à diriger, nous avons aussi étudié les techniques de leur travail. Maintenant, dans la troisième partie, nous parlerons des buts dont nous verrons la nature et l’importance. La leçon 8 nous enseignera comment se servir de ces buts lorsqu’on doit dresser des plans et se lancer dans l’action. La leçon 9 nous apprendra à encourager les gens et à les aider à atteindre les objectifs qui ont été fixés.

Il est évident que, dans la vie, on ne peut séparer les idées en établissant une distinction entre les hommes, leurs tâches et leurs buts. Nous verrons, dans le récit d’Esther par exemple, quel est le rapport entre ces différents points et comment ils s’associent entre eux.

ESTHER: UN LEADER A LA VOLONTE AFFIRMEE

On peut être appelé à diriger de plusieurs manières. Souvent, un chef semble émerger alors que des besoins se manifestent au sein d’un groupe. On le suit car il parait être celui par l’intermédiaire duquel il y sera répondu. Pour qu’un chef devienne une nécessité, il faut que l’on ait un but (un problème à résoudre, par exemple). Le genre d’objectif ou de problème viendra alors déterminer ou influencer grandement celui dont on aura besoin. C’est la raison pour laquelle il est impossible de donner une liste de caractéristiques particulières. La plupart des dirigeants semblent posséder plusieurs qualités communes, mais les exemples bibliques sur lesquels nous nous sommes penchés prouvent qu’il existe aussi des dirigeants totalement différents les uns des autres.

L’histoire d’Esther est l’illustration de l’un de ces cas où l’on voit un chef surgir à l’heure de la nécessité. Le livre commence par une description du problème. Avez-vous une image claire des événements dont il nous est parlé dans ce chapitre exceptionnel de l’histoire ?

A l’époque où le roi Xerxès (appelé Assuérus dans la Bible) célébrait ses richesses et sa puissance, la reine Vasthi, sa femme, refusa de lui obéir. Pour bien prouver sa force et son autorité, le souverain déclara en public ce qu’il avait l’intention de faire : il allait se séparer d’elle, la répudier et la bannir du palais.

Dans ce pays, un édit officiel du roi devenait loi pour l’éternité ; nul ne pouvait le révoquer, pas même le souverain qui l’avait signé. Xerxès se mit bientôt à regretter sa compagne mais, lié par son décret officiel, il ne pouvait la rappeler auprès de lui. On lui conseilla donc de la remplacer par une jeune fille vierge choisie parmi les plus belles filles du royaume. On organiserait une sorte de concours de beauté et l’on choisirait ainsi la nouvelle reine.

Il y avait, parmi les sujets du roi, des exilés juifs. Bon nombre d’entre eux s’étaient adaptés à leur vie en captivité et, grâce à leur caractère et à leurs aptitudes, ils avaient obtenu des positions très en vue. L’un de ces hommes était Mardochée. Sa cousine, Esther, était considérée comme sa fille car elle avait perdu ses parents. Esther était une jeune fille charmante et gracieuse. Elle fut choisie pour se rendre auprès du roi par ceux qui se trouvaient à la recherche de belles jeunes vierges. Mardochée lui recommanda cependant de ne pas dire qu’elle était juive. Le roi ne posa aucune question au sujet de sa famille ; son intérêt se porta uniquement sur sa beauté et ses manières délicates. Il la préféra à toute autre femme et il la choisit pour en
faire sa reine. Esther reçut alors le palais de cette dernière, de somptueux vêtements, une couronne, des servantes—tous les privilèges et le luxe dignes du rang de reine.

Parmi les serviteurs les plus haut placés du roi, il y avait Haman, un homme ambitieux et rempli d’égoïsme qui haïssait les Juifs. Haman était furieux de constater que Mardochée refusait de s’incliner devant lui. « Non seulement il m’offense, » se plaignait-il amèrement, « mais il appartient aussi à ces maudits Juifs. Je trouverai bien le moyen de le punir, lui et tous ses compatriotes ! »

Haman fit croire au roi que les Juifs représentaient une menace pour son royaume et qu’ils étaient une source de tracas continue. Il lui fit comprendre qu’ils n’avaient aucun respect pour la couronne et devaient être éliminés. Il le persuada de signer un décret, et aussitôt fut établi un plan en vue de l’extermination des Juifs.

Mardochée, en apprenant la nouvelle, réalisa que les Juifs avaient une chance d’échapper au massacre. Si le roi apprenait que l’arrêt de mort concernait aussi sa reine, peut-être chercherait-il à les sauver, elle et son peuple. Esther était la seule personne qui fût en position de répondre au besoin de l’heure. Mardochée lui demanda par conséquent de se rendre auprès du roi et d’implorer sa miséricorde en faveur de tous les Juifs.

Que faire ? Mardochée ignorait-il que la jeune femme ne pouvait entrer chez le roi sans y avoir été invitée ? Il existait une loi très stricte selon laquelle toute personne enfreignant les règles serait saisie par les gardes du souverain et mise à mort. Cette loi était irrévocable. Le décret ordonnant la mort des Juifs l’était aussi. Esther avait-elle la moindre chance ? Le roi, il est vrai, pouvait tendre son sceptre d’or vers celui ou celle qui s’approchait de lui, mais le risque à courir était énorme.

« Tu connais la loi, » dit Esther à Mardochée. « Le roi ne m’a pas invitée chez lui depuis trente jours ».

Mardochée rappela alors à sa cousine qu’elle était juive. « Ce n’est pas en étant reine que tu peux espérer échapper au massacre, » ajouta-t-il. « En sauvant ton peuple maintenant, tu te sauveras toi-même. Peut-être est-ce en vue d’une heure comme celle-ci que tu es parvenue à la royauté ».

Il est intéressant de remarquer que le nom d’Esther signifie « étoile ». La jeune femme occupait une position élevée parce que Dieu lui avait accordé les qualités nécessaires et les occasions d’être, en quelque sorte, une étoile. Mais pour Esther, comme pour tous ceux que Dieu appelle, une telle position n’était pas en vue d’un pouvoir ou d’une joie personnelle. La reine ne pouvait, à elle seule, être une étoile ; la place qu’elle occupait devait servir à son peuple tout entier. Dès ce moment là, nous la voyons se comporter comme un véritable chef. « C’est entendu, » dit-elle, « j’irai, même si c’est dangereux. Si je dois périr, je périrai. Je subirai les conséquences de ma décision ».

Esther non seulement possédait plusieurs des qualités d’un chef, mais elle se mit aussi immédiatement à agir comme quelqu’un qui dirige. Un plan se formait déjà dans son esprit, et elle comprenait que le peuple entier devait y participer. Elle avait besoin du soutien de chacun. Elle demanda aux Juifs de jeûner pendant trois jours, promettant qu’elle et ses servantes feraient de même. Elle leur fit part de ces détails avec précision.

Au cours des trois jours suivants, elle fit plus que jeûner. Elle se mit à la tâche en établissant des plans et des préparatifs après avoir imaginé une série d’actions. Premièrement, elle demanderait au roi et à Haman de venir prendre un repas chez elle afin de pouvoir choisir ensuite le moment et la façon de présenter sa requête. Elle veillerait à respecter la loi, dans la mesure du possible, et elle donnerait au roi l’occasion d’imaginer lui-même une solution. Elle confia à ses servantes le soin de tout préparer pour le banquet.

Le troisième jour, elle revêtit ses habits royaux et se rendit à la salle du trône. Elle agissait avec audace mais aussi avec une dignité tranquille. Osant ainsi défier les règles imposées par le roi, elle se trouvait sous la menace de mort. Elle était cependant prête à se comporter de cette manière car elle avait en vue un but d’une extrême importance. Veillant à n’offenser personne inutilement, elle portait la robe qui s’imposait en de telles circonstances, et elle s’exprima comme elle devait le faire. Sa vue plut au roi. Elle n’eut alors qu’à tendre la main, humble dans sa victoire, et à toucher le sceptre d’or.

Esther suivit son plan de manière sensée. Elle eut soin de ne pas crier immédiatement son souci à l’égard de son peuple mais demanda plutôt au roi de dîner avec elle, ce qui lui permettrait d’aborder la question de la meilleure façon possible. Petit à petit, elle conduisit le souverain à discerner la situation et à se laisser convaincre d’accepter les Juifs.

COMPRENDRE LA NATURE DES BUTS

Revenez au premier exercice que vous venez de terminer. Vous voyez que les points a (elle désirait le salut de son peuple) et c (le roi dut se laisser persuader) sont tous deux considérés comme des buts. En quoi se ressemblent-ils ? Qu’ont-ils en commun qui leur permette d’avoir le même nom ? Vous remarquez qu’ils expriment tous deux un certain résultat final qu’il faut atteindre. Quel est maintenant ce qui les différencie ? La différence se remarque au travers du récit d’Esther. La jeune femme désirait le salut de son peuple ; c’était là le but final auquel elle aspirait. Et pour y parvenir, elle devait persuader le roi de libérer les siens du décret qui les condamnait à une mort certaine. Pour atteindre le but final, il faut d’abord prévoir
d’autres objectifs et y aspirer sérieusement. Dans l’oeuvre de Dieu, le but final est à caractère spirituel ; il est vaste. Nous lui donnons le nom de « but institutionnel ». Ce qui compte avant tout est de gagner le monde à Christ. Dans les groupes locaux, quels qu’ils soient, on poursuit un but institutionnel, en travaillant pour Dieu, et pour l’atteindre, on fixe des buts opérationnels, ce que nous pouvons appeler aussi des objectifs.

Notez à nouveau de quelle façon Esther passa d’un objectif à l’autre. Elle devait gagner l’approbation du roi puis s’assurer qu’il comprenait bien la situation afin de pouvoir agir comme il convenait. Cet homme étant incapable de révoquer le premier décret, il devint essentiel de trouver le moyen de sauver les Juifs tout en respectant la loi. Le souverain parvint à préserver son honneur en donnant à ce peuple la permission de se défendre. Quant à Esther, parce qu’elle cherchait à atteindre un but final important et clair, elle put fixer, pour elle et pour ses servantes, une série d’objectifs bien définis. Chaque fois qu’elle atteignait un objectif, elle se rapprochait du but final ou institutionnel.

La raison pour laquelle il est important d’avoir des objectifs

Dans l’oeuvre de Dieu, le but final ou institutionnel est une chose évidente, et c’est pourquoi il arrive souvent que de nombreux dirigeants spirituels ne soient pas conscients de l’importance des objectifs intermédiaires précis. Ils tendent à penser qu’il suffit de « faire la volonté de Dieu » et de « gagner des âmes ». D’autres sont peu disposés à fixer des objectifs car ils préfèrent rester ouverts à la direction de l’Esprit. Nous avons cependant appris, dans cette leçon, combien il est indispensable de chercher une direction spirituelle au stade des préparatifs afin de se montrer à la hauteur, si l’on est appelé à diriger. Les gens travaillent beaucoup mieux et sont plus heureux lorsqu’ils ont devant eux des objectifs clairs. Si, dans l’église, on rencontre du mécontentement et des pertes inutiles, c’est souvent parce qu’il y a eu négligence sur ce plan particulier. Par contre, si vous veillez à établir des objectifs, l’effet produit sera très grand, dans vos efforts de dirigeant spirituel.

1. Les objectifs permettent de gagner du temps, de l’énergie et des ressources. En établissant des objectifs clairs, il est possible de canaliser l’usage de nos ressources afin d’éviter tout gaspillage et toute confusion. Sans objectifs, certaines tâches seront peut-être oubliées tandis que d’autres seront répétées plusieurs fois. On dépensera de l’argent pour une chose non essentielle alors qu’on négligera un besoin réel. Une personne travaillera trop et une autre n’en fera pas assez.

2. Les objectifs entraînent la coopération. Les gens comprennent la nécessité de travailler ensemble lorsqu’ils discernent une raison évidente à leur collaboration. Il arrive parfois que certains refusent de s’engager en entendant simplement ceci : « Mettons-nous au travail tous ensemble ». Le fait de « travailler ensemble » ne suffit pas, lorsqu’on est appelé à fournir un effort, si le résultat désiré n’est pas clairement déterminé.

3. Les objectifs permettent de juger de la valeur d’une chose. Une activité engendrera les meilleurs résultats si l’on est capable de la mesurer. Dans le cas contraire, les gens se montreront satisfaits d’un travail médiocre. Ils se sentiront très occupés sans savoir exactement ce qu’ils font. Lorsque des objectifs sont établis à l’avance, on peut juger des résultats obtenus. Il devient alors possible d’aider les travailleurs à sentir le besoin d’une amélioration ou, d’un autre côté, on peut leur procurer la satisfaction de savoir qu’ils ont bien accompli leur tâche. On peut aussi découvrir les points faibles d’une organisation et diriger ses efforts intelligemment.

4. Les objectifs permettent de découvrir dons et talents. Lorsque le résultat souhaité est énoncé, les gens parviennent à mieux comprendre quels dons et quels talents seront nécessaires à son obtention. On commence à découvrir en soi et chez les autres des compétences précises en relation avec la tâche proposée. Esther n’avait probablement jamais pensé qu’elle serait capable d’entreprendre ce qu’elle fit jusqu’au jour où elle devint consciente d’un besoin auquel il fallait répondre. Dès que nous nous mettons à songer à des objectifs précis, nous pouvons confier des tâches à ceux qui possèdent les qualités requises. Des collaborateurs offriront leurs services de plein gré, et l’on verra émerger alors de nouveaux dirigeants.

SAVOIR ACCEPTER DES RESPONSABILITES

La seconde réponse de l’exercice précédent n’est certainement pas la bonne. La tâche qui consiste à se fixer des objectifs, qu’ils soient destinés à celui qui dirige ou à ses collaborateurs, est l’une des plus difficiles. Elle est difficile parce qu’elle exige une honnêteté absolue et le désir d’accepter des responsabilités à n’importe quel prix.

Pensez à notre exemple où il est question d’une église dans une grande ville. Le pasteur se sent responsable. Il est prêt à faire des sacrifices en puisant dans les fonds de la communauté et en demandant à ses collaborateurs de l’aider à créer une nouvelle église. Il veut bien accepter la critique en demandant à ces gens de faire aussi quelques sacrifices. Esther se trouvait dans une situation semblable. Mardochée lui ayant jeté un défi, elle se mit
à sentir le poids de ses responsabilités à l’égard de son peuple. Lorsqu’on se met à songer au but véritable de l’église et que les objectifs s’éclairent, on commence à s’engager véritablement et l’on accepte d’assumer des responsabilités.

Le jeune homme qui offre son aide le fait parce qu’il a soudain compris le véritable but de l’église. Il veut bien faire face à la réalité et se charger de responsabilités.

C’est un psychiatre, William Glasser, qui nous aide à comprendre comment envisager la réalité et accepter des responsabilités. En travaillant avec des gens malheureux, incapables de s’adapter aux exigences de la société, cet homme a découvert que leurs difficultés provenaient en grande part de leur
refus d’accepter la réalité comme elle l’était. Ils s’excusaient eux-mêmes constamment, rejetant leurs problèmes sur autrui ou sur les circonstances. Si Esther avait adopté la même attitude, elle aurait pu dire : « Oh, si seulement je n’étais pas une femme ! Si seulement le roi n’était pas aussi obstiné ! » Cette femme se montra cependant prête à admettre les faits et à se lancer dans la tâche avec ce dont elle disposait.

Pour Glasser, il n’y a pas d’autre moyen de jouir d’une vie productive et réussie. Mais, lorsqu’on est appelé à diriger, on peut réussir d’une autre façon encore. Glasser suggère que, pour tirer pleine satisfaction de sa vie, il faut se montrer prêt à endurer certaines privations, si le but l’exige. Un engagement, dit-il, conduit à la liberté. Le jour où nous considérons les conséquences en toute honnêteté, en décidant de prendre des mesures appropriées, nous acquérons une confiance en nousmêmes, et notre travail de dirigeant gagne en efficacité. Les dirigeants spirituels ont en outre l’avantage de savoir que, s’ils ont confiance en eux-mêmes, c’est parce qu’ils ont placé leur confiance dans le Seigneur.

En quoi cet engagement conduit-il la jeune femme à un sentiment de liberté ? Ne pensez-vous pas qu’Esther est soudain délivrée d’une grande partie de ses craintes ? Elle ne formule plus la moindre excuse. Elle s’est prouvé à elle-même qu’elle était capable de prendre une décision difficile. Elle est désormais libre d’avancer par la foi.

Aider les collaborateurs à faire face à la réalité

Les objectifs doivent être réalistes. Il est parfois facile de se laisser tenter par de grands résultats que l’on proclamera « par la foi ». Si la foi et la confiance en Dieu doivent être exprimées, il faut cependant veiller à ce que les gens ne s’abandonnent pas à leurs émotions en s’attendant à des choses irréalisables qui les conduiront au découragement et les empêcheront de collaborer dans l’avenir. Celui qui dirige a la responsabilité de savoir exactement où il en est; il doit être absolument certain de sa position de foi avant de faire des déclarations et d’engager les émotions des autres. Vous pouvez juger de la réalité d’un but en vous demandant si vous êtes prêt à en examiner la valeur et à en rapporter les résultats à ceux qui travaillent à vos côtés. Croyez-vous qu’un tel objectif puisse être atteint en fournissant un effort raisonnable ?

Les obstacles doivent être expliqués. Le dirigeant qui conduit ses collaborateurs vers des objectifs réels n’essaie pas de brosser un tableau de la tâche en éliminant toute difficulté. La plupart des travailleurs apprécient un chef qui admet les problèmes, en réclamant leurs prières et leurs suggestions. Lorsque l’un d’entre eux exprime des doutes, rencontre des difficultés, le dirigeant ne doit pas chercher à minimiser les faits. Il admettra la situation
telle qu’elle se présente et témoignera de l’intérêt à son collaborateur. La plupart de ceux qui sont engagés préfèrent quelqu’un qui leur dise : « Je sais que c’est une tâche difficile ». Ils rejetteront plus volontiers le dirigeant qui osera prétendre que ce n’est pas aussi difficile qu’on le croit.

Aucune excuse ne peut être acceptée. Déjà dans le Jardin d’Eden, nous voyons l’homme chercher à s’excuser en rejetant la faute sur autrui, sur le diable ou sur les circonstances, alors qu’il fait face à un problème ou à un échec. Celui qui formule la moindre excuse rejette sa propre responsabilité et, par conséquent, il voit sa position perdre de sa force ; à ses yeux , elle n’est plus la même. Quant à nous, si nous acceptons des excuses, nous ne montrons aucune bonté mais nous échappons plutôt à nos responsabilités. Le dirigeant intelligent prendra sur lui ce que Glasser appelle la plus
grande tâche de l’humanité : il enseignera aux autres à accepter la responsabilité de leur propre conduite.

Toute personne doit avoir le sentiment qu’elle est capable de parvenir à un but. Les excuses lui permettent d’éviter la réalité. Pour l’aider à réussir et, de ce fait, à contribuer au succès de l’église, le dirigeant doit se montrer exigeant dans l’accomplissement du travail. Si la personne offre la moindre
excuse, il ne doit pas se contenter de dire : « Oh, cela n’a pas d’importance ». Il doit au contraire agir avec amour et respect envers elle tout en l’aidant à vivre selon ce qui est attendu de chacun. Une telle attitude demande de la patience, de l’amour et un certain risque de la part de celui qui dirige.

Lorsque la tâche est accomplie avec succès, donnez à la personne tout le crédit qui lui revient. Mettez en évidence ses qualités et ses progrès. Expliquez-lui ensuite exactement ce que l’on attend d’elle. Fixez des objectifs et des normes. Donnez des instructions précises et assurez-vous que la personne comprend de quelle manière elle doit envisager la tâche. Priez avec elle et dites-lui bien que vous vous attendez à ce qu’elle parvienne au but proposé.

Faire face à sa propre réalité

Lorsqu’on veut diriger, il faut envisager le prix à payer. Tous les exemples bibliques nous l’ont montré. Seule une chose peut donner à ce prix un aspect raisonnable et facile : le but vers lequel tous les efforts se tendent. Les dirigeants spirituels savent qu’ils occupent une place unique dans le plan universel de Dieu. Leur but est le Sien ; leur objectif aussi. Il leur arrive cependant de rencontrer des moments de frustration et de découragement,
mais ils peuvent en triompher en adoptant, dans la prière, une façon de penser qui soit réaliste. Certes, les problèmes et les conflits demeurent. Nous sommes incapables d’y répondre avec succès Si nous refusons d’admettre la vérité absolue de la situation. Pour cela, il faut savoir adopter l’attitude d’Esther. Voici quelques-uns des faits à considérer:

1. Ceux qui dirigent sont des serviteurs, non des maîtres. Dans le monde même des affaires, aujourd’hui, celui qui est à la tête n’est plus considéré comme le « patron » ou le « chef » ; il devient un instructeur, un guide, quelqu’un qui assiste lorsqu’il s’agit d’établir des plans et d’organiser les travailleurs. Il y a fort longtemps, Jésus nous a instruits selon ce même style de direction, et au travers de l’histoire de l’Eglise ou du christianisme, nous voyons les hommes les plus grands suivre son exemple en allant jusqu’au sacrifice de leur vie.

2. Ceux qui dirigent travaillent davantage que ceux dont ils ont la responsabilité. Une étude a été entreprise afin de déterminer quels étaient les facteurs communs du succès de certains dirigeants. Les qualités de ces hommes peuvent être très différentes, leur personnalité aussi. Il en est qui se montrent autoritaires tandis que d’autres sont plus démocratiques. Un seul facteur peut cependant être appliqué à chacun d’entre eux : ils travaillent tous avec beaucoup d’ardeur. Ce sont des gens qui consacrent de longues heures à leur tâche, étudient davantage et consacrent plus d’effort à progresser sur le plan personnel que ceux qui travaillent pour eux.

3. Ceux qui dirigent sont souvent critiqués ; c’est sur eux que l’on rejette souvent la responsabilité. Il est évident que certains ne comprendront ni nos motifs ni nos méthodes avec lesquels ils ne seront pas d’accord. Nous commettrons aussi des erreurs ; nous froisserons peut-être les gens sans le vouloir. Si nous savons accepter de tels faits sans résister ou sans trop chercher à nous justifier ou à nous défendre, la critique pourra se transformer en bénédiction. Nous pouvons exercer sur nousmêmes un jugement réaliste et regarder au Seigneur qui nous aidera à nous améliorer comme il convient.

4. Ceux qui dirigent souffrent de solitude. Les dirigeants spirituels semblent jouir de popularité et de divers privilèges lorsqu’on les voit en public. Ils sont cependant plus seuls que n’importe quelle classe d’individus. Pour beaucoup d’entre nous, il est agréable de parler de tout et de rien avec d’autres, plutôt que de partager nos fardeaux et nos difficultés. Lorsque nous travaillons parmi les gens, nous pouvons le faire dans une certaine mesure mais lorsque des décisions majeures s’imposent nous devons assumer de vraies responsabilités ; nous nous retrouvons seuls devant Dieu. Nous devons aussi respecter les confidences, la confiance et les sentiments d’autrui. Il est indispensable de ne pas entraîner notre famille ou nos amis dans les affaires de l’église. Notre temps et nos forces doivent être consacrés à des choses que nul ne peut ni partager ni comprendre.

5. Ceux qui dirigent subissent toutes sortes de pressions. Il y a d’abord celle du temps. La tâche est si vaste ! Nous sentons aussi la pression causée par ce que les autres attendent de nous. Dans l’église, la plupart de ceux qui ont une position de responsabilité occupent une place intermédiaire, ainsi que nous l’avons vu. Ils dépendent de l’autorité du pasteur ou d’autres frères, et ils sont chargés de diriger d’autres groupes. Ceci conduit à une double pression car, d’un côté, ils sont parmi ceux qui suivent, et en même temps ils conduisent, ils exercent une autorité. Nous sommes alors sujets à un sentiment d’impuissance ; nous craignons de prendre de mauvaises décisions. Nous souhaitons que les gens nous apprécient et pourtant notre rôle nous appelle à nous montrer fermes.

Ce que nous avons considéré comme une façon de penser réaliste nous oblige à voir quelle est l’importance des objectifs spirituels en relation avec une situation réelle, faite de problèmes et d’obstacles. La conclusion d’une telle expérience est que nous pouvons accepter une position de responsabilité en comprenant pleinement ce qui est attendu de nous. De cette manière, nous ne nous retrouverons jamais, incertains ou sous l’effet d’une impulsion dans une situation pour laquelle nous ne sommes ni qualifiés ni préparés à nous engager comme le fit Esther. Que dit en effet cette dernière ? Pour une cause aussi grande, je m’offre sans réserve ; j’en subirai les conséquences.

16 Certains des cinq faits que nous venons d’aborder peuvent être aussi considérés comme des dangers pour le dirigeant spirituel. On exige de cet homme un travail acharné et beaucoup de discipline ; il doit s’attendre à être critiqué, accusé et incompris. Il se sentira en outre seul, en proie à diverses pressions. Esther, comme nous l’avons vu, offrit le sacrifice suprême en choisissant de subir les conséquences terribles de son choix. Dites, dans votre carnet, pourquoi vous êtes prêt à faire face aux risques d’une position de responsabilité.

 

Prochaine leçon