Leçon 9 : L’Église en période de conflit et d’attente
A la leçon 8, nous avons étudié les épîtres de Paul à Timothée, à Tite, celle de Pierre et l’épître aux Hébreux. Ces différentes lettres nous ont montré comment la structure de l’église s’était développée, et comment l’église avait appris à faire face à la persécution et était arrivée à mieux comprendre ses rapports avec le judaïsme. Dans cette leçon, nous étudierons les lettres qui ont été écrites au cours des années suivantes, c’est- à-dire après la mort de Paul. Sous bien des aspects, elles ont été des années difficiles pour la jeune église. De faux docteurs se sont levés afin de défier les vérités fondamentales du christianisme. La persécution s’est intensifiée. Certains croyants ont cédé à la tentation toujours croissante de se compromettre vis-à-vis du monde.
Une fois de plus, l’Esprit de Dieu a donné sagesse et direction. Au travers des lettres écrites de Pierre, Jude et Jean, les croyants ont été mis en garde contre toute fausse doctrine. Le livre de l’Apocalypse est venu les encourager à demeurer fidèles à Christ malgré la sévérité de leurs souffrances, et ils ont reçu une merveilleuse vision du retour glorieux et de la victoire totale du Seigneur. En étudiant cette leçon, vous apprendrez de nombreux faits qui vous aideront à saisir le sens de ces livres. Vous verrez aussi qu’ils contiennent un message puissant pour nous aujourd’hui. Nous sommes confrontés à de fausses doctrines et à des tentations semblables, et nous sommes beaucoup plus près de l’accomplissement des prophéties de l’Apocalypse que ne l’étaient les premiers croyants qui ont lu ces textes.
Nous étudierons d’abord les livres qui se dressaient contre un ennemi interne dans l’église primitive : les fausses doctrines. Nous verrons ensuite quelles sont les caractéristiques uniques du livre de l’Apocalypse, et son message merveilleux d’espérance et de triomphe.
L’EGLISE FACE A L’ERREUR : LES EPITRES DE
2 PIERRE ET DE JUDE, ET LES 3 EPITRES DE JEAN
Objectif 1. Savoir décrire le contexte et le contenu de 2 Pierre, de Jude et des trois épîtres de Jean, et reconnaître les fausses doctrines contre lesquelles ces lettres se
dressaient.
Paul avait déjà averti les anciens d’Ephèse, Timothée et Tite, en leur disant que des hommes redoutables s’introduiraient dans l’église et enseigneraient des choses contraires à la vérité (Actes 20.29-30 ; 2 Timothée 4.3-4 ; Tite 1.10-11). Dans 2 Pierre, Jude
L’Eglise en période de conflit et d’attente 213
et les 3 épîtres de Jean, nous voyons quelle a été la réaction d’autres dirigeants face aux erreurs précises qui ont fait leur apparition.
La seconde épître de Pierre
Cette épître a probablement été écrite entre l’an 65 et l’an 67 après Jésus-Christ. D’après son contenu, on peut présumer que Pierre l’adressait aux chrétiens auxquels il avait déjà envoyé sa première lettre (2 Pierre 1.1 ; 3.1). Leur situation n’était cependant plus la même. Le danger qui les menaçait avait augmenté ; il ne venait cependant plus du dehors, où sévissait la persécution, mais plutôt de l’intérieur par la présence de faux docteurs.
Pierre, dans sa lettre, établit une comparaison constante entre la vraie connaissance de Christ et les hérésies des faux docteurs. Il décrit à ses lecteurs l’origine de cette connaissance et ce qui la rend complète (2 Pierre 1.1-21). Il les met en garde contre le caractère mauvais et les doctrines destructives des faux docteurs (2.1-22). Il prophétise l’attitude incrédule qu’adopteront certains envers l’avènement du Seigneur (3.1-7). Il termine en exhortant ses lecteurs à se préparer à ce jour en vivant une vie sainte (3.8- 18). Les croyants qui accepteraient le message de Pierre seraient à même de discerner les faux docteurs, en leur sein, et de ne pas se laisser égarer par eux.
Lisez cette épître d’un bout à l’autre en utilisant le plan suivant :
2 PIERRE : LA VERITABLE CONNAISSANCE CHRETIENNE
I. Connaissance de Christ et ce qui lui sert de fondement.
Lisez 1.1-21.
II. Les faux docteurs ; leur jugement. Lisez 2.1-22.
III. L’avènement du Seigneur et la conduite du chrétien.
Lisez 3.1-18.
La deuxième épître de Pierre adresse un avertissement solennel à quiconque cherche à détruire l’église de l’intérieur. Elle déclare que ceux qui enseignent de fausses doctrines seront jugés (2 Pierre 3.12-13, 17). Elle nous rappelle également, et cela est très important, que nous devons être prêts pour l’avènement du Seigneur, et nous efforcer « d’être trouvés par lui sans tache et sans défaut dans la paix » (3.14).
Epître de Jude
L’auteur de l’épître de Jude portait aussi le nom de Judas ; il était frère de Jacques et demi-frère de Jésus (voir Matthieu 13.55 ; Marc 6.3 ; Jude 1, mais remarquez qu’il ne s’agit pas de Jude, fils de Jacques, dont il est question dans Actes 1.13). Après la résurrection, il crut en Christ et il faisait partie de ceux ont reçu l’Esprit le jour de la Pentecôte (Jean 7.5, Actes 1.14). Plus tard, il a entrepris des voyages missionnaires, tout comme les autres frères du Seigneur (1 Corinthiens 9.5).
L’épître de Jude offre beaucoup de ressemblance avec certaines parties de la seconde épître de Pierre (comparez 2 Pierre 3.3 et Jude 18-19). Peut-être Jude avait-il lu la lettre de Pierre et avait-il ensuite éprouvé le désir d’en envoyer une semblable aux groupes de croyants qui, il le savait, passaient par les mêmes difficultés. Il semble aussi qu’il avait découvert
L’Eglise en période de conflit et d’attente 215
l’Ïuvre de faux docteurs qui s’étaient glissés secrètement dans leur assemblée. Il écrivait donc en toute hâte afin d’avertir ces chrétiens, interrompant ainsi l’un de ses projets (Jude 3-4). Il n’est pas fait mention de l’endroit où ces gens vivaient ; les exégètes pensent à Jérusalem ou à Antioche. Il est très probable que Jude ait envoyé sa lettre après que la seconde épître de Pierre ait été mise en circulation, et avant la chute de Jérusalem, an l’an 70 de notre ère. Il y décrit la conduite des faux docteurs, le jugement que subiront ces hommes (vs. 1 à 16), et il montre aux croyants comment réagir dans une telle situation (vs. 17 à 25).
Comme 2 Pierre, l’ épître de Jude est un avertissement solennel contre ceux qui dénaturent l’Evangile et qui égarent les croyants. Cela devrait nous rappeler, à nous qui vivons aujourd’hui, que nous ne devrions pas être surpris de voir surgir de tels hommes. Comme Jude nous le recommande, nous devons faire face à cette situation en restant fermement attachés aux vérités de l’Evangile et en faisant preuve de miséricorde envers tous ceux qui se sont laissés tromper. Dieu peut également nous préserver de la chute et nous permettre d’entrer victorieusement en sa présence.
Les trois épîtres de Jean
Nous avons vu comment Pierre et Jude ont averti leurs lecteurs contre les moqueurs, qui disaient que l’avènement du Seigneur ne se produirait jamais, et contre ceux qui se vantaient et vivaient dans l’immoralité. Les années se sont écoulées ; d’autres imposteurs se sont manifestés parmi les croyants, disant que Christ n’était jamais vraiment venu dans la chair (2 Jean 7). Les trois lettres de Jean ont été écrites afin d’instruire les chrétiens qui se trouvaient exposés aux fausses doctrines de ces impies et de leur enseigner les vérités relatives au salut et à la vie chrétienne.
Jean, le témoin oculaire
L’auteur de 1, 2 et 3Jean n’est autre que l’apôtre Jean, l’auteur de l’évangile du même nom et du livre de l’Apocalypse. Certains écrits historiques montrent qu’il s’est rendu à Ephèse après la destruction de Jérusalem, en l’an 70 de notre ère. Jean exerça son ministère dans cette ville et dans les environs jusqu’à ce qu’il soit exilé sur l’île de Patmos, durant la dernière partie du règne de l’empereur romain Domitien (81 à 96 après Jésus- Christ). Il semblerait qu’il ait été relâché après la mort de Domitien et ait pu retourner dans la région d’Ephèse afin d’y poursuivre son ministère. Les trois épîtres ont probablement été écrites au cours des années 85 à 90 après J.-C. ; elles ont d’abord été envoyées à des églises et à des croyants d’Asie parmi lesquels l’apôtre avait travaillé. En tant que témoin oculaire de la vie de Christ et aussi ami intime de son Maître, il pouvait se dresser avec une grande autorité contre ceux qui disaient que Christ n’était jamais venu dans la chair.
L’Eglise en période de conflit et d’attente 217 Les faux docteurs
Les faux docteurs, contre lesquels Jean mettait les croyants en garde, n’admettaient pas la vérité selon laquelle Christ était vraiment devenu homme. Pour eux, la matière était mauvaise ; seul l’esprit était bon. Ils enseignaient qu’il était impensable que Dieu, dans sa bonté, ait pu devenir un véritable être humain et s’attacher ainsi à la matière physique. Certains prétendaient que Christ donnait simplement l’impression d’être réel, mais que ses disciples voyaient en fait un esprit ou un fantôme. Pour d’autres, un « christ esprit » était venu sur l’homme Jésus, lors de son baptême, et l’avait quitté juste avant la crucifixion. Ces deux interprétations niaient la vérité selon laquelle Jésus-Christ était Dieu manifesté dans la chair.
Certains de ces faux docteurs croyaient également que l’homme devait s’efforcer d’échapper au monde matériel pour pénétrer dans le domaine du spirituel en obtenant une connaissance particulière. Ce faux enseignement est connu sous le nom de gnosticisme. Pour s’opposer à ces différentes idées, Jean décrit la véritable connaissance qui donne l’assurance de la vie éternelle (voir 1 Jean 2.3 ; 3.10, 14 ; et 5.20, par exemple). Il affirme la divinité et l’humanité totales de Christ (1 Jean 1.1-2 ; 2.22-23).
La première épître de Jean
Jean était un écrivain résolu. Dans son évangile, il affirme premièrement avoir écrit son livre afin que les hommes croient en Christ et reçoivent la vie éternelle (Jean 20.31). Dans sa première épître, il dit que ce qu’il a écrit doit permettre aux hommes de savoir qu’ils ont la vie éternelle (1 Jean 5.13). Les deux buts exprimés sont proches l’un de l’autre ; Jean désirait aider les croyants à saisir leur nouvelle relation avec Dieu et obtenir l’assurance de leur salut. Les vérités présentées au sujet de Christ apportaient la réponse aux doutes soulevés par les faux docteurs.
VERITES CONTENUES DANS 1 JEAN
Jean entendit, vit et toucha Jésus 1
Après avoir enseigné plusieurs vérités concernant le Christ, Jean souligne également la certitude et l’assurance dont peut jouir le chrétien. Il établit le fondement de sa propre connaissance (1 Jean 1.1-4). Il explique combien il est important de marcher dans la lumière (1.5-2.14), et il met les croyants en garde contre l’amour du monde et la tromperie des antéchrists (2.15-27). Il leur dit aussi comment il leur est possible de savoir qu’ils sont enfants de Dieu (2.28-3.10) et décrit la façon dont ils peuvent s’assurer qu’ils sont dans la vérité et reconnaître ceux qui ne le sont pas (3.11-4.6). Il leur recommande de s’aimer les uns les autres (4.7-21) et leur donne la garantie de leur relation avec Dieu (5.1-21). Lisez cette épître en utilisant le plan suivant :
1 JEAN : L’ASSURANCE DU CROYANT
I. Assurance grâce à la connaissance de la vérité. Lisez 1.1-4.
II. Assurance en marchant dans la lumière. Lisez 1.5-2.14.
III. Assurance grâce à l’onction de Dieu. Lisez 2.15-29.
IV. Assurance en faisant le bien. Lisez 3.1-10.
V. Assurance en témoignant un amour authentique.
Lisez 3.11-20.
VI. Assurance en ayant l’Esprit. Lisez 3.21-4.6.
VII. Assurance en reconnaissant Christ. Lisez 4.7-21
VIII. Assurance en observant les commandements de Dieu.
Lisez 5.1-12.
IX. Assurance en étant en Christ. Lisez 5.13-21.
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2 et 3 Jean
La seconde et la troisième épîtres de Jean sont très courtes, ce sont des notes personnelles qui devaient précéder une visite de l’apôtre (2 Jean 12 ; 3 Jean 13-14). La seconde lettre était adressée à « l’élue et à ses enfants » (2 Jean 1). Cette phrase fait certainement allusion à une femme et à sa famille ou à une église et à ses membres (voyez comment Paul utilise le mot « mère » dans Galates 4.26, par exemple). Parce que l’épître se termine en ces termes: «ta sÏur, l’élue», il se peut que la deuxième possibilité soit la bonne. Dans tous les cas, le souci de Jean est évident : l’apôtre désire que les croyants marchent dans la vérité et dans l’amour (vs. 1 à 6) et rejettent totalement les antéchrists qui affirment que Jésus n’est jamais venu dans la chair (vs. 7 à 13). Lisez cette lettre et faites l’exercice suivant.
2 JEAN : LA MARCHE DANS LA VERITE ET DANS L’AMOUR
I. Obéir au commandement de Dieu d’aimer.
Lisez les versets 1 à 7.
II. Rejeter les faux docteurs qui nient Christ.
D’après 2 Jean 9 et 10, les croyants sont-ils appelés à offrir l’hospitalité à n’importe qui ? Expliquez votre réponse.
La troisième épître de Jean s’adressait à un ami de l’apôtre, Gaïus. Elle traitait également le sujet de l’hospitalité. Dans le cas particulier, Jean pensait à l’hospitalité dont il faut faire preuve envers des frères chrétiens. Il semble que certains hommes voyageaient pour la cause de Christ (3 Jean 7), mais Diotrèphe, l’un des responsables de l’église dont Gaïus était membre, refusait de les aider (vs. 9 et 10). Peut-être Démétrius était-il l’un de ces voyageurs qui a apporté la lettre de Jean à Gaïus.
Dans sa lettre, l’apôtre félicite la manière dont Gaïus s’est montré hospitalier envers les frères qui voyageaient (3 Jean 1 à 8). Il déclare vouloir dénoncer les activités cachées de Diotrèphe (vs. 9 et 10). Il encourage Gaïus dans sa vie chrétienne et lui recommande Démétrius (vs. 11 à 14). Lisez cette lettre et faites ensuite l’exercice ci-dessous.
3 JEAN : LA PRATIQUE DE L’HOSPITALITE CHRETIENNE
I. Un hôte fidèle est loué. Lisez les versets 1 à 8. II. Avertissement adressé à un ennemi fier.
Lisez les versets 9 et 10.
Les trois épîtres de Jean nous dévoilent ce qui se cachait dans le cÏur du disciple « que Jésus aimait » (Jean 21.20). Pour lui, vérité et amour étaient deux choses inséparables. Ceux qui connaissaient la vérité étaient ceux qui aimaient et ceux qui aimaient étaient ceux qui connaissaient la vérité. Il avait pour eux les plus hautes prétentions. Et Christ exprimait chacune de ces caractéristiques (1 Jean 4.16 ; 5.20).
Les épîtres de 2 Pierre, de Jude et celles de Jean forment ensemble une défense solide contre les fausses doctrines et les mauvaises pratiques. Elles nous aident à saisir certains des problèmes qui se sont manifestés dans l’église, au premier siècle, et la façon dont les dirigeants y ont fait face. Elles nous montrent en outre combien il est important, pour les croyants, non seulement de connaître la vérité, mais encore d’éprouver ceux qui prétendent l’enseigner afin de discerner s’ils sont vraiment des disciples de Christ.
L’EGLISE DANS L’ATTENTE DU RETOUR DE CHRIST : LE LIVRE DE L’APOCALYPSE
Objectif 2. Reconnaître certains aspects du contexte historique, des détails littéraires et du message du livre de
l’ Apocalypse.
Le livre de l’Apocalypse est un apogée approprié pour le Nouveau Testament et la Bible tout entière. Il déclare que Jésus- Christ, le Sauveur né dans l’anonymat et rejeté par les hommes, reviendra un jour sur la terre afin de régner avec puissance et gloire comme son roi légitime. En le lisant, nous savons avec certitude que tous les plans de Dieu seront réalisés. Nous étudierons donc le contexte, les détails particuliers, le contenu et l’interprétation de ce livre.
Contexte
Les Juifs de Palestine étaient en révolte constante contre leurs dirigeants romains. Lorsque cet état de rébellion s’est intensifié et a pris de plus en plus d’envergure, vers la fin des années 60, les soldats romains décidèrent de l’écraser. La Galilée fut subjuguée et Jérusalem entourée, puis assiégée. Des milliers de Juifs périrent à l’intérieur de ses murs, en proie à la faim et à la maladie. D’autres milliers furent massacrés par les Romains. Finalement, après avoir résisté aux Romains pendant plusieurs années, Jérusalem tomba en l’an 70 après Jésus-Christ. Son temple magnifique fut détruit, et il ne resta pas pierre sur pierre, ainsi que l’avait prophétisé Jésus (Matthieu 24.2). Bien des années auparavant, Christ avait averti ses disciples et leur avait conseillé de fuir la ville au moment où se produiraient certains événements (Matthieu 24.15-25). Peut-être l’apôtre était-il au nombre de ceux qui sont parvenus à s’enfuir avant qu’il ne soit trop tard. Comme nous l’avons déjà dit, il semblerait qu’il se soit rendu à Ephèse en l’an 69 ou 70 et ait travaillé dans cette ville et ses environs.
Au cours des années qui ont suivi la chute de Jérusalem, l’attitude des Romains envers le christianisme est passé de la méfiance à la haine. Celle-ci s’est d’abord exprimée sous Néron, qui accusait les chrétiens d’avoir mis le feu à Rome en l’an 64 de notre ère, et qui fit massacrer bon nombre d’entre eux. Plus tard, elle prit d’autres formes encore. Les chrétiens, à qui il avait été dit d’obéir aux autorités (Romains 13.1), ont peu à peu découvert qu’il leur était impossible de se soumettre à ces hommes.
L’empereur Domitien (81 à 96 après J.-C.) demanda à être adoré comme un dieu, et ceux qui refusaient étaient alors persécutés. Peut- être Jean était-il parmi eux. C’est sans doute la raison pour laquelle il fut exilé sur l’île de Patmos durant les dernières années du règne de Domitien (Apocalypse 1.9). Pendant qu’il s’y trouvait, Dieu lui confia un message à l’intention des croyants d’Asie opprimés par la tyrannie de l’état romain. Ce message n’était toutefois pas destiné uniquement à ces chrétiens-là, car il comprenait une vision de Christ et de sa victoire à venir adressée à tous les chrétiens.
Détails particuliers
Jean exprime le message qu’il a reçu sous forme d’écrits apocalyptiques (certaines parties du livre de Daniel, dans l’Ancien Testament, sont écrites de cette manière). Des objets sont alors choisis pour en représenter d’autres. Par exemple, Jean voit Christ debout au milieu de sept chandeliers d’or (Apocalypse 1.12-13). Quelques versets plus loin, nous lisons que ces chandeliers d’or représentent les sept églises auxquelles l’apôtre doit écrire (1.10-11, 20). En termes apocalyptiques, certains chiffres prennent aussi un sens différent. Le nombre sept, par exemple, évoque souvent l’idée de plénitude. Le fait que l’on s’adresse à sept églises (1.11) signifie que le message ne leur est pas strictement réservé, mais qu’il est destiné à l’Eglise tout entière. Si l’on parle également de sept sceaux, de sept trompettes et de sept plaies (coupes), c’est que les jugements de Dieu et ses desseins pour la terre s’accompliront (voir 6.1 ; 8.2 ; 15.1 ; 16.1).
En plus de ces détails apocalyptiques, le livre de l’Apocalypse est également en relation étroite avec les écrits de l’Ancien Testament. Il ne fait aucun doute que Jean connaissait bien ces textes. Dans son livre, on trouve plus de 275 références à divers passages de l’Ancien Testament. Jean ne se contente cependant pas de citer ce dernier. Il associe les images et descriptions qui y sont utilisées de manière toute nouvelle afin de communiquer de façon puissante les vérités prophétiques qui lui ont été révélées par l’Esprit de Dieu.
Contenu et plan
Le contenu du livre de l’Apocalypse peut être divisé en quatre parties comprenant les quatre visions principales de Jean. Dans chacune de ces visions, on retrouve les mots « en Esprit » (Apocalypse 1.10 ; 4.2 ; 17.1-3 ; 21.9-10).
Dans sa première vision (Apocalypse 1.10-3.22), Jean aperçoit Christ au milieu de plusieurs églises. Jean connaissait ces dernières, car elles étaient situées en Asie mineure, dans la région d’Ephèse où il avait exercé son ministère après avoir quitté Jérusalem. Christ donne à l’apôtre divers messages qui touchaient particulièrement ces églises, révélant ainsi à chacune d’entre elles l’un des aspects de son propre caractère. A l’église de Smyrne, par exemple, il déclare être « le premier et le dernier » (2.8). A l’église de Laodicée, il parle du « témoin fidèle et véritable » (3.14).
Dans sa seconde vision (Apocalypse 4.1-16.21), Jean aperçoit le trône de Dieu dans le ciel, ainsi que Christ, qui est alors l’Agneau digne d’ouvrir le livre que Dieu tient dans sa main. Jean décrit ce que contient chacun des sceaux du livre. Le septième sceau comprend les sept trompettes qui, elles, sont suivies de sept plaies ou coupes de la colère de Dieu. Les événements associés aux sceaux, aux trompettes et aux plaies sont l’image des jugements de Dieu sur la terre, et de sa volonté à l’égard des rachetés. Dans cette vision, Christ apparaît comme celui qui possède l’autorité permettant de mettre en marche les desseins de Dieu.
Dans sa troisième vision (Apocalypse 17.1-21.8), Jean voit en Christ le vainqueur des rois de la terre et de leurs armées. Il entend les lamentations prononcées sur Babylone dont il contemple la destruction. Il distingue également le sort final de Satan, le jugement des morts, les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Dans cette vision, Christ apparaît comme le grand vainqueur, celui qui amène l’histoire du monde à sa conclusion.
Dans sa quatrième vision (Apocalypse 21.9-22.5), c’est l’épouse de Christ—la nouvelle Jérusalem—que contemple Jean. Christ y apparaît comme le temple et la lumière de la ville, la demeure de tous ceux dont le nom est écrit dans le livre de vie.
Lisez le livre de l’Apocalypse en utilisant le plan suivant :
L’APOCALYPSE : LE CHRIST VICTORIEUX
I. Introduction : salutations et louanges. Lisez 1.1-8.
II. Première vision : Christ s’adresse aux églises. Lisez 1.9-3.22.
III. Seconde vision : Christ a autorité sur les événements du monde. Lisez 4.1-16.21.
IV. Troisième vision : Christ est vainqueur des puissances mauvaises. Lisez 17.1-21.8.
V. Quatrième vision : Christ règne sur son trône. Lisez 21.9-22.5.
VI. Conclusion : appel et invitation. Lisez 22.6-21.
Signification
A cause de sa forme et de son thème, le livre de l’Apocalypse est difficile à comprendre. Au fil des ans, des hommes pieux ont exprimé bien des opinions différents (et même opposées) quant à sa signification. Nous examinerons les quatre interprétations les plus importantes de son contenu. Nous étudierons ensuite le message qu’il adressait aux lecteurs de l’époque et son message pour nous aujourd’hui.
Quatre interprétations
Selon l’école de pensée prétériste, le livre de l’Apocalypse a trait uniquement à l’époque de sa rédaction. Il n’a aucune signification prophétique concernant l’avenir. Il présente simplement une image frappante du conflit entre l’église et la puissance impie de Rome. Ce point de vue est acceptable dans la mesure où il présente la signification de ce livre par rapport à ses premiers lecteurs. Sa faiblesse consiste à ne tenir aucun compte des nombreux événements dont Jean a été témoin et qui ne se sont pas encore produits, comme le règne de Christ en compagnie des martyrs par exemple (Apocalypse 20.4-6).
Selon l’école de pensée symboliste, le livre de l’Apocalypse est une image symbolique du conflit permanent entre le bien et le mal. Ceux qui adoptent cette conception estiment que le but réel du livre est de révéler le caractère de Dieu et la puissance de Christ, le Sauveur. C’est là un but important. Cette façon de penser est cependant erronée, car elle empêche de croire que les symboles utilisés dans le livre peuvent aussi désigner des événements précis de l’avenir. Elle ignore le fait que bien des prophéties bibliques données sous forme symbolique ont déjà été réalisées, comme celles d’Ezéchiel et de Daniel, par exemple.
Pour l’école historiciste, les symboles du livre de l’Apocalypse prévoient ce que sera l’histoire de l’Eglise, du jour de la Pentecôte jusqu’au retour de Christ. D’après ce point de vue, les symboles du livre sont liés aux événements historiques qui affectent l’Eglise et dont certains se sont déjà produits. (Les sceaux dont il est parlé au chapitre 6 illustrent par exemple la chute de l’empire romain, persécuteur des chrétiens du premier siècle.) Les adeptes de cette conception ne parviennent guère à s’entendre car, selon leur méthode, un seul et même symbole peut illustrer un événement, ou personnage, ou un autre. Il leur est donc impossible de parvenir à une compréhension définitive du message de ce livre.
Pour l’école futuriste, la plupart des visions données à Jean touchent à des événements futurs. Ceux qui sont décrits aux chapitres 4 à 19 se produiront au cours des quelques années qui précéderont le retour de Christ. On donne à cette période le nom de « Grande Tribulation ». D’après cette conception, par exemple, la bête décrite au chapitre 13 représente le gouvernement mondial et la prostituée (Babylone) du chapitre 17 représente la fausse religion qui existera au moment du retour de Christ. Certains adeptes du futurisme prétendent que les sept églises des chapitres 2 et 3 représentent sept époques de l’histoire de 1’Eglise et aussi les sept églises auxquelles Jean a écrit.
De nombreux chrétiens sont convaincus que la plupart du livre de l’Apocalypse doit être interprétée selon le point de vue futuriste, en particulier les chapitres 4 à 22. L’interprétation futuriste est probablement la meilleure façon d’ aborder le problème, car elle permet aux prophéties de l’Apocalypse de s’harmoniser avec d’autres prophéties de la Bible. Ceux qui l’ont adoptée peuvent montrer comment les prophéties de ce livre viennent enrichir la signification des prophéties précédentes.
Par exemple, dans Daniel 7.13 et Actes 1.11, nous lisons que Jésus reviendra sur la terre. D’après l’interprétation futuriste, divers passages de l’Apocalypse, comme Apocalypse 19.11 à 21, nous donnent davantage de détails concernant la manière dont il reviendra et ce qui se passera à ce moment-là. En outre, cette interprétation nous montre que la vision de Jean concernant le retour de Christ, la résurrection des morts et la séparation finale de ceux qui sont sauvés d’avec les perdus ne représentent pas simplement des idées, mais dépeignent des événements réels qui se produiront sans aucun doute.
Message pour hier et pour aujourd’hui
Pour les églises d’Asie mineure, le livre de l’Apocalypse contenait un message d’encouragement et d’exhortation. Les sept lettres révélaient que certains croyants toléraient de fausses doctrines et devenaient insouciants, indifférents à l’égard des choses spirituelles (Apocalypse 2.4, 14-16, 20 ; 3.1-3, 15-18). Christ les exhortait par conséquent à accepter sa discipline, à y répondre et à renouveler leur consécration à son égard. Les mêmes lettres révélaient que, pour d’autres, les persécutions étaient sévères (2.3, 9, 13). Les prophéties du livre étaient là pour les encourager en leur montrant qu’un jour, Dieu punirait les méchants et récompenserait les fidèles. Certains symboles utilisés dans l’Apocalypse pouvaient sans doute être reconnus en désignant des événements ou des individus familiers à ces croyants. Ces derniers distinguaient probablement dans la bête du chapitre 13 une image de l’état de Rome dont ils subissaient la persécution. Ils apprenaient ainsi que leurs prières et leurs souffrances étaient connues de Dieu (6.9-11 ; 8.4 ; 14.13). Ils découvraient que les martyrs régneraient avec Christ (20.4), et que Dieu lui-même essuierait toute larme de leurs yeux (21.3-4). La prophétie leur recommandait de se montrer patients et fidèles, car Dieu punirait la bête (Apocalypse 13.10 ; 20.10).
Le livre de l’Apocalypse nous adresse également un message, du fait qu’il était destiné à l’Eglise tout entière. Nous devrions recevoir ses paroles d’avertissement, d’encouragement et d’exhortation, et y répondre de tout cÏur. Et peut-être sommes- nous appelés parfois à nous repentir, comme les Ephésiens, et à renouveler notre consécration envers Christ (Apocalypse 2.4-6). Nous pouvons aussi, comme les croyants de Smyrne, traverser des périodes d’affliction et de pauvreté (2.8-11). A ces moments- là, les promesses de l’Apocalypse sont d’une grande consolation, car elles nous donnent une vision de notre demeure éternelle et nous assurent que le jour vient où Dieu essuiera toute larme de nos yeux (21.3-4 ; 22.3-5).
Les prophéties de l’Apocalypse ont également leur signification pour nous. S’il est vrai que certaines d’entre elles décrivaient des situations proches de l’époque de leur rédaction, il est vrai aussi que ces mêmes prophéties faisaient allusion à des événements qui se réaliseraient durant la fin des temps.
Elles ressemblent à d’ autres prophéties bibliques dont l’accomplissement est double. Dans Genèse 46.4 et 50.24, par exemple, nous lisons que les descendants de Jacob quitteraient un jour l’Egypte. Cela s’est produit au moment où Moïse a conduit le peuple hors d’Egypte (Exode 12.31-42). Beaucoup plus tard, la prophétie s’est accomplie une nouvelle fois lorsqu’un autre descendant de Jacob, Jésus-Christ, est sorti d’Egypte (Osée 11.1 ; Matthieu 2.15).
De même, plusieurs des prophéties de l’Apocalypse ont un double accomplissement. De nombreux exégètes pensent par exemple que la bête dont il est question au chapitre 13 désigne deux choses : 1) le gouvernement romain à l’époque où Jean a écrit son livre, et 2) la puissance mondiale à laquelle le monde sera soumis juste avant le retour de Christ. Cette prophétie nous adresse également une mise en garde. Comme ces premiers chrétiens, nous devons veiller à ne pas nous soumettre à une puissance qui exige un culte réservé à Dieu seul (Apocalypse 13.5-8, 15.2). D’autres prophéties du même livre, comme celles que nous trouvons dans Apocalypse 20 à 22, ne s’accompliront qu’une seule fois, car elles sont en rapport avec l’éternité et la fin du monde.
l’Apocalypse difficiles à comprendre. Nous pouvons cependant être certains que leur sens se précisera au moment de leur accomplissement, ce qui se vérifie d’ailleurs avec d’autres prophéties bibliques. Tous les chrétiens, quels que soient l’époque et l’endroit où ils vivent, doivent comprendre la façon dont ce livre nous présente le Christ victorieux, nous met en garde contre l’apostasie, nous exhorte à la consécration et nous appelle à la communion fraternelle.
Le livre de l’Apocalypse termine le Nouveau Testament—et la Bible tout entière—sur une note de victoire et d’avertissement. Il nous donne une image frappante de notre Sauveur triomphant et relate les dernières paroles que Jean l’a entendu prononcer : « Oui, je viens bientôt » (Apocalypse 22.20). Accordons une grande attention au message de ce livre, et préparons-nous en vue des événements qui nous y sont prédits, en servant Christ de toute notre force et en portant son Evangile au monde entier.