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Contribuer à la croissance des Chrétiens

L’éducation chrétienne est l’un des aspects importants du travail de l’Église. Elle nous aide à croître et à mûrir dans la foi. Elle contribuera en outre à vous former et à vous équiper afin que vous puissiez saisir toute occasion d’en instruire d’autres en vue de leur maturité chrétienne les rendant aussi conscients de la nécessité de recevoir un enseignement plus approfondi. L’interdépendance des croyants dans la communauté chrétienne est soulignée. Les nouveaux convertis ont besoin d’enseigner et de nourrir d’autres afin de grandir dans leurs propres vies.

Leçon 6 : Tel maître, tel élève

Maria est particulièrement contente, ce soir, lorsque Juan rentre des champs. Manuel vient tout juste de prononcer son premier mot! Juan, en comprenant la signification d’un tel événement, se réjouit à son tour.

Les jours passent et l’on voit bientôt l’enfant apprendre très rapidement d’autres mots encore. 0 est même étonnant de constater qu’il en distingue le sens. Encouragé par ses parents, il se met à reconnaître certains objets, plusieurs personnes et les endroits qu’il peut nommer. Le moment vient où Manuel est capable de grouper les mots pour en faire des phrases simples. Au cours de cette période passionnante de sa croissance, Juan et Maria sont souvent surpris de l’entendre répéter les termes et les expressions qu’ils emploient eux-mêmes couramment. On ne tarde pas à pas découvrir que le petit garçon passe réellement plusieurs heures de la journée à essayer de communiquer. Il peut exprimer ses idées et entretenir une conversation sur une variété étonnante de sujets, en particulier ceux qui l’intéressent.

« 0 n’y a là rien de surprenant, » me direz-vous. C’est vrai, il est normal de voir les enfants apprendre à parler durant cette période de leur vie. Ce qui est pourtant significatif est de constater que Manuel, en grandissant, parle la même langue que les siens! Il apprend également à goûter aux mêmes aliments et à se comporter comme le font tous les habitants de la partie du monde où il vit. Pourquoi cela? L’explication la plus plausible est celle de l’influence de ses parents; c’est par association que se forment ses attitudes, ses sentiments et son comportement.

Jésus a dit: « Tout disciple accompli sera comme son maître » (Luc 6:40). Celui qui apprend est donc influencé dans une grande mesure par l’exemple de ceux qui l’enseignent. Les soins dont il est l’objet ont par conséquent un rôle vital à jouer dans son développement et celui des chrétiens en général. Dans cette leçon, nous parlerons de ces soins, surtout de ceux qui, sans être soumis à des règles rigides, s’offrent spontanément. Vous verrez quelle est la valeur de l’instruction qui s’acquiert en se mêlant à d’autres et en s’identifiant à eux. Vous découvrirez d’autre part quels sont les gens qui servent de modèles, dans l’éducation chrétienne.

DECOUVRIR CE QU’EST LA PLENTITUDE DE LA FOI

Objectif 1. Savoir dire correctement comment l’on apprend à découvrir ce qu’est la foi dans sa plénitude.

Vous souvenez-vous de la manière dont vous êtes entré dans la vie chrétienne? N’avez-vous pas accepté l’Evangile, le salut qui vous était offert, pour vous consacrer ensuite à Jésus-Christ? Oui, c’est bien ainsi que vous avez agi. Nous avons tous commencé par prendre la même décision en répondant, par la foi, à la prédication de l’Evangile. Nous avons alors fait l’expérience de la nouvelle naissance, ce qui nous a permis d’entrer dans la vie spirituelle. Nous avons ensuite découvert qu’en croissant spirituellement, notre vie se développait de plus en plus à l’image de Christ. La relation qui nous unit à lui s’intensifie jusqu’aujour où nous commençons à refléter sa nature, son caractère et ses valeurs par la façon dont nous vivons. La manière dont nous avons premièrement accepté l’Evangile, par ‘a foi, nous a amenés à une vie basée sur la foi, et à une qualité d’existence caractérisée par un sentiment de plénitude en Jésus-Christ. Ce qui émerge ainsi de notre vie par la foi est ce que nous pouvons appeler la plénitude de la foi. Mais comment y arriver? Comment apprendre à vivre une vie semblable à celle de Christ?

Après un examen attentif, nous découvrons que la foi aboutissant à l’équilibre, à la santé spirituelle, en un mot, à la plénitude, est composée de ce que l’on connaît et de ce que l’on vit (la foi mise en application dans les situations de l’existence quotidienne). Dieu, en nous apportant son message, nous l’a présenté comme la vérité qui peut être soit acceptée soit rejetée. Et cette vérité, qui nous révèle la nature et le caractère de Dieu, son dessein à l’égard de l’homme, à été relevée par écrit, préservée, pour nous être enfin transmise: c’est l’Ecriture. La vérité biblique est la source des connaissances grâce auxquelles la foi peut grandir et mûrir.

Une partie de la vérité biblique repose sur des déclarations defaits. Les Dix Commandements, par exemple, nous permettent d’entrevoir ce qu’est Dieu, ce qu’il attend des siens et quelles sont les conséquences de la désobéissance. Un autre aspect de la vérité se présente sous forme de concepts, c’est-à-dire d’idées générales tirées d’un certain nombre d’expériences ayant un lien entre elles. (Exemple tout simple: oranges, bananes et pommes sont appelées fruit.) Nous apprenons le concept de la sainteté grâce à un grand nombre de règles méticuleuses données par Dieu dans le Lévitique et conduisant à séparer les choses saintes des choses profanes. On a enfin la vérité énoncée sous forme de principes destinés à être appliqués dans la vie. Il nous est par exemple ordonné d’aimer Dieu de tout notre être; ce commandement est un principe destiné premièrement à régir notre relation avec Dieu, mais, dans la pratique, il devrait servir de base à nos relations avec autrui. Faits, concepts et principes servent ainsi de fondement à une connaissance basée sur la foi. Il est nécessaire de posséder une telle connaissance si l’on veut posséder une vie complète en Jésus-Christ. Sans elle, nous ne pouvons savoir de quelle manière vivre une vie de foi qui soit vraiment agréable à Dieu.

En plus du témoignage écrit qu’il nous a laissé, Dieu s’est révélé lui-même en la personne vivante de Jésus-Christ. Jean l’exprime ainsi: « La Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous … et nous avons contemplé sa gloire …  » (Jean 1: 14). Pierre déclare à son tour (2 Pierre 1:16-18) avoir été le témoin oculaire de la majesté, l’honneur et la gloire de celui qui est venu sur la terre pour nous donner un exemple afin que nous suivions ses traces (1 Pierre 2:20-25). Il nous a montré comment vivre une vie dans sa plénitude et comment être tout ce que Dieu veut que nous soyons. La vie de Christ est l’exemple de cette vie de foi totalement agréable à Dieu (obéissance, soumission, acceptation de la volonté du Père, engagement à aimer sans réserve ceux qu’il désire sauver, et cela malgré leur hostilité envers lui.)

En étudiant ce cours, vous avez déjà découvert qu’apprendre, ce n’est pas simplement accumuler des faits, des informations. Il faut aussi comprendre ce que l’on découvre, l’intégrer à ses propres convictions et y adapter son comportement.

Dans les deux premières leçons, il vous a été parlé de l’importance de la Parole de Dieu en relation avec la croissance spirituelle. A la leçon 3, l’accent était mis sur la nécessité de faire des disciples, sur le rôle d’exemple ou de modèle, toujours dans la croissance chrétienne. La connaissance biblique et la manière dont on peut l’appliquer, dans la vie chrétienne, sont d’une grande utilité pour qui cherche à entourer quelqu’un tout au long de son développement.

La première partie de ce cours s’est terminée par l’observation suivante: dans la formation chrétienne, il est possible d’adopter des méthodes pédagogiques précises et d’autres plus souples où le formalisme n’est pas de rigueur. L’information biblique-faits, concepts et principes-peut être enseignée comme on le ferait en classe, accompagnée d’exercices et d’activités pédagogiques appropriés, mais pour bien faire comprendre les valeurs chrétiennes, le comportement de tout enfant de Dieu, il faut des contacts plus étroits, une interaction et, chez ceux qui s’instruisent, un effort d’identification avec d’autres. Pour découvrir une vie saine, dans la plénitude de la foi, l’étude systématique de la Parole de Dieu devient indispensable; on peut ajouter à cela une formation moins rigide, sans structure et basée sur des relations personnelles avec ceux que l’on adopte comme modèles.

Les deux manières de faire-techniques pédagogiques et soins appropriés-étant toutes deux indispensables, lorsqu’on s’occupe de la croissance des chrétiens, nous allons d’abord nous pencher sur les méthodes qui n’invitent pas au formalisme. A la leçon 7, nous fixerons notre attention sur des questions pratiques concernant l’enseignement de la Parole de Dieu dans toutes les règles.

LA SOCIALISATION, UNE METHODE D’EDUCATION CHRETIENNE

Définition de la socialisation
Objectif 2. Choisir une phrase qui définit le terme « socialisation « .

J’ai entendu un jour cette phrase de la part de quelqu’un sans instruction: « ll y a des choses qui sont plus facilement ‘attrapées au passage’ qu’apprises dans une école. » II parlait de ce qu’un professionnel appellerait la socialisation. Avant de pouvoir accepter la socialisation comme une méthode d’éducation chrétienne, nous devons comprendre la signification du terme.

La socialisation, c’est le processus par lequel une personne est intégrée dans un certain milieu social. II s’agit de la préparation qui lui permettra de se conduire d’une manière appropriée au sein d’une association ou d’un groupe particulier. Cela implique le développement d’une bonne compréhension de la société dans laquelle on évolue. C’est le processus par lequel on apprend la langue, les normes, les valeurs, les attitudes et le comportement propres aux gens d’un certain endroit. La socialisation se rapporte à la formation qui s’acquiert en absorbant les effets de l’environnement au lieu d’une instruction formelle reçue dans une école.

Dlustration de la socialisation

Objectif 3. Donner des exemples pratiques des choses que l’on apprend par la socialisation.

De quelle manière prenez-vous vos repas? Utilisez-vous une fourchette ou une cuillère? Peut-être avez-vous l’habitude de manger avec des baguettes ou même avec les doigts. C’est par la socialisation que vous avez appris à manger d’une certaine façon. Et si vous mangez d’une manière qui vous est devenue naturelle, vous vous sentez gauche ou maladroit dès que vous essayez d’adopter les habitudes d’une autre culture. Vous avez appris à manger en observant les autres et en les imitant. Sans doute seriez-vous surpris de voir comment mangent les gens dans diverses parties du monde.

Cette simple illustration est l’exemple d’une règle de conduite purement culturelle. Ce qui est considéré comme acceptable chez vous devient immédiatement impoli ou même inacceptable ailleurs. Les valeurs sont apprises par la socialisation. Vous avez pu observer que dans différentes cultures, les gens ne vivent et n’agissent pas comme vous; leurs valeurs ne sont pas les mêmes. Les enfants nés au sein d’un certain groupe savent ce qui se fait dans leur milieu, tandis que ceux nés dans un autre groupe, ailleurs, apprennent les choses tout autrement. Chacun apprend les normes de sa culture par la socialisation.

Comment avez-vous appris à vous exprimer dans votre langue natale? Peut-être ne pouvez-vous pas me répondre; vous avez simplement l’impression d’avoir toujours pu parler ainsi. Et peut- être que vous avez encore maintenant plus de facilité à vous exprimer dans cette langue, bien que vous ayez appris d’autres langues depuis lors. Même si vous avez l’impression d’avoir toujours su votre langue natale, vous savez néanmoins que vous avez dû l’apprendre. Que se serait-il passé si, peu après votre naissance, on vous avait emmené dans une autre partie du monde? Vous auriez sans doute grandi en apprenant à parler la langue de ce pays étranger, car on apprend à parler par le processus de socialisation.

Explication de la socialisation
Objectif 4. Choisir des phrases qui expliquent correctement la socialisation.

La socialisation se produit dans le cadre d’expériences partagées dans la vie réelle. Notre conduite se développe en accord avec nos convictions et nos valeurs. Nos actes sont observés par nos proches et deviennent la base de leur instruction par la socialisation. Etant donné la nature de nos relations, l’instruction par la socialisation n’est souvent ni organisée, ni structurée ou envisagée de façon systématique. Elle se produit selon les circonstances qui se présentent.

L’instruction par la socialisation est basée sur un modèle. Les gens apprennent grâce à ce qui leur est montré, comme nous l’avons vu en parlant du maître artisan et de son élève. Un style de vie particulier et la compréhension des valeurs qui l’entourent sont communiqués d’une manière accessible à tous les membres d’une société. Et, tandis que les gens mettent en pratique ce dont ils ont été témoins en observant leurs modèles sociaux, il leur est donné le désir de goûter à une même qualité de vie.

Le développement d’une certaine intimité avec d’autres est un aspect essentiel de la socialisation. Chacun connaît en général quelqu’un dont il voudrait imiter la conduite. Cette autre personne devient alors un modèle. Assez fréquemment, une affinité se crée entre eux et l’on observe un intérêt, un souci mutuel et de la confiance. La dignité ainsi que les valeurs de l’un sont reconnues par l’autre, et des sentiments d’interdépendance se manifestent bientôt.

L’imitation de son modèle est un élément essentiel de la socialisation. Puisque les modèles les plus marquants sont observés dans des situations de la vie réelle, il faut que l’imitation ait lieu aussi dans des expériences de la vie réelle. La personne dont l’éducation est en cours s’efforce de répéter ce qu’elle a vu faire par son modèle; c’est alors qu’elle s’instruit. Comme elle commence à agir seul, elle cherche chez son modèle des signes d’approbation ou de dèsapprobation.

Application de la socialisation
Objectif 5. Choisir des phrases qui expriment La relation entre La socialisation et L’éducation chrétienne.

L’une des manières de s’instruire dans la vie en Christ est par la socialisation. Nous apprenons à vivre la vie nouvelle abondante dont Jésus nous a fait cadeau exactement comme nous apprenons les coutumes et la langue de notre culture. La conscience, la conduite, les valeurs, les attitudes et les motifs appropriés à la vie en Christ sont absorbés grâce à des relations intimes et profondes avec ceux dont la vie spirituelle est vraiment un modèle.

Le but de l’éducation chrétienne est de nourrir la vie nouvelle que nous avons reçue de Jésus et de veiller sur elle. On cherche à ce que cette vie mûrisse et parvienne à se manifester dans tous les aspects de l’existence. Ce but est facilité par le processus de socialisation. Le modèle adopté par Jésus lorsqu’il enseignait les Douze est celui dont on a besoin encore aujourd’hui lorsqu’on veille sur la croissance d’autres chrétiens.

Nous devons reconnaître la forte influence exercée sur l’élève par le maître qui lui sert de modèle; les relations qui existent entre eux doivent entre encouragées. Vous pouvez aider les gens à mûrir spirituellement en entretenant des contacts étroits avec eux, comme le faisaient les Thessaloniciens (1 Thessaloniciens 1:7).

 

Objectif 6. Expliquer comment s’établissent les relations entre la personne servant de modèle et celui ou celle qui l’observe.

Au moment de l’expérience de la nouvelle naissance, la vie de Jésus en nous n’est pas pleinement développée. La tâche de ceux dont le ministère consiste à s’occuper des croyants est de cultiver cette vie nouvelle afin de l’amener à la maturité sur le plan spirituel. Le résultat est alors un développement à l’image de Jésus, la vie du Seigneur ayant mûri en nous. Cette vie à sa ressemblance est communiquée grâce à l’influence d’un modèle.

L’une de nos caractéristiques est de chercher à nous montrer compétents; nous désirons être une réussite, à nos propres yeux d’abord, et aussi dans l’opinion d’autrui. Il existe certaines sociétés où l’on attache une grande importance à cela; il faut que l’élève prouve ses aptitudes. Ailleurs, on doit se montrer excellent athlète; on doit prouver que l’on est capable de gagner son pain et subvenir aux besoins de sa famille, que l’on est un bon père, un bon voisin, un citoyen fidèle. Sans doute savez-vous que le chrétien, lui, doit révéler ses aptitudes comme témoin et serviteur de Jésus-Christ. Paul nous explique qu’il multiplie les efforts pour être un vaillant soldat de la croix (1 Corinthiens 9:24-27). Cet exemple nous montre que le désir d’être à la hauteur se glisse jusque dans le domaine spirituel. C’est alors que nous nous mettons à la recherche de ceux que nous sentons être à la fois compétents, mûrs et qu’il nous est possible d’imiter; nous nous efforçons dès lors d’adopter leurs traits, leurs valeurs et leur caractère.

Vous avez probablement noté ces détails dans votre propre vie. Vous connaissez quelqu’un dont vous admirez les capacités et à qui vous désirez ressembler. Avez-vous entendu un musicien que vous jugez excellent au point de souhaiter pouvoir jouer d’un instrument aussi bien que lui? Vous vous efforcez d’acquérir les mêmes techniques, le même style. Vous avez là un modèle. Nous observons aussi les gens dont la vie semble être exemplaire pour ensuite chercher à les égaler. Celui qui sert de modèle est là pour communiquer une ressemblance.

Une telle relation, entre le modèle et celui qui s’efforce de l’imiter, offre de grandes ressources. La personne la plus mûre offre aide et soutien à la seconde, jusqu’à ce que cette dernière soit à son tour compétente. Dans le cadre de la vie chrétienne, cela signifie que le « maître » offre son soutien, son assistance à l »’élève » afin de permettre à ce dernier de croître spirituellement et de se mettre à refléter l’image de Christ.

Le modèle ne doit en aucun cas se montrer dominateur au point d’étouffer son disciple. Il ne prendra pas toutes les décisions à sa place. En fait, il ne devrait exister entre eux aucune obligation risquant de faire obstacle à la croissance et au développement du disciple. Celui-ci ne doit pas se sentir menacé ou intimidé; il doit au contraire éprouver un grand respect pour son modèle, chez lequel il distingue toutes les qualités d’un chrétien authentique, et il doit s’efforcer de l’imiter. Il voit de quelle façon le modèle réagit face à diverses circonstances de la vie, et comment il laisse émaner de lui l’image de Christ au cours de situations les plus diverses; sa conduite et ses valeurs sont consistantes avec la nature et la vie de Christ en lui. C’est sur cette base-là que l’élève doit tendre à ressembler à son modèle. On est en présence d’une relation volontaire, basée sur la vie exemplaire du modèle. Celui-ci agit selon l’ordre biblique qui nous demande de veiller sur la vie spirituelle de nos frères et soeurs encore jeunes dans la foi; le disciple, lui, répond parce qu’il a besoin de conseils, d’instruction, d’encouragement et de communion fraternelle.

En établissant ce genre de relation, nous devons conduire l’élève à une vie où Christ soit exalté et qui conduise à un engagement plus profond envers le Seigneur et son oeuvre. Les réactions peuvent être variées dans ce domaine. Le disciple peut se montrer tout simplement accommodant ou docile en se joignant à l’oeuvre de Dieu uniquement sur commande. Il tient à se montrer coopératif afin d’être accepté au sein du groupe de chrétiens auquel il appartient, mais il agit sans aucun engagement personnel. On a ensuite l’attitude de celui qui s’identifie à son dirigeant, par respect pour lui et en étant poussé par le désir de lui ressembler; là encore l’élève ne se soucie pas vraiment de la tâche elle- même. Si cette identification est due à une admiration sincère pour le modèle ou au désir de lui plaire, elle ne correspond, dans l’oeuvre, à aucun engagement. On a enfin l’attitude la meilleure et qui est celle de l’élève qui s’est emparé du travail, des objectifs chrétiens de son modèle pour se les approprier. Il éprouve le désir intérieur de voir le but de l’oeuvre s’intégrer à son système de valeurs personnelles. Pour lui, le travail du Seigneur est l’expression de son amour pour Dieu et l’occasion d’exercer ses dons, de prouver sa consécration. Suivre son modèle devient une joie, mais, en lui emboîtant le pas, le chrétien parvient à ses propres objectifs en répondant à l’appel plus général où il lui est demandé de prendre part à l’oeuvre de Dieu. Lorsque les disciples agissent de cette manière, nous pouvons nous réjouir du fruit produit par la relation entre eux et leurs modèles.

Pour résumer, nous dirons qu’une telle relation doit aboutir davantage à une situation où ce que l’on « est » a plus d’importance que les actes. Et le résultat souhaité est de voir le chrétien « devenir » semblable à son modèle plutôt que d »‘agir » comme lui.

Dans le minstère qui nous concerne, une relation de maître à disciple s’instaure; la vie des uns s’ouvre à l’observation et à l’imitation des autres. Il va dès lors nous être demandé de nous plier à toutes sortes d’obligations; il nous faudra appliquer la Parole aux circonstances de la vie, considérer nos privilèges et nos responsabilités chrétiens, nous efforcer de connaître et de faire la volonté de Dieu. Mieux encore, nous devons être des modèles dans nos conversations, notre conduite, l’emploi de notre temps, de nos talents et de nos ressources financières; nous devons enfin prouver dans nos rapports avec autrui que Christ est au centre de notre vie. Pour vous préparer à un tel rôle, vous devez, par conséquent, devenir le genre de personne auquel les autres voudront s’identifier; vous devez « être » l’expression vivante de la vie de Christ, et cela à un tel niveau de maturité que vos frères et soeurs reconnaîtront pouvoir atteindre leur propre stature, leur équilibre spirituel, en vous imitant. Vous devez, par conséquent, chercher vous-même à ressembler toujours davantage à Christ.

Le poids de notre rôle de modèle devrait nous conduire à l ‘humilité. Le fait que d’autres s’efforcent de nous imiter ne doit en aucun cas nous rendre orgueilleux. Encourager la croissance spirituelle d’autres chrétiens est une immense responsabilité, et c’est la raison pour laquelle Jacques nous avertit que les « docteurs » seront jugés plus sévèrement (Jacques 3: 1).

Etre ensemble, apprendre à se ressembler
Objectif 7. Savoir reconnaître quatre facteurs essentiels dans la relation entre la personne servant de modèle et celle qui l’adopte.

Comment parvient-on à connaître quelqu’un suffisamment bien pour se mettre à lui ressembler? Ou comment établir des relations qui permettent à la personne de nous connaître et d’éprouver bientôt le désir de vivre vraiment comme nous?

li faut pour cela être fréquemment en la compagnie de l’autre et partager des situations de la vie quotidienne au cours d’une période suffisamment longue. La vie intérieure du modèle s’offre alors aux yeux de celui qui cherche à l’imiter. Le modèle doit démontrer une consistance entre ce qui fait l’idéal d’une maturité spirituelle et sa conduite de tous les jours; il ne doit y avoir aucun désaccord entre « ce qu’il prêche » et « ce qu’il fait ». Le chrétien encore jeune dans la foi doit pouvoir imiter ce qu’il a l’occasion d’observer. Résumons ici les quatre facteurs dont nous avons déjà parlé dans cette leçon; dans toute relation entre le modèle et son « disciple », il doit y avoir:

En parlant d’interaction, on pense à l’impact de la vie du premier chez le second. Votre vie étant en contact avec celle d’un autre, des effets réciproques se manifestent. Des échanges se produisent entre les deux personnes. L’interaction peut être considérée comme le premier pas dans le développement d’une relation; elle se manifeste d’abord comme une chose superficielle, puis va en s’intensifiant et en s’approfondissant. Elle nous détache de nous-mêmes ou d’une vie centrée sur notre moi pour nous amener à considérer l’orientation de la vie, les vues d’un autre. En nous mêlant à nos frères et soeurs chrétiens, nous apprenons à donner du prix à leur propre personne; nous devenons conscients de leur valeur, de leur dignité, ce qui nous permet d’avoir une idée plus claire de ce que nous valons nous-mêmes.

Ces premières relations ont ensuite tendance à s’approfondir pour passer au stade de l’intimité. Les contacts deviennent plus étroits; une familiarité s’installe. Elle est marquée par des liens émotionnels profonds, une amitié chaleureuse due à l’association entre les différentes personnes. Dans cette intimité, l’atmosphère se détend; une chaleur se crée grâce à des contacts plus étroits. Chacun éprouve un sentiment de sécurité et de liberté lui permettant de révéler ses pensées les plus secrètes; la possibilité de mieux se connaître donne enfin une vraie satisfaction, une plénitude. Pour être pleinement efficaces, de telles relations doivent donc aboutir à une certaine intimité. La vraie nature du modèle se révèle, et la seconde personne y discerne des qualités qui créent en elle le désir de lui ressembler.

Dans le cadre de la communauté chrétienne, cette intimité est le résultat naturel d’une vie partagée. Deux chrétiens dont la vie est en Christ possèdent bien des choses en commun, ce qui crée entre eux des liens solides; ils s’appartiennent en quelque sorte l’un à l’autre, étant tous deux membres d’un même corps. Une telle attraction mutuelle, en Jésus-Christ, sert de base à un amour spirituel qui est à la fois l’expression la plus profonde et la plus élevée de l’intimité.

L’identification est le moment où l’on projette sa vie dans celle d’une autre personne chez laquelle on en vient à distinguer des traits et des qualités jugés désirables. A ce stade-là, on s’attache à l’autre au niveau des émotions jusqu’à croire qu’on lui ressemble sur certains points essentiels. L’identification est souvent le résultat d’un partage d’expériences indirect. Vous vous sentez si proche de la seconde personne que vous tentez à tout prix de lui ressembler. Je connaissais autrefois un petit garçon qui s’identifiait si bien à son idole sportive qu’il alla jusqu’à demander à sa mère de l’appeler par ce nom-là!

Au niveau de l’imitation, on s’efforce de faire et d’être tout ce que représente la personne avec laquelle on est en contact étroit. On cherche à lui ressembler. Il ne s’agit pas simplement de copier ses actes, mais réellement d’être ce qu’elle est. L’influence est si grande qu’on en vient à refléter ses traits caractéristiques, sa manière de voir la vie, sa façon de penser, de ressentir les choses et de se conduire aussi. Vous faites ce qu’elle fait, non dans le but de lui plaire, mais pour votre propre satisfaction alors que votre désir est de lui ressembler. Ses valeurs et son style de vie s’intériorisent en vous au point de vous donner bientôt l’impression qu’ils sont vôtres. Etre ensemble conduit donc à une ressemblance certaine. Les premières relations qui n’étaient au début que de simples contacts passent à une intimité plus grande pour aboutir enfin à l’identification et à l’imitation.

Ce concept trouve une application particulière chez les chrétiens dont la tâche consiste à en aider d’autres à se développer à l’image de Christ. Les plus mûrs devraient éprouver l’intense désir de voir la vie de Christ grandir en eux jusqu’au moment où, s’étant parfaitement identifiés à Jésus, ils permettent à leur vie de devenir l’expression de la sienne. D’autres pourront alors discerner la nature de Christ en eux. Le but du corps de Christ devrait être de concrétiser la vie de Christ avec tant de puissance que d’autres auront envie de s’identifier profondément à notre Seigneur. Pour vous qui êtes membre du corps de Christ, comme tous les chrétiens d’ailleurs, votre vie doit devenir l’expression de la sienne: un modèle digne d’être imité. Vos frères et soeurs, en vous imitant, se mettront à croître à l’image du Seigneur. Quelle responsabilité redoutable mais aussi quel merveilleux privilège!

QUI CHOISIR COMME MODELE?

Objectif 8. Savoir reconnaître quels sont ceux qui peuvent être choisis comme modèles, dans la vie chrétienne.

Servir de modèle à la vie en Christ est une manière puissante de communiquer ayant pour résultat une croissance spirituelle à l’image de Christ. Vers qui les nouveaux convertis peuvent-ils tourner leur regard? Quels sont ceux qui peuvent leur servir de modèles?

Les parents sont les premiers à jouer ce rôle aux yeux de leurs enfants. Les liens entre les enfants sensibles, impressionnables, et leurs parents existent tout naturellement. Chacun des facteurs nécessaires au genre de relation dont nous venons de parler devrait être présent dans le cadre d’une famille normale où l’on doit trouver une intimité, les liens étroits, la possibilité d’observer une participation et un amour mutuels.

Nous avons là quelques-unes des caractéristiques dont on devrait être témoin entre parents et enfants.

La Bible reconnaît ce cadre où, tout natureUement, les parents servent de modèles à leurs enfants. En fait, dans sa Loi, Dieu demande aux parents de jouer le rôle de modèles en se soumettant à ses statuts, ses préceptes et ses ordonnances.

J’espère que vous comprenez mieux, après avoir lu ce passage du Deutéronome et répondu aux questions précédentes, pourquoi Moïse demandait aux parents Israélites de vivre une vie exemplaire aux yeux de leurs enfants. Pères et mères étaient appelés à aimer Dieu de tout leur coeur; ils devaient devenir des modèles dignes d’être imités. Les commandements de Dieu devaient être gardés dans leur coeur, et les choses spirituelles devaient prendre toute leur valeur. Ces notions-là devaient d’ailleurs être enseignées grâce à la priorité qui leur était accordée dans le cadre familial. Les foyers devaient devenir des centres d’instruction religieuse. Les parents chrétiens reçoivent eux aussi l’ordre d’être les modèles d’une vie en Christ.

Un autre genre d’association étroite et d’interaction est celui que l’on rencontre au sein d’un petit groupe d’amis. Ce groupe peut réunir plusieurs membres d’une même famille, des voisins, des amis de longue date; on peut y rencontrer tout naturellement les modèles dignes d’être choisis. Sans doute pouvez-vous penser à des gens avec lesquels vous entretenez des relations semblables. S’ils ont davantage de maturité spirituelle, ils sont devenus vos modèles; dans le cas contraire, c’est vous qui leur servez de modèle parce que vous êtes plus mûr qu’eux.

Ce cours vous à déjà permis de comprendre que Dieu a placé certains hommes dans l’église pour qu’ils jouent le rôle d’enseignants, de « docteurs ». Tous les passages où il est question des ministères-dons en parlent. Ceux qui sont ainsi appelés à enseigner les autres se trouvent confrontés à une obligation particulière: leur vie doit pouvoir être imitée. Ds sont destinés, selon l’Ecriture, à vivre de manière à communiquer les vérités de la Parole par leur conduite, leurs valeurs, leur style de vie et leur attitude en général (1 Timothée 4: 12).

Dans un sens, à cause de la nature de l’église chrétienne, tout croyant devrait servir de modèle aux autres. Paul pouvait dire aux croyants de Corinthe qu’ils étaient des épîtres vivantes, connues et lues de tous (2 Corinthiens 3:1-3). il affirmait même que c’était un peu comme si la Parole de Dieu avait été écrite dans leur coeur, ce qui veut dire que leur vie devait être, aux yeux de tous, l’image vivante de Christ. Grâce au caractère intime du corps de Christ, les relations où l’un apparaît comme modèle existent tout naturellement. Dans certains cas, il se peut que d’autres discernent en vous les qualités d’une vitalité spirituelle après laquelle ils soupirent; ils cherchent à vous ressembler sans même que vous en soyez conscient. Mais plus important encore, il est nécessaire que vous développiez consciemment des contacts profonds d’où découlera ce dont nous avons parlé précédemment: l’intimité, l’identification et l’imitation.

Maintenant, il m’est possible de mieux apprécier cette déclaration de Jésus: « Tout disciple sera comme son maître. » En aidant les chrétiens à mûrir spirituellement, on remplit une tâche où l’on s’efforce de communiquer la vie en enseignant au niveau du comportement social. Des relations s’établissent, les uns servant de modèles aux autres, et l’on aboutit enfin à ce résultat: tel maître, tel élève. Les contacts entre les différents membres du corps de Christ sont les moyens appropriés pour qui veut donner l’exemple d’une réalité capable de favoriser la croissance spirituelle.

 

Prochaine leçon